Droit du sol de Charles Masson [8/10] / by herwannperrin


Une bande dessinée riche en expériences, celle de la vie qui passe à Mayotte, une île de la République qui est en soi un microcosme impressionnant. 


D'un côté les expatriés et leur sens des valeurs égoïstes, qui ne pensent qu'à eux, qui jouissent de leurs privilèges, en abusent évidemment, honteusement, se plaignant tout le temps alors que finalement en « Métropole » ils seraient des êtres lambda. 
Des hommes qui souvent sont partis pour se réfugier, pour échapper à une vie soit qui ne leur convenait plus soit par dépit et pour changer d'air ; très peu comme Danièle et quelques autres qui sont heureux d'y être d'aider et de donner de leur personnes, d'aider les gens dans le besoin, ce n'est d'ailleurs pas ce qui manque.

D'un autre côté il y a les habitants de l'île, souvent pauvres et pour ce qui est des filles, une des seules portes de sortie est de se trouver un blanc et qu'il lui fasse des cadeaux, on est à la frange de la prostitution pour ne pas dire plus, une sorte de colonialisme par l'argent au final. 
C'est moche mais c'est la réalité qui est dépeinte, sur la base de faits réels. 
Et puis on retrouve enfin on voit les clandestins, les sans papiers qui arrivent sur l'île sur des bateaux de noix, ce qu'ils/elles ont à subir avec les passeurs, les situations d'horreur et d'urgence, les risques, c'est clair, la France n'est plus la « terre d'asile » dont on pouvait rêver, c'était au temps où nous avions besoin des autres que nous avions l'argent et l'influence ; ce n'est plus vraiment le cas, le rejet de l'autre est devenue une des politiques des gouvernements successifs depuis 1995. 

Il n'y à qu'à lire les récents chiffres relatifs à la politique d'Eric Besson pour s'en convaincre, il a même dépassé ces objectifs ... c'est rare.. et triste. De même, l'OFPRA a semble t-il oublié que les initiales « R » et « A » avait un sens plus large que la seule notion juridique de « réfugié » et « d'apatride ». 

On navigue ainsi dans cette petite île avec tous ses problèmes dont celui de l'accès aux médicaments, à l'hôpital, ? l'évolution avec l'arrivée de la « sécu » mais les laissez pour compte qui en résultent, c'est certain, ce n'est pas une question facile mais peut être faudrait-il essayer d'autres méthodes moins policières. 

Et puis quand au droit du sol, c'est vrai que l'on se dirige de plus en plus vers un droit du sang, 

Bon en tout cas, une bande dessinée assez intéressante que je vous invite vivement à lire et à diffuser autour de vous