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La rose blanche d'Inge Scholl

La rose blanche ou six Allemands contres le nazisme d'Inge Scholl est un de ces livres ou la finesse, la tristesse et la beauté des âmes non corrompues apparaissent dans sa plus belle lumière. Inge Scholl, c'est la soeur de Sophie, une des six Allemands qui a lutté contre le nazisme et en a payé le prix fort. Car, ils sont morts, morts au printemps 1943 après un procès en urgence, il s'agissait de Christophe Probst (24 ans), Hans Scholl (25 ans) et sa soeur Sophie Scholl (22 ans) pour les 3 premiers.

Qu'avait-il fait de si grave pour être traduits en justice et condamnés à mort en quelques jours alors que déjà la bataille de Stalingrad venait de se terminer ?

Eh bien ils avaient tout simplement résister à leur manière, avec leurs moyens, en ronéotypant des tracts qu'ils distribuaient dans tout le pays pour que les gens cessent de suivre la cadence de la marche au pas et qu'ils redeviennent des Hommes, des Femmes dans toute leur dignité. Des étudiants en médecine qui au départ, emballés par la fièvre patriotique se sont engagés dans les jeunesses hitlériennes, sont allés porter le flambeau, le drapeau, on connut cette liesse des premiers moments mais qui ensuite ont vite déchantés, se sont retrouvés encerclés, enfermés dans cette prison de la patrie de la nation avec à sa tête, non pas un homme éclairé mais un chien enragé.

Ils ont été combattre à la bataille de Stalingrad, ils ont vu le peu de cas des hommes, de cette chair à canon qui tombait au combat, l'horreur au rendez-vous. Il était temps de réveiller les consciences, de faire en sorte que les gens changent, se rendent compte de leur condition. Dans un des tracts on peut lire, tiré de Législation de Lycurgue et Solon :"Tout peut être sacrifié au plus grand bien de l'Etat, tout sauf, ce que l'Etat lui-même doit servir. Car il n'est jamais une fin en soi, il n'a d'importance qu'en tant que condition par laquelle l'humanité peut obéir à sa raison d'être : développement de toutes les forces humaines, progrès. Une constitution qui empêche l'épanouissement des aptitudes individuelles et contre carre le progrès de l'esprit, est nuisible et condamnable, quand bien même elle relèverait d'une pensée cohérente et atteindrait, dans son genre, à la perfection".

Travailleurs de l'ombre, de la nuit, ils se retrouvaient tous les six pour vivre leurs derniers jours de bonheur, pour réveiller ses consciences endormies afin qu'elles comprennent que la réalité, la vie avait un autre sens que la guerre, une poignée contre tous, des irréductibles des hommes et des femmes qui s'inscrivent dans l'Histoire de la résistance. Lors du procès, l'un d'entre eux a cette phrase : "Vous m'avez déchu du rang et des privilèges de professeur, vous m'avez comparé au plus bas criminel. Aucun procès en haute trahison ne peut m'enlever ma dignité intérieure de professeur d'Ecole Supérieur, d'homme qui dit clairement, sans faiblesse, sa conception du monde et de la vie politique. Ce que j'ai fait, ce que j'ai voulu, le cours de l'histoire le justifiera; j'en suis absolument certain. J'espère, par Dieu, que les forces spirituelles qui me rendront justice, pourront naître à temps de l'Allemagne. J'ai agi comme ma conscience me commandait de le faire. J'en accepte toutes les conséquences, selon ce que dit Gottlieb Fichte :
"Et tu dois te conduite 
comme si de toi et de ton acte seul
dépendait le destin de ton peuple,
et que toute responsabilité te soit impartie".

Un de ces livres où l'on peut encore espérer de l'humanité dans ses moments les plus gris, les plus sombres qu'il nous ait été donnés de connaître. Et c'est avec toute cette dignité et cette force qui les a menés au combat contre leur pays qu'Hans et Sophie vont s'en aller devant leur bourreau. Récit des quelques jours de prison, des interrogatoires sans fin et de cette force intérieure, de cette beauté d'âme de chacun qui nous éclaire par-delà les années et cette phrase de Sophie : "Quel beau jour, quel soleil magnifique, et moi, je dois mourir. Mais combien de jeunes gens, de garçons pleins d'espoir, sont tués sur les champs de bataille... Qu'importe ma mort si, grâce à nous des milliers d'hommes ont les yeux ouverts. Il y a certainement une révolte parmi les étudiants"

Voilà, un livre hommage à lire assurément pour la beauté de leur vie, pour l'écriture, pour se rappeler de ces temps maudits où quelques-uns se dressaient contre l'Horreur sans nom.
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En retard pour la guerre de Valérie Zenatti

Voilà un très beau premier roman plein de promesses.

D'une écriture fluide et souple, belle on part de Paris avec Constance Kahn qui fuit un monde qui ne lui correspond pas, plus et là voilà en Israël, à jérusalem, dans la ville aux milles lumières; elle écrit un mémoire sur Flavius Josèphe, tout un programme....

