Joachim Patinir, « Une idée du bleu » de Stangerup / by herwannperrin


 

Joachim Patinir, un peintre « méconnu » contemporain de Bosch, de Durer qui pu le rencontre et qui en parle dans ses carnets, un peintre qui un peu à l'instar de Jérôme Bosch est une espèce d'ovni incommensurable dans le monde de la peinture. Un de ses génies que l'on découvre après coup et sur lequel on a finalement peu d'informations, juste qu'il était un précurseur, un grand homme et ce n'est pas rien déjà.

 

On ne sait que peu de choses sur lui, une rapide biographie, quelques écrits par ci par là et puis une trentaine de toiles authentifiées quelques autres qui seraient de lui. Un flambeur majestueux et sublime. Une vie qui s'arrête en 1524

 

Il suffit juste de se plonger dans ses toiles réparties un peu partout en Europe pour comprendre de quoi il retourne.

Nous sommes aux 16ème siècle et déjà vous êtes ailleurs, loin de là et proche à la fois par la technique, la vision qu'à Joachim Patinir, ou Patiner. Etrange et magique à la fois de n'en savoir que si peu, il nous reste pour ainsi dire la matière brute, ces petits personnages dont souvent Saint Jérôme, le pénitent qui est là en arrière plan, presque toujours présent sur ses toiles. Il faut regarder minutieusement et lire au-delà des lignes de fractures, se laisser prendre par ses montagnes qui se dessinent, ses lacs, cette verdure et surtout au combien, ce bleu si particulier dans lequel vous pouvez vous laisser happer, aspirer

 

Patinir offre un mode de rêve et de poésie. Stangerup indique : « Les paysages d'éternité, d'une beauté inouïe et la courbe de l'horizon a l'infini évoquent, eux, le temps circulaire des grecs pour lesquels le cercle et sphère symbolisaient la perfection » (?) « Le Monde de la mémoire demeure éternel, alors que le monde objectale sera jamais qu'une image dans le mouvement de l'éternité. Lorsque Kierkegaard écrit « pour définir l'idée du temps chez les Grecs, il faudrait parler d'un passage non pas relatif à un présent ou à un passé, mais qui constitue l'essence même du temps, un pur « passer », on voit les tableaux de Patinir. Ses petits personnages humbles mais aussi ses personnages centraux, saint Jérôme ou encore saint Christophe, semblent passer comme passe le temps et ne laissent aucun doute sur leur auteur. »

 

Je ne peux que vous conseiller la lecture d'une idée du bleu par Henrik Stangerup où vous trouverez un nombre certain de toiles toutes plus belles les unes que les autres et une explication de texte quelque peu originale. On part de l'Utopie de Thomas More, écrite à l'époque en passant par les flandres, les grecs et leur conception cyclique du temps, Durer, une petite biographie, un peu de philosophie et d'histoire de l'art pour en ressortir avec une autre vision, celle d'un grand peintre incontournable.

 

Encore une fois penchez vous en détail sur ces tableaux et regardez bien les différents plans présentés, ne vous laissez surtout pas captiver par le seul premier plan, le second et le troisième recèle de trésors a qui sait les voir.

 

D'une beauté à vous en couper le souffle alors pour ceux qui ont la chance de faire quelques voyages au long cours, je vous suggère d'aller voir dans le désordre à Paris, le Louvre, à Dijon le musée des beaux arts. A Londres la National Gallery, à Rotterdam le boymans van beuningen, en Suisse, à Zurich au Kunsthaus ou à lugano à la fondation Thyssens-Bornemizza, en Espagne au Prado, au Danemark au Statens Museum for kunst, en Belgique à Anvers et à Bruxelles au Musées royaux des beaux-arts , en Autriche à vienne au Kunsthistorisches et en Allemagne à Karlsruhe au Staatliche Kunshalle ou à Berlin au Staatliche Museum et évidemment au Metropolitan à New York

 

Je n'ai trouvé que le livre d'Henrik Stangerup chez Flohic en 1992 d'occasion car il n'est plus édité pour me souvenir de ces magnifiques paysages mais je suis preneur d'autres livres si vous en connaissez

 

En tout cas, si vous avez l'occasion eh bien plongez dans ce bleu, n'hésitez plus ; le bonheur est au rendez-vous