1275 âmes ou pop 1280 de Jim Thompson / by herwannperrin

1275 âmes (traduction française) ou pop 1280 (Version originale) ou comment noirceur et candeur vont de paire.

Lorsqu'un jour Nick Corey le shérif de Pottsvilles se réveille et en a marre, tout va changer, enfin insidieusement s'entend, la manipulation, la traîtrise et tous les stratagèmes les plus vils seront employés par Nick pour qu'il garde sa place de shérif, sous couvert des meilleures intentions du monde, il va se livrer à un jeu de stratégie grandeur nature, tirant partie en cela de la nature humaine profondément malléable surtout dans ce petit patelin complètement paumé et plein de soiffards, feignasses... Sur fond de racisme, dans un espace-temps proche du Far West et peut être bien encore d'actualité même à l'heure d'aujourd'hui, c'est un portrait sans concession de l'âme humaine qu'il nous permet d'entrevoir. On est loin d'être dans une enquête à la Vargas on est plus dans l'étude de moeurs et de comportements... le noir est là qui assombrit l'avenir de Pottsville...

Il est clair que Nick Corey est de ces personnes qui n'ont aucun vague à l'âme et pour qui la parole donnée ne veut rien dire. Que ce soit Ken Lacey le shérif conseil de Nick, les deux maquereaux, Tom Hauck ou encore Oncle John, Sam Gaddis et puis Rose, Myra et Lennie ils vont entre-apercevoir l'enfer ou même y gouter... c'est mérité pour certains; la vengeance n'est pas là, c'est plutôt de sang froid que tout s'accompli et sans aucune doute sur le bien fondé du comment ou du pourquoi, une sorte d'ange gardien rode autour de Nick ou peut être est-il plus subtil qu'il n'apparaît ou qu'ils sont tous stupides là-bas... allez savoir en tout cas, un petit polar ou la noirceur de l'âme est agréablement à porté de main...

On peut lire en exergue dans la préface de Duhamel : "Jim Thompson n'est pas un auteur drôle. Habituellement, ce qu'il écrit est nettement couleur d'encre. cette fois, il a choisi le noir absolu, couleur de néant. C'est proprement insupportable, inacceptable, presque. mais le paquet est si habilement présenté... (...) Bref, suivant l'angle où l'on se place, l'ouvrage est ou bien une apologie de l'abomination, ou bien un réquisitoire contre toutes les vacheries du monde , ou encore, comme je le disais tout à l'heure, une bouffonnerie". Et de terminer par cette excellente phrase "j' savais foutre point c' qu'i' fallait en penser"

Voilà voilà à vous de voir maintenant....

Et pour l'explication du changement de titre dans la traduction voir l'article sur 1280 âmes de Jean-Bernard Pouy