L'humeur vagabonde d'Antoine Blondin / by herwannperrin



 

Merci tout d'abord à Guillaume qui m'avait offert cet opus il y a bien un an maintenant, et puis aussi Sébastien qui m'a permis de me rappeler que ce livre dormait dans ma bibliothèque et qu'il fallait le découvrir de manière urgente...

 

L'humeur vagabonde d'Antoine Blondin est assurément un morceau de littérature qu'il faut relire, redécouvrir; un morceau de bravoure qui nous parvient des années 50 avec une fraîcheur et une vision qui maintenant semble surannée mais qui reste un très beau morceau de cette littérature qui donne des envies d'auteur, d'être et de vie. d'autant plus pour ceux qui viennent à paris aujourd'hui ou qui sont arrivés hier. l'histoire de cet homme, Benoît Laborie qui décide monter à la capitale et dont les premières phrases résument à elles seules la dynamique qui s'enclenche : 

 

?Après la Seconde Guerre mondiale, les trains recommencèrent à rouler. On rétablit le tortillard qui reliait notre village à la préfecture. J'en profitai pour abandonner ma femme et mes enfants qui ne parlaient pas encore. Ma femme, elle, ne parlait plus.?

 

Dans ces quelques phrases, une destinée débute, s'enclenche, c'est celle d'un jeune homme, d'un paysan qui veut voir du pays, qui veut devenir homme. Il laisse tout et part à l'aventure, le lendemain de la guerre, les séquelles qu'elle a laissée. Il quitte non seulement sa femme et ses enfants mais aussi sa mère.

 On le découvre à Paris à la découverte de lui-même, à la découverte des moeurs d'alors qui ma foi ne doivent pas être très éloignés de ceux d'aujourd'hui. Le travail de sa mère durant ces années pour qu'il puisse, une fois, à la capitale bénéficier ?d'appuis?. Le rocambolesque surgit où plutôt les déambulations et les errements d'un provincial perdu dans cette jungle, les quiproquos et les errances, l'absence de repère et la solitude qui hante rapidement ses mouvements, sa décision d'alors et le drame qui surgit alors que l'on ne pouvait l'imaginer, l'inimaginable, l'improbable qui advient et le bonheur qui s'enfuit...  la suite est la déclinaison bourgeoise de cette situation qui par maints côtés à des accents absurdes, camusien...

 

Et cette phrase pour terminer : ?Un jour, nous prendrons des trains qui partent?. 

 

Une phrase réciproque du début du roman si l'on peut dire mais on apprendra aussi le sens détournée de celle-ci par l'auteur lui-même qui conte le pourquoi du comment dans cette merveilleuse transcription d'une des émissions réalisées vers 1972 pour France Culture par patrice Galbeau qui discute avec Antoine Blondin par lequel on apprend la réalité qui se cache derrière ce roman et cette phrase quelque peu énigmatique qu'il faut lire pour bien prendre la mesure de cette aventure, de ce roman...

 

En tout cas, vous l'aurez compris, plongez-vous dans cet opus et puisez quelques inspirations et prenez plaisir à humer ces papiers, cet enchevêtrement de lettres et de mots qui donne à aimer la lecture.....