Sète 2008 d'Anders Petersen à la Galerie VU / by herwannperrin


Avec Sète 2008, on est heureux de retrouver Anders Petersen avec un travail d'une grande précision, tout à la fois humain et très personnel. Chez lui, c'est le noir et blanc qui prime, qui ressort, jusqu'à la saturation parfois, il s'agit d'une commande mais libéré de toutes contraintes semble t-il, il arrive à s'extirper de ce cadre pour en faire un véritable parcours humain, un itinéraire où l'on rencontre une humanité en prise avec le réel, des situations banales et à la fois si vraie.

C'est assuréement avec ses portraits que l'on est au comble du ravissement; il y a chez certains d'entre eux toute cette profondeur mais également toute cette vérité du quotidien qui passe. Il capte pour nous, pour lui, de menus détails et les retranscrit à sa manière.


Retour également sur quelques uns des clichés vintage qui ont été pris il y a près de 30 ans pour "le café Lehmitz" et qui ont été une sorte de révélateur pour les jeunes photographes d'antan, les libérant d'un carcan dans lequel ils opéraient. Libérés, ils pouvaient ce laisser porter par leur inspiration profonde. Gilles Flavier indiquait à ce propos dans les colonnes du Monde 2 en juin 2008 : "C'est à Hambourg, en 1968, à la fin de ses études, qu'il devient vraiment photographe. Il s'installe pendant presque trois ans dans ce grand port pour y tenir la chronique d'un café de la " rue barrée ", haut lieu de la prostitution locale. Jour et nuit, il fera le siège de ce vase clos interlope, rendez-vous de tous les marginaux et autres exclus de la ville. Et là, dans ce bistrot peu fréquentable, sans distance aucune, mais sans voyeurisme, il nous livre de l'intérieur une incroyable chronique de ce fameux Café Lehmitz où il s'attache à l'intime et à la nature humaine comme s'il s'émerveillait de chaque rencontre. Ses images, d'un noir et blanc granuleux, toutes en ambiances et en situations délirantes et désespérées, mais jamais sans tendresse, font choc au moment de la publication du livre, en 1978. Le monde du photojournalisme est éberlué par la liberté de ton de Petersen, la proximité avec ses personnages, l'unité de lieu si astreignante et l'absence de jugement. Il témoigne, à sa façon, violente et subjective, sans se soucier des codes de la photographie documentaire".


J'ai beaucoup apprécié quelques uns des portraits, notamment celui de Lea à Groninberg en 2003, il y a dans cette femme à la cigarette, nue une beauté et un charme fou, une intimité et une distance toute particulière, elle est tout simplement belle. j'ai bien une photographie mais elle n'est pas nette, il faudra attendre la parution du bouquin...

Voilà, il faut aller se promener dans le bel espace qui lui est offert à la Galerie VU, écouter sa rencontre, voir et revoir, passer quelques unes et s'attarder sur les octopus, sur les visages de ces jeunes gens, de ces femmes, de se rappeler au bon souvenir de ce fameux quartier d'antan, un oeil aguerri qu'il convient de croiser...


Quelques photographies assez bluffantes sur Zone zero  ou sur lens culture  

2, rue Jules Cousin - 75004 Paris