Tout en partageant son quotidien avec nathanael mais déjà leurs chemins se distendent et puis c'est le hasard des rencontre, ce jeune homme de tel Aviv à une soirée, Tamar et sa nouvelle condition de mère, un épicier pas comme les autres ou sa voisine de palier qui a a la main ur le coeur. Une histoire de vie qui se déroule pendant la première guerre du Golf, en Janvier 1991, les menaces pèsent sur Israël, le gaz chimique peut à tout instant être lancé et se rependre sur le territoire.

Est-ce pour autant que la vie s'arrête ou continue, tout dépend le point de vue. Les parents restés en France sont inquiets, la vie continue là-bas.

C'est un peu une écriture de film, un peu à la The Bubble  (le film) si l'on peut dire ou encore exit Wounds (la bande dessinée)

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Les lettres du Yage de William Burroughs

Eh bien ma foi, assez déçu par ce livre découverte sur le yage, l'ayahuasca cette drogue hallucinogène d'amérique du Sud en quelque sorte redécouverte par William Burroughs lors d'un long voyage "initiatique." 


En fait, il s'agit plutôt d'une sorte de roman retravaillé pour aboutir sous la forme d'un échange de lettres entre lui et Ginsberg, c'est d'ailleurs une de ses lettres que j'ai le plus apprécié. Ce n'est pas la forme ou le voyage en soi qui m'ont déçu mais plutôt l'écriture et le manque d'expérimentation ou de sensation issue de cette prise de yage. 

On voyage avec Burroughs dans l'amérique du sud d'alors, il est sans le sou à une vision d'en bas et presque nue des sociétés et des régimes qu'il traverse mais cela manque de force, de contrepoints... A la limite, les 60 premières pages qui décrivent l'histoire du bouquin sont presque plus denses que le bouquin en soi. Cette genèse difficile de l'oeuvre, cette insistance de Ginsberg par delà les années alors qu'il n'est plus avec Burroughs, c'est assez intéressant de découvrir les dessous d'un livre...

Voilà, je crois qu'il faudra que je lise d'autres choses de lui pour me faire une meilleure idée... J'espère qu'avec Connaissance par les gouffres de Michaux ce sera un peu différent...

Un extrait et le début du roman sur le site de l'éditeur Christian Bourgeois  :

