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Photographie Herwann Perrin Photographie Herwann Perrin

Stigma et l'écriture de la vie (le désir du monde) d'Antoine d'Agata



Cela fais longtemps maintenant que Mala Noche n'est plus, que la descente dans l'enfer de la nuit s'est prolongée et l'on ne sait où elle se terminera d'ailleurs, enfin si.

Avec Stigma (2004), Antoine d'Agata nous emmènes dans un monde, dans son monde, celui de la nuit, celui du trash, de la solitude, des arrières salles, des nuits d'hôtels noires, sûrement très sordides à nos yeux mais voulues, recherchées. C'est aussi un moment de création, de visions nocturnes; un moment où il devient lui et ou il est dans son élément car ces nuits là, elles sont toutes à lui.

Avec Stigma, on se retrouve face à des images d'une rare violence pour ceux qui ne s'y attendent pas, c'est une partie de sa vie qui s'écoule devant nous car sa photographie est depuis le départ l'autobiographie de sa vie. Pas le choix de reculer ou de ne pas tourner les pages de cette vie, synonyme à la fois de création et de destruction. En effet, c'est ce qui ressort de la lecture du livre d'entretien l'écriture de la vie (le désir du monde) entre Antoine d'Agata et Christine Delory-Momberger. Une "fuite" en avant depuis 17 ans, il en a maintenant 47 vers la fin sans doute, celle qu'il a choisit, celle vers laquelle il se dirige de manière inéluctable, presque invraisemblable. Cette fin annoncée vers laquelle il tend, cette fin qui s'annonce aussi avec le minimalisme vers lequel il se dirige dans on oeuvre; il condense sa création en ces instants de jouissance, de plaisir arrachés à la nuit. 

Difficile de résumer ce livre d'entretien, ce serait par là incomplet. Aussi, lisez plutôt pour essayer de voir, de comprendre sa démarche

Elle est certes un peu égocentrique si l'on peut dire, centré sur lui au détriment des autres, des putes aussi me semble t-il ou presque mais c'est une volonté qui semble être propre à son choix de vie, à ses envies, ce recroquevillement progressif sur lui, sur soi au fil des ans, cette absence de compromis. Cette volonté de ne pas revenir en arrière d'aller au bout de soi, d'aller au-delà des limites du monde et s'enfouir dans la nuit à jamais. Il y a des références, des chemins qui se suivent, ceux de Bukowski, de Burroughs, de Bataille sûrement, de Michaux dans leurs expériences. Car l'artiste va vers des gouffres où l'on ne voudraient aller, dans cette nuit noire, cette nuit qu'il a apprivoisée depuis maintenant quelques décennies et dont il connaît un peu les codes, les us, les coutumes. 

Il n'y a pas de limites autres que celles propres à la mort, elle clôturera ainsi son oeuvre, étant allé au bout de soi, il me semble qu'il n'y a pas de retour pour lui, cela serait être contre l'oeuvre, contre sa vie.

Il y a beaucoup de points qui pourraient être débattus, sur lesquels je ne suis évidemment pas d'accord mais je n'ai pas envie d'aller dans ce sens, d'aller contre ce choix qui est le sien, parfois il y a des silences, des ombres, des flous qui en disent beaucoup.

Un autre chemin reste sans doute possible !

Un extrait de Stigma : "C'est la Rue, celle de tout à l'heure, qui vient là se finir. Le 23/24 c'est l'arrière-salle de la Rue, la dernière jetée, la sortie de bordel : les fins d'après-midi, on y rencontre les filles qui tiennent la Rue depuis le petit matin, avant trois-quatre heures, ce sont les filles qui travaillent pour les sorties de bureau, à cette heure-ci, la plus déchaînée, ce sont les survivantes exténuées du fin fond de la nuit. Et ici elles peuvent envoyer chier d'un seul geste le client collant, en retard d'une passe, d'une rue, d'une guerre. L'heure a tournée majicon : plus question de tarifer le temps par petites demi-heures bâclées. Le Vingt-trois heures sur vingt-quatre n'a pas de toit pour qu'elles puissent attendre l'infini montée du matin contre l'épaule d'un boyfriend défoncé à tout et à n'importe quoi (mais de préférence à tout). Ici, c'est-à-dire loin, sur les hauteurs de la ville, ignorés de tous. A ciel ouvert, la nuit peut se crever."


Pour aller plus loin, le site de Magnum et celui de documents d'artistes 

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Photographie Herwann Perrin Photographie Herwann Perrin

Christophe Jacrot et Paris sous la pluie à la Galerie de l'Europe


Je suis via mes flux RSS les photos de Christophe Jacrot depuis maintenant quelques temps, il y a du bon et du moins bon, évidemment et voilà que je tombe par le plus grand des hasards sur la Galerie del'Europe, le photographe est là, il signe en partie son livre et c'est un jour de pluie.

Je regarde, m'attarde sur certains que j'ai déjà vu sur son site (blog), c'est celles où les couleurs surgissent, le rouge notamment que j'apprécie le plus et puis quelques unes aussifloutées ou avec une belle dose de réflexion... mais bon j'avoue avoir été un peu déçu par l'ensemble présenté.


Et voici la parisienne qui court....

Enfin, quand même un livre aux éditions Duchêne... il doit y avoir d'autres vrais amateurs...

A vous de me dire ce que vous en pensez.... et puis juste à côté, une autre partie de la galerie de l'Europe avec toujours des photographies un peu sensuelle de Sveeva Vigeveno...

