Julio González au Centre Pompidou / by herwannperrin

C'est la lecture du bel article de Philippe Dagen dans le Monde du 5 juillet dernier qui m'a donné envie d'aller voir cette exposition, voir les influences réciproques que Picasso a pu avoir et inversement, et franchement cela vaut la peine, c'est une très belle exposition, rétrospective et hommage à un grand sculpteur.


On commence par découvrir l'artiste au début de sa carrière ou presque lorsqu'il est encore sous l'influence de Puvis de Chavannes et autre peintres classique puis petit à petit au contact d'autres; il travaillera pour Brancusi et notamment avec Picasso entre 1928 et 1932; c'est une autre approche de la sculpture qu'il va mener, une sculpture où les formes petit à petit s'effacent avec le portrait dePilar en 1913 puis Don Quichotte qui viendra en 1929/30 enfin se transforme ; le vide est une forme propre et les arcs et le métal se construit autour de se vide plein, c'est l'abstraction et la vision d'un visage, d'un être représentée par quelques lignes, quelques barres ou cercles. Les formes sont épurées à la limite incompréhensibles au départ et puis petit à petit on commence à comprendre les signes les formes et c'est vrai aussi que les titres des oeuvres donnent de précieux renseignements.... c'est la femme à la corbeille en 1934 et la girafe en 1935 et toujours en 1935l'Ange, l'Insecte, la Danseuse sculpture fusionnelle.


Cela donne envie également de lire Picasso et les cathédrales, Picasso sculpteur; dialogues entre Picasso et Gonzales, il y a cet extrait qui donne quelques idées : "Le vrai problème à résoudre, ce n’est pas seulement de faire une oeuvre harmonieuse, d’un bel ensemble, bien équilibrée… Non ! mais de l’obtenir par le mariage de la matière et de l’espace, par celui des formes réelles avec des formes obtenues ou suggérées par des points établis, ou des perforations, et telle la loi naturelle par l’amour les confondre et rendre inséparables l’un de l’autre, le corps et l’esprit."


Enfin, on retrouve également les sculptures à la tête posée, représentation un peu antique de ces visages sans corps, presque aplatis par moment...

En 1937, ce sera le point d'orgue de sa carrière lorsqu'il propose pour l'exposition internationale de Paris deux sculptures l'une très abstraite intitulée la femme au miroir l'autre laMontserrat plus classique mais criante de vérité, c'est cette dernière qui sera choisie et qui représentera les souffrances subient par le peuple espagnol lors de la guerre d'Espagne entre 1936 et 1939. Suivent ensuite Daphné et les hommes cactus... Et, pendant l'occupation, le métal n'est plus disponible, il fait des esquisses, des tableaux avec quelques très beaux portraits de son épouse, il s'éteindra en 1942.


Il faut rendre hommage et raison à David Smith qui rendit ses lettres de noblesse à Julio Gonzales en lui écrivant un article en 1956. Dans l'article du Monde Philippe Dagen indique :"en deux jours, le 5 et le 6 avril 1942, Picasso a peint trois natures mortes au crâne de boeuf, toutes trois sinistres. La raison première n'en est pas la guerre, comme on le croirait en se fiant à la date. Une semaine auparavant, le 31 mars,Picasso a assisté au cimetière d'Arcueil à l'enterrement de l'artiste espagnol Julio Gonzalez. Ses toiles, de son aveu même, répondent à ce deuil ". Et Philippe Dagen de continuer : "En octobre 1928, ils travaillent ensemble et continuent jusqu'en 1932 au moins : cette année-là, en juillet, ils dessinent ensemble dans le même carnet, privilège que Picasso n'a accordé à aucun autre."

Picasso aura une influence bénéfique sur Julio González allant jusqu'à le transformer afin qu'il devienne autre et qu'il sente autrement et nous donne la joie de voir ces oeuvres aujourd'hui.

Regardez la bande annonce de l'exposition Julio Gonzales et lisez le communiqué de presse qui est très riche en détails...

Vous avez un peu de temps, cela vient de débuter et l'exposition Julio González est là jusqu'au 8 octobre 2007 mais c'est franchement bien intéressant...