LIMA

Arrivé dans la ville de Vargas Llosa, l'écrivain péruvien, avec à la main La ville et les chiens, son premier roman, cela permet de mettre en perspective quelques quartiers de la ville qui a bien évidemment évolué. Miraflores est là, Callao aussi l'avenue Bolognesi également et puis pleins d'autres petits détails. L'hôtel Espana nous attend dans son décor tout à fait kitsch et ses dédales impressionnants. Seul hic, la chambre en rez de chaussée n'a pas de fenêtre, question de sécurité sans doute... enfin, on prend quelques photographies qui immortalisent l'endroit qui est quand même bien agréable. En empruntant l’escalier étroit qui mène à une agréable terrasse sur les toits, on peut découvrir des chambres d’un tout autre charme cachées derrière quelques plantes vertes. En tout cas, le prix est franchement très très modeste... la course de taxi de l'aéroport nous a coûté 10$ si je me rappelle bien, en fait les prochaines fois cela oscillera entre 20 et 25 soles (la monnaie locale) soit près de la moitié... on apprend vite à négocier tout ici bien que la plupart du temps cela ne soit pas vraiment nécessaire, les prix étant presque fixes. Plutôt que de parler des tarifs de la course, je décrirais la traversée jusqu’à Lima et les consignes de sécurité des chauffeurs de taxi ce qui permet d’ouvrir en suite sur le paragraphe suivant où tu décris l’aspect sécuritaire

L'hôtel est près de la Plaza de Armas qui est gardée de manière impressionnante, véhicules blindés, policiers en uniforme qui patrouillent, c'est un leitmotiv auquel nous allons nous habituer, je crois que je n'ai jamais vu autant de policiers dans un pays. En ville, La sécurité est là, présente à tous les instants. En discutant avec un chauffeur de taxi, on apprend que ce serait en partie pour nous qu'ils sont là, pour que le touriste et ses devises soient en confiance... 

En tout cas, nous n'aurons pas été embêté une seule fois durant tout le séjour, pas une seule fois un doute ne nous a assailli quand à une situation difficile, il fait bon vivre au Pérou, du moins dans les quartiers et les villes visités. Il n'empêche que lorsque l'on va ou que l'on revient de l'aéroport, on traverse quelques quartiers qui absorbent l'afflux de personnes venant à Lima trouver l'Eldorado... et qu'il s'agit bel et bien de bidonvilles. Un jeune guide péruvien de 19 ans nous racontait que lorsqu'il vivait à Lima, dans la mesure où il habitait un quartier pas très net, il préférait rester dormir chez ses amis quand il sortait plutôt que de revenir chez lui...

La nuit est là qui tombe rapidement, nous sommes déjà dans les ruelles de la ville et nous parcourons  curieux, avec une vague idée de direction quelques unes de ces ruelles où les visages sont inconnus et le resteront à jamais. Errance dans la nuit d’une ville nouvelle. On s'arrête à Gran hotel Simon Bolivar, célèbre hôtel de renom qui jouxte la Plaza San Martin où l'heure des retrouvailles avec le passé et les coutumes locales se fait sentir. Tentative d’apprivoisement avec la boisson locale, le Pisco sour. Il s'agit d'une boisson alcoolisée, eau de vie de raisin propre au Pérou et au Chili. Les deux pays l'affirment comme étant leur boisson nationale. Au Pérou, "ce produit a été exporté depuis le port de Pisco à deux cents kilomètres au sud de Lima. Le mot Pisco provient du quechua : dans la langue quechua, on appelait pisqu (pisku, phishgo, pichiu) les oiseaux qui abondent dans la zone des vallées de Pisco, Ica et Nazca". L'entrée de l'hôtel est somptueuse, presque un décor de cinéma des années 20, il manque juste un voiturier… Si vous avez les moyens peut être est-ce une expérience que d’y séjourner ? Allez savoir... 

Ensuite, c’est l’appel de la vie nocturne qui se fait ressentir, les palpitations se font plus sauvages et nous partons à la conquête des ruelles pleines de ce  brassage de couleurs, de cultures, d’âmes perdues. Nos pas nous dirigent vers ce qui devrait être  le cœur de l'âme musicale péruvienne... il s'agit du Bar Yacana sur une des ruelles  menant à la Plaza de armas, vision aérienne sur la ville et ses déambulations étranges. Il s'avère que l’antre de la musique péruvienne est plutôt un simple  bar tout ce qu’il y a de plus  neutre, voire un peu sombre même, une petite exposition aléatoire et désastreuse sur une mezzanine est là sans vie, quelques croquis et œuvres jetées là, rien de bien fascinant... et puis la musique péruvienne a fait un bon dans le temps, un bon qui nous renvoie à Morrissey et Pulp ce qui ne manque pas de piquant lorsque l'on débarque d'Europe, un petit air nostalgique retentit et nous plongeons dans les méandres.

