A bas l'utile par Bernard Noël / by herwannperrin


Intéressante lecture que celle d' « A bas l'utile » de Bernard Noël, une réflexion qui porte notamment sur la communication, cette notion qui a été de fait pervertie de part les médias perdant en cela une grande partie de son sens premier. Il est désormais réduit et associé à la « propagande »  et au « commerce ». En ce sens c'est notre « intérieur » qui est dés lors soumis au bon vouloir des medias alors qu'il était auparavant, préservé ; un changement pour le moins radical. Il relie cela au propos tenu par la notion de « cerveau disponible » évoqué par un grand patron de chaîne.  Faire croire aux individus qui petit à petit perdent ainsi leur véritable citoyenneté au profit de la notion de « public » prêt à consommer, à absorber des images, des images, toujours plus nombreuses. Ce faisant l'individu se retrouve finalement noyé dans un magma d'informations qui se vident pratiquement de leur sens tout en ayant l'impression de connaître, d'appréhender? « ce flux visuel, comme on le sait occupe l'espace mental, mais on ne soulignera jamais assez qu'il doit son pouvoir d'occupation au fait qu'il est à la fois dans les yeux et devant eux de telle sorte qu'il n'y a plus aucune différence entre ce qui est représenté dans votre intériorité et la représentation extérieure que celle-ci devrait en projeter si l'emportement du flux ne l'empêchait de réfléchir. Pas de marge pour la réflexion, pas de marge pour l'imagination. En somme, pas de marge pour la liberté de penser, c'est le but de la domination de l'immatériel »

Il continue en se questionnant sur les nouveaux modes de lecture et bascule sur « Lignes », une revue qu'il écrit depuis quelques 20 années avec en arrière plan cette phrase de Georges bataille « Nous avons cessé d'être à la hauteur de vérités premières, mais elles ne cessent pas d'être pour autant ».  Ces interrogations le ramenant pour lui à « la victoire du reflet sur l'intériorité avec pour conséquence la primauté de l'image sur le verbe grâce au règne des media ». Les élections se transformant pour lui en un vaste spectacle navrant où ce qui importe est l'image et non le fond évidemment, on retiendra le mot de Debord indiquant « On peut garder le nom, disait Debord, quand la chose a été secrètement changée » ce qui semble être le cas avec notre société contemporaine et en particulier tout ce qui touche au politique.

Au final on arrive à une situation ou la démocratie se vide de sa substance où plutôt la représentation que s'en font les individus

Voilà quelques éléments de cet ouvrage intéressant publié chez Publie.net