Anonymes, l'Amérique sans nom au BAL / by herwannperrin

 

Le Bal tout d'abord est un nouveau lieu d'exposition qui a ouvert près de la fourche, à quelques pas de Place de clichy, presque en face du cinéma des cinéastes, il y a également la galerie 13 pas très loin. Le lieu est tout à fait splendide, à la fois espace de détente, café et restaurant et d'exposition avec des tarifs très appréciable et abordable. Un petit espace hors de la vitalité de ce quartier où je vous invite à naturellement vous diriger?

L'exposition Anonymes, l'Amérique sans nom : photographie et cinéma permet comme son titre l'indique d'accéder à la fois à des moments photographiques et à un espace vidéo sur des artistes américains : « Depuis les années trente, la culture nord-américaine célèbre l'individu et l'individualisme, tandis que presque tous ses grands créateurs ont exprimé le sentiment croissant d'anonymat, la banalité et le rétrécissement de l'expérience quotidienne. Tels ont été les deux cadeaux jumeaux de l'Amérique à la culture visuelle mondiale, et leurs tensions et leurs contradictions sont désormais perceptibles partout. »

Une exposition où l'on trouve en trame de fond les pratiques documentaires qui permet de confronter à différentes époques/temps le travail de Standish Lawder, 'Necrology' de Standish Lawder, Chauncey Hare, Arianna Arcara & Luca Santese, Doug Rickard, Bruce Gilden; Lewis Baltz, Jeff Wall, Anthony Hernandez,  Sharon Lockhart et Walker Evans

Je vous invite à voir la video de Necrology de Standish Lawder sur you Tube : le film expérimental par essence

 

Pour les photographies de Chauncy Hare sur les conséquences de la vie au travail dans le domaine de l'industrie pétrolière, il suffit de voir les quelques photographies présentés sur 5b4 et lire le compte-rendu du livre Interiors sur des livres et des photos pour se rendre compte du travail accompli : « Attuned to his own estrangement in the corporate world being a research engineer for Standard Oil, he began photographing as an escape from his everyday routine. In his written introductory essay he describes the physical and psychological toll that such an environment had on his health including daily nausea and extreme panic disorders from which he suffered? et lire également Protest Photographs

 

 

On reviendra également sur le travail de Arianna Arcara & Luca Santese un peu à la manière de "weegee" sauf que ce serait la police de détroit qui auraient pris ses clichés : "Detroit: a self-portrait is an informal archive of hundreds of found image from the 1980s and 1990s, made when the decline of Detroit was beginning.
They appear to have been taken by the Police or other state authorities as evidence of various crimes, accidents, suspects and victims, mostly in poor neighbourhoods.
Abandoned to the heat, cold and damp the photos have begun to discolour and decay. In this condition they become traces of two historical moments, the first recorded by the photos as images, the second by the photos as fragile objects.
"

Vous pouvez retrouvez leur travail sur cesuralab :

 

Pour Doug Rickard, il est intéressant de consulter le site de Doug Rickard dédié à The American suburb dont les photographies parlent d'elles-même : esprit de désolation, de perdition, de rien et la vie qui quand même existe, la survie aussi même si ce n'est pas dit. Des banlieues américaines que l'on retrouve un peu partout autour des Etats-Unis, des ensembles architecturaux similaires, des blocs peint avec des couleurs qui maintenant sont vieillissantes, des zones urbaines avec quelques terrains vagues et presque (plus) aucune vie humaine sauf derrière les maisonnées qui abritent encore.... en tout cas des photographies-documentaires assez superbes

Lewis Baltz nous emmènes vers des photographies « architecturales », urbaines par essence ; il essaye de capter la vie de tous les jours, le quotidien qui s'insinue et le banal qui peut en ressortir, photographie figée, document par évidence. Qu'est-ce qui peut se cacher derrière ces façades .... On peut lire sur MOCP : "The series format suits his desire that no one image be taken as more true or significant than another, encouraging the viewer to consider not just the pictures but everything outside of the frame as well, emphasizing the monotony of the man-made environment. The pictures themselves resist any single point of focus, framed as they are to present the scene as a whole without bringing attention to any particular element within."

 

 

Le travail de composition documentaire de Jeff Wall est bien connu et vous pouvez en savoir davatange sur lui en consultant par exemple le site du MOMA ou lire une ancienne critique d'une exposition chez Lunettes rouges

Et puis écoutez le aussi
 

 

Avec Anthony Hernandez il s'agit plus de photographies de rue, de moments volés, figés dans le temps évidemment, c'est une vision de Los Angeles dans les années 70, il y a près de 40 ans, déjà, eh oui le temps passe et les structures urbaines carnivores absorbent de plus en plus d'espace...

On peut lire sur American suburb X : « Of course the aesthetic is godsmackingly gorgeous in its bleak ugliness? the nostalgia is obviously there? fantastic analog flaws are always appealing. But that is not it. Perhaps the "something" is too complex, a feeling that can't be described because it varies for each viewer, for each individual ? hence the feeling is not constant but an ever changing chameleon, a phantom? yes, that is part of it. And... perhaps it is a ghost, or perhaps the traces of ghosts, the feelings that the bell bottom, hispanic fishin', sideburn bus riding, black cement troddin, everyday faceless livin, polyester wearin' folks left when they went to and fro in the sun drenched, stark, smoggy sprawl. Perhaps it is their unimportant jobs and the traces of blank faces that existed decades ago and yet still exist in the shared heads and the far away memories, the speculations, and the shared legends of the one and only palm tree dreamland? but the traces, we can still feel them right now, even as you read my words? they are the remnants of unimportant ghosts, they are here on our screen, and then they go from there out, into you.?

Sharon Lockhart lui revient avec une video d'un "Lunch break" dans une usine, vous ne resterez probablement pas jusqu'à la fin... ni moi mais intéressant à voir d'un point de vue conceptuel et documentaire sur les pratiques, les vies...

Un extrait court...

 

Il n'est plus besoin de présenter Walker Evans dont on peut depuis peu consulter les archives pour son travail à la Farm Security Administration - Office of War et tout son travail lorsqu'il était chez Fortune est accessible sur le site de Full table

Le BAL
6 impasse de la Défense - 75018 Paris
Métro Place de Clichy, lignes 2 et 13