4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu / by herwannperrin


Retour en arrière dans la Roumanie d'avant la chute du mur, d'avant 1989; une loi anti-avortement est en vigueur, Ottila et Gabita, toutes deux étudiantes partagent un secret, l'une d'elle est enceinte de 2 mois, voire 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Elle a trop tardé et pour résoudre ce problème, elle doit faire appel à une personne extérieure pour expulser le foetus.

Le sujet est complexe et difficile comme tous les films sur l'avortement; lorsqu'il n'est pas encadré juridiquement on sait les risques que peuventcourir les femmes qui y recourent de manière clandestine, la meilleure manière étant qu'il soit autorisé et qu'un accompagnement puisse être donné dans ces moments difficiles.
Concernant l'avortement, on peut lire sur Wikipedia : "Le décret 770 est un texte réprimant l'avortement en Roumanie, sous le régime de Nicolae Ceau?escu". (...) "Le décret 770 a été un des premier texte abrogé à la chute du régime. Le décret-loi n° 1 du 26 décembre 1989 a rétabli en Roumanie une politique très libérale d'avortement. L'acte y est légal jusqu'à la 14e semaine d'aménorrhée s'il est pratiqué par un médecin, aucun délai de réflexion n'est exigé" (...) "Le taux de mortalité des femmes par avortement est passé de 545 en 1989 (sur 627 décès en couches) à 51 en 1996. Ce résultat mitigé s'explique par la survivance d'une tradition d'avortement illégaux : 44 femmes succombait encore à ces pratiques en 1999. Le taux de mortalité des maternités à néanmoins chuté de 76"

De mon point de vue, il manque cette mise en perspective sociétale et juridique pour que l'on comprenne mieux pourquoi on en est arrivé là. Mais ici, le parti pris a plutôt été d'occulter ces aspects pour se tourner vers le huit clos, la situation de ces deux jeunes filles qui doivent faire face à un drame. En effet, les compensations que demandent M.Bebe n'étaient pas prévues au programme et s'avèrent un tribut très lourd à payer; la relation que Gabbita a avec son ami s'en trouve irrémédiablement changé et l'anniversaire de sa mère est une scène digne des anciens temps. On ressent bien ce qui pouvait se passer à l'époque deNicolae Ceau?escu.

La caméra tremble, la sensation d'oppression est là qui nous atteint de plein fouet, la nuit emporte tout sur son passage, tout peut survenir, la milice rode; la lumière del'hôtel clignote , les décors sont bien d'une autre ère, digne d'un monde perdu, ensevelis aux confins, la solitude de ces deux filles face à une situation qu'elle ne devrait pas gérer n'est pas simple à vivre, elles n'y était pas préparées; cela restera un secret à vie.

Malheureusement, malgré tout je n'ai été qu'à moitié convaincu par ce beau film qui est magistralement filmé, véritable huit clos qui se referme peut être trop à mon goût sur ces deux personnages en omettant de nous donner une vision d'ensemble et une perspective politique...

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