BLOG CULTUREL
Naufrages, de Akira Yoshimura 9/10
Vous ne connaissez peut-être pas encore le très bon blog de Au bonheur de la dame (Lire, Voir, Partager) animé par Doro, eh bien dorénavant je publierai quelques unes de ces critiques mais vous pouvez d'ores et déjà en profiter....
Et pour celui-ci, eh bien je crois bien que je vais vite me le procurer...
Au Japon, dans un village coupé du monde et coincé entre mer et montagne, une communauté de pêcheurs vit au rythme des saisons. Isaku, un jeune garçon de dix ans dont le père s'est vendu pour trois ans afin de faire vivre sa famille, devient du jour au lendemain responsable de leur survie et se fait le serment de les épargner de la maladie et de la famine. Initié aux croyances et rites ancestraux, il fait son apprentissage en attendant le retour du chef de famille. Chaque saison apporte son lot de victuailles dont les villageois se nourrissent ou qu'ils échangent au village voisin contre des céréales. Il y a la saison des sardines, celle des maquereaux, la saison où les feuilles du sommet de la montagne commencent à rougir, annonciatrices de l'arrivée des tempêtes. C'est alors que les hommes du village se mobilisent pour alimenter des feux sur la plage, destinés à attirer puis à piéger les bateaux de négoce qui viennent se fracasser contre les récifs. Sous l'autorité du chef du village et de ses conseillers, les villageois pillent leur chargement pour assurer la survie de la communauté? Isaku est témoin de cet événement exceptionnel qui va marquer un tournant dans la vie du village.
C'est un très beau roman d'initiation qui vous embarque d'abord doucement et dont l'intensité dramatique progresse crescendo. La description d'une vie quasi-monastique où l'on vit de pêche, de cueillette, de rites et de prières. Chaque habitant est concentré sur la survie de sa famille et compte les saisons qu'il leur reste avant le retour tant attendu de l'un des leurs, parti se vendre contre de l'argent. Le destin du jeune Isaku nous tient en haleine, on tremble avec lui dès que la fièvre s'empare d'un membre de sa famille ou quand il rate une saison de pêche. Saura-t-il tenir sa promesse ? Mérite-t-il la confiance qu'on lui a faite ? Dans cette primitive où les signes extérieurs de tendresse n'ont pas lieu d'être, on n'en ressent pas moins un grand respect de la famille et une affection qui se déclare dans les moments les plus anodins : l'apprentissage de la pêche, le partage d'un repas, la guérison d'une plaie par les plantes, le tissage d'un vêtement. C'est pudique et fort, sensible et violent, austère et authentique.
Ah et puis quel bonheur d'avoir lu ce livre dans un format Actes Sud? retrouver ce format que j'adore et le grain du papier si particulier, ça n'a rien gâché au plaisir !!
A mettre dans votre bibliothèque mais pas seulement pour faire joli !
Merci à Mme H. de Chatenay-Malabry de m'avoir sorti cette pépite de ses tiroirs !
La chute d'Albert Camus
Après avoir vu les Justes au théâtre de la colline, j'avais envie de relire quelques textes d'Albert Camus. Voilà, j'ai commencé avec la chute écrit en 1956 dans lequel on retrouve l'ami Clamence, Jean-Baptiste de son prénom et sa profession de foi actuelle juge-pénitent.
Un roman, qui se présente sous la forme d'un dialogue et qui se lit en monologue, d'une traite, un homme prolixe que ce Clamence c'est vrai qu'autrefois, il était avocat, il y a de ces manières de dire et de pensée qui ne vous laisse pas indemne, une rhétorique qu'il va nous appliquer à nous car depuis son bar sordide de Mexico-city à Amsterdam, il traque le bourgeois pas très net sur lui pour l'emmener dans un prêche, celui de sa vie qu'il dévoile tout au long de ses promenades et des jours qui passent pour nous ferrer tels de petits ou gros poissons qui se retrouveraient pris dans une nasse.
Ici, le propos est plus complexe, il s'agit d'une réflexion sur sa vie et sa déchéance qui sera la notre, tôt ou tard. Récit d'une vie menée tambour battant dans Paris, la capitale lumière, une carrière sans faille, des réussites dans tous les domaines, des relations avec des femmes, un ego surdimensionné jusqu'à ce jour, cette nuit sur la seine et ce cri, ce bruit et tout bascule, la déchéance progressive et inéluctable s'empare de lui.
Il choisit de devenir le Saint Jean-baptiste moderne, Mexico-city est son désert, sa paroisse et loin du paradis perdu qu'est Paris, il travaille sans relâche. Il n'y a pas de salut pour lui et pour nous non plus d'ailleurs.
On peut lire quelques parallèle avec la chute dans la bible comme l'indique Etudes littéraires
Un livre qui n'est pas facile à lire dans sa forme et dans son propos mais qui donne à réfléchir sur la condition de l'homme moderne.
Et voilà et bientôt, je devrai recevoir La postérité du soleil mais je vous en dirai plus d'ici peu?
Sans laisser d'adresse d'Harlan Coben [7/10]
Un polar efficace. C'est ça qui et bien avec Harlan Coben, on fonce, on rentre tout de suite dans l'histoire, il n'y a pas de fioriture qui casse le rythme, on se prend au jeu et on essaye de garder contact avec la réalité qui nous entoures.
Ce n'est pas si évident, plongez que vous êtes dans un thriller, le monde réel s'efface et vous faites imperceptiblement attention à la personne qui vient de s'asseoir à côté de votre table à ce petit café qui n'a l'air de rien, vus scrutez les visages, les ambiances essayez de repérer laquelle de ces personnes ne collent pas avec le décors, vous êtes sur le qui-vive.