Galerie de l'Europe
55 rue de Seine - 75006 Paris

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Photographie Herwann Perrin Photographie Herwann Perrin

Nicolas Ruel à la Galerie Seine 51

Étonnant travail que celui de Nicolas Ruel, présenté pour la première fois en Europe à la Galerie Seine 51. le travail de cet artiste québecois est assez remarquable de par le procédé qu'il utilise. En effet, c'est photographie sont imprimées sur de l'inox donnant un rendu tout à fait exceptionnel.

Ce brossé métallique est assez sublime mais il est plus parlant visuellement que sur une miniature telle que celle présentée ci-dessus même si déjà se dessine le potentiel qui en émane.  Les contrastes sont à leur paroxysme et la forces des couleurs renforcée d'autant par ce traitement d'autant plus sur des matières métalliques...
Anne Lafleur indique : "Les accents toniques libérés par l'inox réforment l'imagerie traditionnelle associée à la matérialité du médium.  La lumière se revêt de soie, engage un dialogue subtil avec le grain d'encre".

Voilà, juste quelques oeuvres mais si vous avez l'occasion de les découvrir ou de feuilleter son catalogue vous serez surpris par le résultat, subjuguez en quelque sorte... Alors n'hésitez pas, même si l'exposition est terminée à la Galerie Seine 51 il reste parfois entre deux expositions quelques tirages et puis sinon, rendez-vous sur le site internet de Nicolas Ruel


51 rue de seine
75006 PARIS
Tel: 01 43 26 91 10

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Valérie Belin à la Galerie Jérôme de Noirmont


Une exposition de Valérie Belin, cela ne se manque pas et voilà qu'elle nous présente cette fois-ci à la Galerie Jérôme de Noirmont une nouvelle facette de son travail, trois séries simple et complexe à la fois, : la danseuse du lido, le magicien ou le joueur de cartes et le bouquet.

Avec la danseuse du lido, c'est un seul et même personnage répété sur plusieurs photographies avec un costume différent, le focus étant mis en avant sur la personne, ce sourire imprenable, Valérie Belin la saisi et plus d'une fois, on est sur le même sujet répété, c'est maintenant la tenue qui change alors que le modèle s'impose sur la scène...
C'est un peu la même chose avec le magicien, ou le focus est mis sur la personne et sur ce flou du mouvement des cartes du joueur, Le bouquet accompagne cette démarche en arrivant tel un bouquet de contes noirci, dans l'attente d'un évènement qui va réveiller ces couleurs, évènement qui tarde à se produire...

Une nouvelle approche qui est intéressante même si j'avoue avoir été un peu déçu par le peu de photographies exposé "es et la séquence proposée, le côté irréel de ces anciennes oeuvres manque un peu mais on est là dans une période de changement, de la couleur au noir et blanc, de l'irréel au réel, du figé au mouvement...

"Les nouveaux portraits de Valérie Belin ne relèvent plus d'une esthétique proprement photographique, mais telles des peintures, ils s'apparentent à une vision onirique, à une interprétation particulière du sujet, propre à l'artiste".

36-38 Avenue matignon - 75008 Paris
Tel : 01 42 89 89 00

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Aleix Plademunt à la Galerie Olivier Waltman



Arrêtez-vous à la Galerie Olivier Waltman, déjà la vitrine intrigue et lorsque vous pénétrez dans le lieu, ce sont les photographies qui prennent le relais. Dans le fonds, les galeristes, échanges entre eux tandis que vous arpentez (un bien grand mot..) l'espace qui vous entoure pour vous plongez dans ces paysages ou parfois, l'infini pointe, plutôt d'ailleurs dans les photographies d'espaces Communs qui ne sont malheureusement que peu exposé ici. Et puis vous vient à l'idée de vous poser et de vous asseoir sur une de ces chaises qui vous fais face, de prendre place aux côtés de cet hommes et femmes invisibles mais bien là sur les photographies, soit par 2 comme devant cette maison presque suspendu soit devant cette centrale nucléaire spectacle moderne parmi tant d'autres.



Mais alors de quoi s'agit-il au fond ? Eh bien d'une interrogation sur l'espace et l'Homme, la capacité de ce dernier à composer, malaxer,n modifier et altérer voire détruire l'espace qui l'entoure : "Je m'intéresse à l'immensité des espaces et leur magnificence. La nature nous environne et l'homme n'a de cesse de l'abîmer. Il ne reste plus d'espace vierge : aussi loin que nous puissions regarder, les paysages portent toujours une trace du passage humain. L'homme crée en permanence de nouveaux matériaux, compulsivement, oubliant leur devenir obsolète quasi-immédiat pour assouvir une soif intangible de progrès.
 
Routes et chemins, habitats, villes, voies de communication, de distribution énergétique? une liste sans fin et en constante croissance  d'éléments éphémères. L'abandon est impliqué dans tout processus de création. La plupart de ces objets seront oubliés, bien que nous cernant toujours, à l'instar de cette camionnette à 4000 mètres au-dessus du niveau de la mer et sans aucune trace humaine à 200 km à la ronde. Le monde est devenu son propre cimetière".

Un vaste monde aux contours teintés de présence humaine mais une présence un peu vaine aussi, oubliée souvent, perdue, juste quelques soubresauts qui perdurent et le rappel de notre condition éphémère dans ce vaste monde. Sur ces quelques mots, je vous laisse méditer sur notre devenir ou notre manière d'appréhender, la réalité, le monde qui nous entoure et notre position dans tout cela... et surtout passez sur le site d'Aleix Plademunt  et dans la galerie, le contact avec les oeuvres est toujours profitable


74, rue mazarine - 75006 paris
Tel : 01 43 54 76 14

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