Les brouillards de la Butte de Patrick Pécherot / by herwannperrin

Pour tout vous dire, même si c'est pas mal, j'ai quand été un peu déçu par ce Grand Prix de la Littérature Policière 2002.

Mais bon, c'est vrai que c'est quand même bien agréable de se retrouver au milieu du Montmartre des années 20, après la "der des der" enfin à ce que l'on pensait alors.. des bandits de petites envergures, des émules de la bande à Bonnot poursuivent leur entreprise de « récupérations individuelles » et des chiffonniers, de lutteurs d'une autre époque, de la vie de bohème et de quartier.

De croiser, c'est une très belle trouvaille, André Breton, le pape du surréalisme qui est impliqué plus que de raison dans cette intrigue policière qui voit des cadavres sortir des endroits les plus insolites, il devramême jouer de l'automatique... On entr'aperçoit également Antonin Artaud mais c'est vrai que les répliques données à André Breton ressortent du lot, une sorte de nonchalance et de facilité qui s'affiche tout simplement.

On navigue, entre anarchiste, syndicaliste et autre amusants mais c'est du côté des Usines et de la grande bourgeoisie que cela sent le plus mauvais, comme d'habitude... les odeurs d'une sacrée embrouille d'après guerre suintent de tous côtés, que s'est-il passé à la fin de le guerre, jusqu'où remonte cette belle histoire sidérurgique.

A vous de voir pour vous donner une idée, je suis partagé...

Cela part de la manière suivante :

« Le type qui me faisait face me fixait sans me voir. Le discret sourire qui flottait sur ses lèvres lui donnait une expression de stupeur amusée. Peut-être une pensée légère avait-elle traversé son esprit. A moins que ce ne soit l'incongruité de la situation.Sait-on ce qui peut vous passer par la tête dans de tels moments ? En tout cas, il devait être d'un naturel aimable. Moi, à sa place…Mais j'aimais mieux ne pas y être, à sa place, parce que l'homme qui me regardait avec tant d'insistance était mort, et bien mort.

- Merde !

Leboeuf ne parlait pas souvent, mais il venait de résumer ce que nous pensions tous les quatre. Cottet a levé sa lampe, sous la lueur dansante, le cadavre avait l'air de se foutre de nous. Il pouvait. Ce n'est pas tous les jours que quatre malfrats tombaient sur un macchabée en ouvrant un coffre-fort. Dehors, le vent redoublait. En hurlant, il s'engouffrait sous la porte. J'ai reculé d'un bond.

- Il a bougé ! »

Et puis on peut lire un hommage à Burma de Léo Malet. D'ailleurs, Pécherot indique dans un interview à l'Express en réponse à  : "L'hommage à Léo Malet et la nostalgie d'un Paris disparu ne sont pas étrangers au succès des Brouillards" et Pécherot de répondre : "Non, bien sûr. Et cela me réjouit. Malet a toujours été apprécié d'un petit cercle d'amateurs mais il n'a jamais rencontré le succès qu'il méritait. Il n'a été reconnu que sur le tard. Si les Brouillards peuvent donner envie de relireBurma, tant mieux. Quant au Paris d'autrefois, je n'emploierai pas le mot de nostalgie. Il faut en finir avec les images d'Epinal d'un paradis perdu. La vie était beaucoup plus dure sur le pavé parisien en 1926 qu'elle ne l'est aujourd'hui. J'ai essayé, avec ce livre de retrouver une certaine mémoire collective, des silhouettes, des ambiances propices au traitement roman noir/roman feuilleton que je voulais explorer. Si le bouquin a plu c'est sans doute que cette mémoire est celle de beaucoup de gens. Il me semble important de ne pas perdre ces racines. Pas pour sacrifier à un quelconque passéisme, l'étroitesse d'esprit n'en est jamais éloignée, mais pour mieux vivre son temps".

Plus de détails sur Patrick Pécherot sur son site Internet très fourni...