Tous cannibales à la maison rouge / by herwannperrin

 

L'anthropophagie à l'honneur de cette exposition à la Maison rouge qui permet à la nouvelle génération d'artistes de s'exprimer sur cette problématique au c?ur de laquelle on retrouve des disciplines telles que l'ethnologie, l'histoire, la psychanalyse, la médecine et la religion.

Le corps dans tous ses états pourraient  t-on dire. Difficile de donner un itinéraire bien établi aux oeuvres exposées. On navigue entre différentes formes et représentation de ce qui correspond au corps humais dans tous ses démembrements. L'un est au sol, sorte de flaque, de tâche qui se répand, l'humain n'a plus de tête, il n'est que chair flasque qui se répand.
Le mur ou le plancher sont une entrée dans les entrailles du corps, un magma bouillonnant en ébullition. De l'autre côté, une femme porte un robe de chair fraîche maintenant séchée, la photographie nous montre la robe à l'état de viande fraîche. La femme devient un objet que l'on range dans une boîte, qui se manipule au gré des modes marketing. Des masques en bois vous narguent un peu partout, tirant parfois une langue démesurée, montrant un ?il sagace.

Peter Hugo nous montre un vampire qui vient d'accomplir son méfait ou peut être ne s'agit-il pas au final d'une mauvaise chose que de se voir transformer. Des illustrations dans des livres « enluminés » posent les questions qui taraudaient les découvreurs d'antan ; des déchets représentent un homme dans ses formes les plus simples quand de l'autre côté un ancien membre du gang des mara est disposé sous forme de carpette telle une bête sauvage, tel un trophée guerrier ; la tête est relevée, le corps indiquent encore les stigmates et l'appartenance à cette confrérie macabre. Ensuite, il y a quelques très belles photographies de Bettina Rheims et de Cindy Sherman des femmes évidemment dont je vous laisse découvrir les portraits. Vous aurez aussi l'occasion de connaître la recette du boudin au sang humain avec une petite vidéo à la clé puis de découvrir quelques pâtisseries de doigts humains des frères Chapman et autres petits amuses-gueules qui ne sauraient que vous donner des envies de chair. Peut être opterez-vous in fine pour l'homme spaghetti façon manga dont on ne voit que les yeux.

Vous y découvrirez un panel d'artsites tels que Vik Muniz, Jana Sterbak, Joel-Peter Witkin reconnaissable entre tous et bien d'autres encore.

Une exposition qui ma foi est assez riche en émotion et en découvertes. Certes cela ne s'adresse pas à n'importe qui er vous pourrez vous y sentir mal à l'aise, vous dire aussi qu'il s'agit d'un grand n'importe quoi mais il y a plus évidemment.
Derrière ces ?uvres, des interrogations surgissent face à l'eugénisme qui a été et qui probablement sera à nouveau mais

autrement, sur la recherche in vitro, le clônage et cette capacité de pouvoir ensuite généré des membres, sur le monde dans lequel nous vivons qui à sa manière, de façon insidue absorbe de manière continue son environnement, qu'il s'agisse des aspects propres à l'environnement en premier lieu mais aussi et surtout des humains qui la compose. il n'y a qu'à penser à cette pauvreté semble t-il éternelle ces personnes qui tous les jours sont absorbés par cette société carnassière qui n'a que faire de tout un chacun et qui broye sans distinction.

Il serait intéressant de revoir par exemple Princesse Mononoke de Myazaki et bientôt sur les écrans Never let me go dont le sujet même correspond à cette problématique, des écoles de donneurs d'organes et puis de l'autre côté on pourra regarder les séries sur les vampires et la saga twiglight et la tendance de ces monstres à vouloir s'intégrer, devenir en quelque sorte normaux. Étonnante pirouette qui a pu se produire en quelques décennies seulement alors qu'hier nous nous cachions derrière le sofa pour ne pas voir Dracula, maintenant c'est l'histoire de Romeo& Juliette et il est vu comme l'homme fort, presque pur.

Vous pouvez également lire : Nous sommes tous cannibales, Tous cannibales, we are all cannibals,

Bon je m'arrête là et je vous laisse découvrir par vous-mêmes cette exposition dans laquelle vous trouverez également une salle d'une beauté irréelle, la salle du destin si l'on peut dire, une forêt de fils rempli toute la pièce, en son milieu se trouve des robes d'un blancheur étincelante, cela ma fait penser aux vies de tout un chacun, un fil une vie mais c'est probablement de mémoire dont il est question, cet entrelacs qui donne à la mémoire cet aspect ; cela continue avec la maison des valises, également dédiée à la mémoire, celle des disparus, celle des valises retrouvées après la guerre, celles des camps et de l'horreur qu'elle représente, quelques toiles à l'intérieur de ces valises, un téléphone des objets, une maison? Étonnante construction. Et puis la salle des fruits qui ma foi n'a rien d'exceptionnel mais qui a bien fa it la petite Tess qui était du voyage? des ananas et des bananes disposés un peu partout pour rien, juste pour le fun, I guess

L'exposition est en place jusqu'au 15 mai prochain, à vos fourchettes....

La Maison rouge
10 Boulevard de la bastille - 75012 paris
Tel : 01 40 01 08 81