A la fois rien d'exceptionnel et puis cette efficacité sans nom. A vrai dire, l'histoire de laisser sans adresse est bien moins complexe que Telle no one (Ne le dis à personne) mais ma foi c'est un de ses polars que l'on a une envie de terminer de manière rapide, de connaître la fin, de savoir tout simplement.
L'histoire est celle d'un homme, Myron Bolitar, qui se voit contacter par Terese, une femme qu'il a connue lors d'une soirée, d'une île et qui l'a aidée dans des circonstances difficiles. Elle lui demande de le retrouver à Paris après huit ans de black out total. Elle a besoin de lui. Lui, est un athlète de haut-niveau, reconverti en agent.
Tout va très rapidement basculer pour Myron Bolitar qui pensait juste apprécier la lune lors de son séjour parisien. Mais c'est sans compter sur le Quai des orfèvres, la morgue puis les réseaux terroristes. Rien ne vas plus et ce d'autant qu'il n'a aucune idée de ce qu'on lui veut, de ce qui est en jeu ? Doit-il faire confiance a Berléand ? à Terese ? Heureusement, il va recevoir l'aide son cher Win, un personnage que l'on préfère avoir à ses côtés tout autant que Moa d'ailleurs. Ce ne sera pas de trop pour essayer d'y voir plus clair dans ce fatras? mais cela ne l'empêchera pas de subir les conséquences de son entêtement et je ne vous conseille pas de croiser l'agent Jones, s'il est dans les parages, ce n'est pas forcément bon pour vous. Entre NSA, DST, Mossad, réseau terroriste islamiste sur fond de secte et de manipulations scientifiques où cela va-t-il nous mener ?
Eh bien assurément à deux petites nuits courtes, c'est vrai qu'Harlan Coben de ce point de vue est le « maître de vos nuits blanches », vous n'aurez de cesse que des avoir?.
Lisez le premier chapitre....
En quelques heures seulement, vous saurez ce qui se cache derrière Sans laisser d'adresse alors faites vous plaisir?
15 contes de l'Inde de Partap Sharma
Quelques très belles histoires qui racontent dans un premier temps les aventures de Chintu et de Vivek son éléphant.
Le secret de l'eau et de la vie, la fortune sourit aux audacieux mais aussi le sens des valeurs et de l'amitié. Dans un des contes, c'est la nature même de l'homme qui est entr'apercu. Ensuite, une très belle aventure le mène dans le royaume de schwab et son « roi » tyrannique. La rencontre avec le sage lui montre le chemin
Puis une série de contes mettant en scène des animaux, le prêtre et la souris, le crocodile et le singe, la corneille et le serpent, ?. Qui donne à réfléchir
Un petit livre qui permet aux enfants en âge de lire (6 ans) de découvrir une petite partie de l'Inde sans trop de difficultés
Voilà donc?
Invisible de Paul Auster [9/10]
Encore une fois, Paul Auster nous surprend avec ce superbe roman. Entre fiction et réalité, on navigue sans visibilité où plutôt trop ou pas assez, on se laisse guider pour ne plus savoir ensuite quoi en penser. est-ce une histoire vraie, une fiction allez savoir en tout cas, cela mérite quelques compliments et que vous fassiez rapidement une idée par vous-même. un superbe roman à découvrir de toute urgence.
L'année clé c'est 1967, cela aurait pu être également le titre de ce roman, vous saurez le pouqrquoi du comment bien assez tôt, plongez dans la vie de Adam Wlaker, un étudiant en littérature qui lors d'une soirée fait une étrange rencontre avec un français, Born, également professeur et sa compagne Margot, ombre de la nuit. Leurs destins sont quelque part scellés et l'on suit pas à pas cet histoire de vie qui se déroule sur près de trois décennies avec des évènements qui marqueront à jamais le jeune Adam qui ne saura jusqu'à la fin de ces jours s'en détacher. Rencontre également avec Gwyn, sa magnifique soeur avec laquelle leur rapport sont proches, très proches même, entre fantasme et désir, les sentiments du jeune Adam oscillent. Il est aussi question de leur jeune frère, de celui qui n'est plus que fragments de mémoire qui s'estompent avec le temps, la vie de famille qui vole en éclats, le départ vers l'ailleurs, le destin qui suit inéluctablement cet homme pour qu'il puisse faire face, allez savoir, il n'a que 20 ans et quelques... Comment une vie peut-elle être marquée par quelques évènements...
Un roman écrit sous des angles différents, par différentes personnes, à des personnes différentes, le recul est là pour nous donner à penser, à réfléchir à se mettre dans la peau de tel ou tel personnage, de s'enhardir et de faire des amalgames. Rien n'est certain et les lieux se voilent au fil des pages, seul Paris reste réel et peut être Quilia, cette petite île perdue.
Une écriture belle, limpide, qui coule et comme on aimerait en rencontrer plus souvent, le récit vous prend par la main pour ne plus vous lâcher. Des thèmes comme la disparition, l'amitié perdue, la fuite, la mort, les rapports à la société, les doubles jeux, voire les triples, la beauté, l'ennui, les espérances te les rêves perdus et tant d'autres encore....
Tout simplement superbe
Vous ne connaissez pas Paul Auster, eh bien il n'est pas trop tard et rendez-vous sur le site dédié à Paul Auster ou chez Actes Sud évidemment....