L'utopie à la BNF, retour sur une ancienne exposition / by herwannperrin

Voilà que je suis tombé, par le plus grand des hasard, sur Gallica puis sur la BNF sur une exposition qui remonte à l'année 2000, cela quelque temps donc mais voilà, tout est en ligne et ma foi, c'est assez intéressant donc pour ceux qui sont intéressés par l'Utopie, celle de Thomas More évidemment mais également la vision de l'âge d'or de la République de Platon, les ?uvres d'Aristote sur la cité puis celle de Saint-Thomas avec sa fameuse cité de dieu, rejoint au XVIIème par la cité du soleil de Campanella?.

Somme toute, une bonne entrée en matière qui me rappelle naguère mon cours d'histoire des idées politiques, un rappel nécessaire qui va me faire revenir dans ce domaine que j'ai mis de côté il y a trop longtemps?

Le site de l'exposition est accessible à cette url : http://expositions.bnf.fr/utopie/index.htm
Il est très riche donc je vous laisse le découvrir en détail, je ne mettrai en exregue que quelques éléments que j'ai apprécié ou qui me tienne à c?ur, à vous de continuer la découverte ici, par les images et surtout par la lecture?.

L'entrée en matière est déjà suffisamment éloquente : « la quête de la société idéale en occident ». Retour sur un genre qui a pris son essor véritable au XVIème siècle pour évoluer au cours des siècles et jusqu'à nos jours. L'utopie, où la nécessité de nos sociétés de se réinventer sans cesse et aux hommes qui la compose de bâtir de nouveaux modèles, d'envisager de nouveaux modes de vie, et ce d'autant plus dans une société en perte de repère, une société ou le flux est au c?ur des pratiques sans que le recul nécessaire ou la vision de l'avenir ne soit véritablement pris en compte, une société en perte de visibilité et de projection, qui au final se contente globalement de gérer les affaires courantes? C'est dangereux et il serait intéressant de voir le monde différemment, cela permettrait sans doute d'y voir un peu plus clair et de ré-intéresser les hommes à la politique?

"Thomas More   
Mais en toute vérité, mon cher More, à ne vous rien cacher de ce que j'ai dans l'esprit, il me semble que là où existent les propriétés privées, là où tout le monde mesure toute chose par rapport à l'argent, il est à peine possible d'établir dans les affaires publiques un régime qui soit à la fois juste et prospère.
Utopie, livre II.
"

Plus loin, on peut lire à propos du nouveau monde : "Dès sa découverte, l'Amérique représente un monde sur lequel se projette massivement l'imaginaire utopique, avec ses attentes, ses espérances et ses rêves. Territoire d'un âge d'or préservé, lieu de l'accomplissement des prophéties, Atlantide redécouverte, terre de missions pour des communautés régénérées, elle peut d'autant plus jouer ces rôles qu'on comprend, peu à peu, qu'elle forme un véritable continent jusqu'ici inconnu, un monde nouveau.      
Christophe Colomb est convaincu d'approcher du paradis terrestre. Vasco de Quiroga, un missionnaire lecteur de l'Utopie de More, considère en 1535 qu'on a raison d'appeler cette terre le Nouveau Monde, " non parce qu'on vient de la trouver, mais parce que, par ses habitants et par presque tout, elle est comme les premiers temps de l'âge d'or
".
Quant aux habitants, ils sont représentés tantôt comme de " bons sauvages " proches de l'innocence naturelle, tantôt comme des " cannibales " à peine humains. Cette rencontre, de même que la découverte des civilisations aztèque et inca, est pour l'Europe une expérience décisive de l'altérité."

"Tommaso Campanella   
Les Solariens se conduisent les uns envers les autres, de telle sorte qu'on les dirait les membres d'un même corps. [?] Leurs lois peu nombreuses, courtes et claires sont écrites sur des tables d'airain suspendues aux portes et aux colonnes du temple.  
La Cité du Soleil, 1623."

On avance également sur le terrain des révolutions où l'utopie a, par essence, une place centrale, prépondérante, ces moments de basculement où tout devient possible. On se rappelle, l'ouverture de la Déclaration d'indépendance des États-Unis le 4 juillet 1776. "Nous tenons pour naturellement évidentes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. ? Et plus près de chez nous les propos tenus par l'abbé Sieyes qui ont marqué les consciences lorsqu'il prononce en 1789 dans Qu'est-ce que le tiers état :
"Nous avons trois questions à nous faire.
1° Qu'est-ce que le tiers état, - TOUT
2° Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l'ordre politique ? - RIEN
3° Que demande-t-il ? - À ÊTRE QUELQUE CHOSE
"

A cet égard, on lira l'essai Jean Denis Bredin Sieyès : la clé de la Révolution française, Librairie générale française, Paris, 1990.

Voilà, quelques pistes qui donne à repenser, à relire et à s'interroger sur le monde dans lequel on vit, on évolue, à vous de vous faire une idée en vous penchant sur ces écrits et peut être sur celui de Hartmut Rosa, Accélération, une critique sociale du temps  que je vais me procurer d'ici peu...