La rose blanche d'Inge Scholl / by herwannperrin

La rose blanche ou six Allemands contres le nazisme d'Inge Scholl est un de ces livres ou la finesse, la tristesse et la beauté des âmes non corrompues apparaissent dans sa plus belle lumière. Inge Scholl, c'est la soeur de Sophie, une des six Allemands qui a lutté contre le nazisme et en a payé le prix fort. Car, ils sont morts, morts au printemps 1943 après un procès en urgence, il s'agissait de Christophe Probst (24 ans), Hans Scholl (25 ans) et sa soeur Sophie Scholl (22 ans) pour les 3 premiers.

Qu'avait-il fait de si grave pour être traduits en justice et condamnés à mort en quelques jours alors que déjà la bataille de Stalingrad venait de se terminer ?

Eh bien ils avaient tout simplement résister à leur manière, avec leurs moyens, en ronéotypant des tracts qu'ils distribuaient dans tout le pays pour que les gens cessent de suivre la cadence de la marche au pas et qu'ils redeviennent des Hommes, des Femmes dans toute leur dignité. Des étudiants en médecine qui au départ, emballés par la fièvre patriotique se sont engagés dans les jeunesses hitlériennes, sont allés porter le flambeau, le drapeau, on connut cette liesse des premiers moments mais qui ensuite ont vite déchantés, se sont retrouvés encerclés, enfermés dans cette prison de la patrie de la nation avec à sa tête, non pas un homme éclairé mais un chien enragé.

Ils ont été combattre à la bataille de Stalingrad, ils ont vu le peu de cas des hommes, de cette chair à canon qui tombait au combat, l'horreur au rendez-vous. Il était temps de réveiller les consciences, de faire en sorte que les gens changent, se rendent compte de leur condition. Dans un des tracts on peut lire, tiré de Législation de Lycurgue et Solon :"Tout peut être sacrifié au plus grand bien de l'Etat, tout sauf, ce que l'Etat lui-même doit servir. Car il n'est jamais une fin en soi, il n'a d'importance qu'en tant que condition par laquelle l'humanité peut obéir à sa raison d'être : développement de toutes les forces humaines, progrès. Une constitution qui empêche l'épanouissement des aptitudes individuelles et contre carre le progrès de l'esprit, est nuisible et condamnable, quand bien même elle relèverait d'une pensée cohérente et atteindrait, dans son genre, à la perfection".

Travailleurs de l'ombre, de la nuit, ils se retrouvaient tous les six pour vivre leurs derniers jours de bonheur, pour réveiller ses consciences endormies afin qu'elles comprennent que la réalité, la vie avait un autre sens que la guerre, une poignée contre tous, des irréductibles des hommes et des femmes qui s'inscrivent dans l'Histoire de la résistance. Lors du procès, l'un d'entre eux a cette phrase : "Vous m'avez déchu du rang et des privilèges de professeur, vous m'avez comparé au plus bas criminel. Aucun procès en haute trahison ne peut m'enlever ma dignité intérieure de professeur d'Ecole Supérieur, d'homme qui dit clairement, sans faiblesse, sa conception du monde et de la vie politique. Ce que j'ai fait, ce que j'ai voulu, le cours de l'histoire le justifiera; j'en suis absolument certain. J'espère, par Dieu, que les forces spirituelles qui me rendront justice, pourront naître à temps de l'Allemagne. J'ai agi comme ma conscience me commandait de le faire. J'en accepte toutes les conséquences, selon ce que dit Gottlieb Fichte :
"Et tu dois te conduite 
comme si de toi et de ton acte seul
dépendait le destin de ton peuple,
et que toute responsabilité te soit impartie".

Un de ces livres où l'on peut encore espérer de l'humanité dans ses moments les plus gris, les plus sombres qu'il nous ait été donnés de connaître. Et c'est avec toute cette dignité et cette force qui les a menés au combat contre leur pays qu'Hans et Sophie vont s'en aller devant leur bourreau. Récit des quelques jours de prison, des interrogatoires sans fin et de cette force intérieure, de cette beauté d'âme de chacun qui nous éclaire par-delà les années et cette phrase de Sophie : "Quel beau jour, quel soleil magnifique, et moi, je dois mourir. Mais combien de jeunes gens, de garçons pleins d'espoir, sont tués sur les champs de bataille... Qu'importe ma mort si, grâce à nous des milliers d'hommes ont les yeux ouverts. Il y a certainement une révolte parmi les étudiants"

Voilà, un livre hommage à lire assurément pour la beauté de leur vie, pour l'écriture, pour se rappeler de ces temps maudits où quelques-uns se dressaient contre l'Horreur sans nom.