Le lendemain matin, le premier constat qui s’impose est que  le café péruvien n'a pas son pareil pour réveiller les morts, seulement nous ne le sommes pas, du moins pas encore. L’option retenue sera celle plus amer du maté de coca, ambiance locale quand tu nous tiens, l’enivrante odeur du maté du brésil à l’argentine en passant par le Pérou, que l’on ne s’y trompe pas, c’est un délice aux subtilités peu connues. Sinon, pour les petits matins où la faim se fait tenaillante,  rendez-vous dans la rue, dans un bar ou au marché central pour déguster avec la plus grande délectation  une plâtrée de riz avec des frites et du poulet ou mieux encore,  un petit sandwich de rue composé de  poulet chaud nappé de quelques oignons et d’une petite sauce qui vous fera revenir du royaume des absents plus que rapidement. Appréciez également les fruits naturels qui tombent littéralement des arbres et faites vous presser  un jus digne des temps immémoriaux d’avant l’âge de l’homme, éviter ces compositions généralement si savoureuses et onctueuses que sont les  milkshakes, ils sont agrémentés de  lait concentré sucré (Nestlé) et le goût final est très loin de ce à quoi l'on pourrait s’attendre...

Pour une première approche de Lima, préférez la marche sans contrainte ni plan. La perte de repère est éclairante sur la manière d’appréhender une ville et de s’y diriger. Vous vous apercevez alors que  les distances sont finalement très courtes et que la  structure par block est simple pour se repérer. Déployez-vous dans le quartier central puis émigrez vers  Miraflores pour appréhender les nouveaux riches, l’occidentalisation et la mondialisation rampante, le coût de déplacement est dérisoire, 1,5 soles. 

Le règne du building est là, surplombant de toute sa hauteur l’océan aux alentours, l’ombre des tours perchées se fait ressentir et on ne peut qu’être affligé par l’absence de vision architecturale d’ensemble, l’anarchie des constructions. Prenez une bouffée d’air pur avec le Pacifique qui s’étend devant vous à perte d’œil et laissez-vous guider par ces grands aigles que sont devenus les quelques parapentes qui errent à côté du Parque del Amor.  

Côté culturel et notamment au niveau des musées, Lima est malheureusement décevante.. Le musée des Beaux Arts est pour ainsi dire, pitoyable et ne mérite pour ainsi dire pas son nom. Préférez encore une fois la ballade photographique au hasard des rues et des parcs…avec les quelques galeries ouvertes. Le marché dans le quartier chinois permet de se faire une idée  des produits que vous allez rencontrer tout au long de votre périple  les odeurs, les couleurs…l’exotisme….la variété des fruits…

Passez quand même au Musée de l'Inquisition, prenez les dédales  proposés et imaginez, imaginez et projetez vous dans le passé. Le parcours reste trop succinct et plein de raccourcis mais cela permet de se faire une idée de ce qu’était la torture à l’époque (des méthodes qui ne sont si éloignées de celles qui existent encore aujourd’hui dans certains pays …). Avouez et  expiez vos pêchés mes chers amis sinon le diable vous mangera tout cru ou bien l'Inquisition... c’est un peu pareil…

Arrêtez-vous alors au Monastère de San Francisco qui vous réconciliera peut être avec la religion et perdez-vous dans les catacombes réorganisées qui passent sous l'église. Prenez garde de ne pas vous montrer aux fidèles qui sur terre prépare leur départ, vous pourriez le hâter.   C’est  l'occasion de voir une sublime bibliothèque qui malheureusement tombe complètement en décrépitude avec aux alentours, des  réalisations architecturales impressionnantes dont un dôme de bois qui se tient d'un seul tenant. 

A la nuit tombée, direction Barranco, c’est le côté sauvage et vrai de Lima et de ses nuits qui vous attend, loi du cycle infernal touristique, l’authentique  est de rigueur mais il faut bien choisir votre jour car dans le cas contraire, c’est la morne vallée qu’offre en pâture ce  charmant petit quartier. Arrêtez-vous chez Juanito's, outre un passé socialiste l’endroit ne paye pas de mine de prime à bord mais lorsque vous vous enfoncez dans l’arrière bar, c’est un  petit bar à vins qui s’offre à vous, un de ceux qui ne se font plus où les tintements de verre permettent de partir à la découverte de vins locaux et des voyages qui vont avec ; le tout s’agrémentant, c’est presque une obligation, du célèbre  sandwich local, 100% garanti un rien piquant pour le jambon du nord ou du pays avec quelques gouttes de citron vert pour faire fleurir les saveurs… Faites attention, l’accoutumance est rapide.