Les années noires à la fondation Dina Vierny, Musée Maillol / by herwannperrin


Oui je sais qu'elle a commencé il y a belle lurette cette exposition mais mieux vaut tard que jamais et donc, vous avez encore jusqu'au 4 février prochain pour aller voir ce témoignage visuel d'artistes allemands pendant la grande guerre.

Il s'agit des travaux d'Otto Dix, Georges Grosz, Max Beckmann et dans une moindre mesure de Ludwig Meidner et Conrad Felixmüller. Alors il n'est pas question que rire au regard des travaux de ces artistes, témoignage pour le moins poignant et vif sur ce qu'a été la grande guerre et la période qui s'en suivit. Une très belle exposition qui se déroule en deux voire trois temps. Le premier se passe dans la grande salle, c'est la période de la guerre et de son immersion la plus totale, ce sont les tranchés qui sont là, le front qui se constitue sur plus de 12.000 kilomètres au travers de tranchées sans fin, des tranchées qui vontensevelir, littéralement des hommes enfin plutôt de la chair à canon. Otto Dix est dans cet enfer et décide de témoigner de cette horreur sans nom, cela commence par une guerre classique puis s'embourbe avecl'utilisation de l'ypérite et de ses ravages immondes. Les barbelés où viennent se déchirer les corps des deux armées après ou pendant l'assaut. La nuit et ses coûteux qui scintillent de façon ultime avant de se planter dans les corps et de reprendre le souffle de vie qui encore existait.

La représentation visuelle de ces corps morts, des ces soldats sans vie est on ne peut plus réaliste, elle vous hantera peut être longtemps mais c'est nécessaire. L'horreur et ses mille visages sont le témoignage d'un homme, d'hommes qui décident que cela ne doit pas rester caché; qu'un témoignage s'impose.

Un dialogue qui s'installe entre deux hommes morts, des cranes ou la nature reprend possession de ce qui lui est dû, la délivrance à l'aube des repas par des gueules cassées. Le premier cavalier de l'apocalypse est là, sur son chevalhennissant de mille couleur, c'est la fin qui s'annonce alors qu'une pâle vierge aux anges se dresse, pour combien de temps encore.

Deux sites internet sur Otto Dix l'un est plus officiel que l'autre. Dans la seconde partie de l'exposition mais toujours pendant la période de la guerre, il y a un pan dédié à Ludwig Meidner mais à part  une ou deux de ses travaux, je n'adhére pas de la même manière. par contre, vous avez encore quelques travaux d'Otto Dix dont sont autoportrait "aveugle" qui est saisissant et surtout toute une série de cartes postales qu'il envoyait quotidiennement et qui malgré la censure qui nettoyait le courrier sont passées et sont arrivées à destination. Bon, elles ne sont pas aussi violente et dénonciatrices de la boucherie de la guerre mais elles sont bien un témoignage sur la guerre et son quotidien d'horreur.

" Chacun croit savoir ce que l'art devrait être "    Otto Dix

Max Beckmann, lui c'est plus un travail d'arrière plan, sur les troupes en permission, de retour et la représentation caricaturale de ces moments avec une série dediptyques décrivant de façon symptomatique cet entre deux. Et puis Georges Grosz et ses dessins plus aérés pour certains mais qui dénonce tout autant la barbarie qui est là, suintante de tous côtés. Un de ses amis est John Heartfield et ses célèbres collages.

Lorsque vous prenez la suite de l'exposition à l'étage, c'est la période qui suit la guerre qui se présente à vous avec son lot de nouveaux riche dont la série de 10lithographies est très représentative me semble t-il de ce qu'était l'époque avec des nouveaux riches tous plus imbuvables les uns que els autres. c'est toujours aussi intéressant et moins macabre bien que d'un point de vue humain cela ne soit pas dès plus réjouissant, avec devisu ces hommes, surtout caricatures de ce qu'était l'allemand bourgeois d'alors... Et puis cette salle au fond sur les mutilés de guerre, près de 800.000 personnes devant être prisen charge par l'Etat et environ 1.700.000 veuves et orphelins, réalité criante de ce qui a été, de cette boucherie avec quelques photographies de mutilés de guerre en cours de réparation si jamais cela est possible...

Puis également quelques peintures sur des scènes meurtres sadiques avec dans le coin droit le détail des chiens, bien significatif. C'est une autre horreur qui commence déjà...

Vous ne sortirez pas indemne mais c'est un parcours qu'il faut faire pour le bien commun et voir ce qui n'est jamais raconté. Saisir l'horreur de la guerre.

Musée Maillol
61 rue de Grenelle - 75007 Paris