Babel à la Grande Halle de la Villette / by herwannperrin



C'est avec grand plaisir que je vous convie d'aller au spectacle de Sidi Larbi Cherkaoui à la grande halle de la villette. C'était la première hier soir et quelle première?

Un spectacle de danse comme il est bon d'en voir alliant avec une grâce infini, des danseurs et danseuses dans un rythme effréné, de la musique aux origines multiples d'une grande beauté, de la poésie, celle des corps évidemment et des structures métalliques virevoltantes et le partage des sentiments, des gestes, le retour à l'âge d'avant celui de la parole, celui où les gestes étaient maître de la communication, où la vie était communication.

On commence avec la terre, celle de nos ancêtres, celle que l'on ne connaît plus, la terre primitive, avant que le langage ne naissent, le langage parlé s'entend, ces instants ou tous parlent avec les mains, la tête, le corps le jour et la nuit, une richesse de communication qui petit à petit s'est perdu et qui a été remplacé par la parole.

Intitulé Babel, référence à cette tour érigée par les hommes pour atteindre le ciel, cette humanité toute entière qui était censé parler la même langue ; Dieu n'entendait pas cela de cette manière et créa ainsi les langues ; les hommes dorénavant ne pouvant plus communiquer entre eux se dispersèrent dans le monde, la construction de la tour fut arrêtée

Babel, est la fin d'un triptyque (Foi et Myth) que je n'avais malheureusement pas vu mais qu'importe, il n'est pas forcément utile de les avoir vu pour apprécier à sa juste mesure le dernier acte.

Des hommes et des femmes qui oeuvrent, qui vivent des langues multiple et des échanges, des cassures et brisures aussi, entre eux évidemment, ils ne se comprennent pas forcément alors c'est leur retour à la parole des corps, à cette ondulation de s corps qui en dis souvent beaucoup sur nous, sur tout un chacun, c'est geste primitif inné que nous conservons au fond de nous et qui nous définissent un peu, certaines circonstances aidant ; Fractures entre ces êtres mais aussi amour et complicité de certains, de certaines. Alliance des corps et des mouvements, il n'y a pas de hiérarchie entre les langues, simplement des usages hérités de l'histoire, conjoncturel à une époque, il n'y a pas de langue unique ; si l'anglais est aujourd'hui la langue la plus partagée, quelle sera celle de demain, la richesse de l'homme et des cultures de chacun passe par la langue, ces racines, ces pratiques et ce qu'elle véhicule, oralement ou de manière écrite.

Dans ce contexte, vous observerez cette danseuse automate sortie tout droit d'un film futuriste ou vieillot comme vous voudrez, peut être un peu à la Matthew Barney par quelques aspects.. Un travail sur l'automatisme, sur les mouvements, elle est celle par qui le geste revient aux sources, elle en entraîne un certain nombre dans son ballet et elle est cette figure charismatique que l'on attendait, ce médium, cette interface.

Bon je vous laisse découvrir par vous-mêmes mais n'hésitez plus, pas, le spectacle est assez sublime et vaut largement la peine que l'on s'y attarde, de la danse contemporaine certes mais belle, pleines de cette grâce aérienne ou les corps virevoltent et encore une fois où la musique indienne est tout à fait superbe, où le rythme de la grosse caisse raisonne et nous entraîne vers les danses tribales mais également pour certains plans vers les arts martiaux et leurs kata, reproduction dans l'espace et le temps d'un même mouvement, d'une même suite de mouvements ; chorégraphie, vitalité et synchronisation des âmes au son qui vibre. Des voix aussi, qui a capella nous porte vers les cieux, vers la paix intérieure, bien entendu?

Voilà allez c'est jusqu'au 7 juillet donc dépêchez-vous de réserver

Toutes les informations sur le site du Parc de la Villette