"Le 15 janvier 1953

Hôtel Colon, Panamá

Cher Allen,
Je me suis arrêté ici pour me faire retirer mes hémorroïdes. Pas terrible de retourner parmi les Indiens avec des hémorroïdes.
Bill Gains était en ville et il a grillé toute la République du Panamá en carburant au Parégorique, de Las Palmas à David. Avant Gains, Panamá était la ville du PG. Tu pouvais t'acheter quatre onces dans n'importe quelle pharmacie. Maintenant les pharmaciens font les difficiles et la Chambre des députés était sur le point de faire passer une Loi spéciale Gains quand il a jeté l'éponge et est reparti au Mexique. Pendant que je me désintoxiquais, il n'a pas arrêté pas de me tanner, qu'est-ce que je m'imagine, junkie un jour junkie toujours. Si j'arrête la came, je vais devenir une espèce d'alcoolo larmoyant ou prendre de la cocaïne et perdre la tête.
Une nuit, j'étais bourré et j'ai acheté du parégorique et il n'a pas cessé de me dire encore et encore : «Je savais que t'allais revenir avec du parégorique. Je le savais. Tu vas rester junkie pour le restant de ta vie» en me regardant avec son petit sourire de félin. La came est une cause avec lui.
Je suis descendu à l'hôpital en manque et j'y ai passé quatre jours. Ils ne m'ont fait que trois piqûres de morphine et je n'ai pas pu dormir à cause de la douleur et de la chaleur et de la privation sans compter qu'il y avait un cas de hernie panaméenne dans la chambre avec moi et que ses amis sont venus le voir et sont restés toute la journée et la moitié de la soirée, l'un d'eux est en fait resté jusqu'à minuit.
Me souviens d'être passé dans le couloir devant des Américaines qui ressemblaient à des femmes d'officiers. L'une d'elles disait : «Je ne sais pas pourquoi mais je ne peux absolument pas manger de bonbons.»
«Vous avez du diabète, lady», ai-je dit. Elles se sont toutes retournées d'un coup et m'ont lancé un regard scandalisé.
Après avoir quitté l'hôpital, je me suis arrêté à l'ambassade américaine. Il y a devant l'ambassade un terrain vague recouvert de mauvaises herbes et d'arbres où les garçons se dénudent pour aller nager dans les eaux polluées de la baie; foyer d'un petit serpent de mer venimeux. Odeurs d'excrément et d'eau de mer et du désir de jeunes mâles. Pas de lettres. Je me suis encore arrêté pour acheter deux onces de parégorique. Le même vieux Panamá. Des putes et des macs et des arnaqueurs.
«Tu veux une gentille fille?»
«Une danse de femmes nues?»
«Me voir baiser ma s?ur?»
Pas étonnant que le prix de la nourriture soit si élevé. Ils ne peuvent pas les garder à la ferme. Ils veulent tous venir dans la grande ville et devenir des macs.
J'avais sur moi un article de magazine sur une boîte à l'extérieur de Panamá appelée le Blue Goose. «C'est une boîte où l'on voit de tout. Des trafiquants de drogue se cachent dans les toilettes pour hommes avec à la main une seringue hypodermique remplie et prête à gicler. Ils sortent parfois rapidement des toilettes et vous la plantent dans le bras sans attendre votre consentement. Les homosexuels se déchaînent.»
Le Blue Goose ressemble à un relais routier du temps de la Prohibition. Un long bâtiment à un étage délaissé et recouvert de vigne vierge. J'entendais des grenouilles croasser depuis les bois et les marécages aux alentours. Quelques voitures garées à l'extérieur, une faible lumière bleuâtre à l'intérieur. Ça m'a rappelé un relais routier de mon adolescence et le goût des gins rickeys en été dans le Midwest. (Oh mon Dieu! Et la lune d'août dans un ciel violet et la bite de Billy Bradshinkel. Comme tu peux être larmoyant parfois!)
Immédiatement, deux vieilles putes se sont assises à ma table sans que je leur aie demandé et ont commandé à boire. L'addition pour une tournée était de $6,90. La seule chose qui se cachait dans les toilettes pour homme était une dame-pipi insolente et exigeante. J'ajouterais que bien loin de me déchaîner au Panamá, je n'y ai jamais déniché un garçon. Je me demande comment serait un jeune Panaméen? Probablement coupé. Quand ils disent qu'on y voit de tout, ils font référence à la boîte, pas aux clients.
Je suis tombé sur mon vieil ami Jones le chauffeur de taxi et je lui ai acheté de la C qui était coupée, un aller-retour en enfer. J'ai failli m'étouffer en essayant de sniffer assez de cette merde pour décoller. C'est ça le Panamá. Je ne serais pas surpris qu'ils coupent les putes avec du caoutchouc spongieux.
Les Panaméens sont en quelque sorte les gens les plus minables de l'Hémisphère (j'ai cru comprendre que les Vénézuéliens leur faisaient concurrence) mais je n'ai jamais rencontré un groupe de citoyens aussi déprimant que ceux de la fonction publique de la zone du canal. On ne peut pas contacter un fonctionnaire au niveau de l'intuition et de l'empathie. Il n'a tout simplement aucun poste de réception, et il s'épuise comme une vieille pile morte. Il doit y avoir une onde cervicale basse fréquence spécifique aux fonctionnaires.
Les hommes de la fonction publique n'ont pas l'air jeunes. Ils n'ont aucun enthousiasme et aucune conversation. En fait, ils évitent la compagnie des civils. Les Noirs branchés sont les seuls éléments avec lesquels j'ai des contacts au Panamá et ils font tous dans l'arnaque.

Affectueusement,
Bill

P.S. : Billy Bradshinkel s'est avéré être une telle nuisance que j'ai dû finalement le tuer :
La première fois, c'était dans ma modèle A après le bal d'étudiants du printemps. Billy avec son pantalon baissé jusqu'aux chevilles et sa chemise de smoking encore sur le dos, et du foutre sur tout le siège. Plus tard, je lui ai tenu le bras lorsqu'il a vomi devant les phares de la voiture, l'air jeune et pétulant avec sa chevelure blonde tout ébouriffée dans le vent chaud de printemps. Puis nous sommes retournés dans la voiture, j'ai éteint les feux et j'ai dit : «Encore une fois.»
Et il a dit : «Non on ne devrait pas.»
Et j'ai dit : «Pourquoi?», et du coup il était lui aussi excité alors on a recommencé et j'ai glissé mes mains le long de son dos sous sa chemise de smoking et je l'ai serré contre moi et j'ai senti les longs poils de bébé de sa joue tendre contre la mienne et il s'est endormi là et le jour s'est levé pendant qu'on rentrait en voiture.
Après ça plusieurs fois dans la voiture et une fois sa famille était partie et nous avons retiré tous nos vêtements après quoi je l'ai regardé dormir comme un bébé, la bouche entrouverte.
C'est l'été où Billy a attrapé la typhoïde, et je suis allé le voir tous les jours et sa mère me donnait de la limonade et une fois son père m'a donné une bouteille de bière et une cigarette. Quand Billy allait mieux, nous allions souvent en voiture jusqu'au lac Creve C?ur et nous louions un canot et nous allions pêcher et nous nous allongions au fond du canot bras dessus bras dessous sans rien faire. Un samedi, nous avons exploré une vieille carrière et nous avons trouvé une grotte et dans cette obscurité poisseuse, nous avons enlevé nos pantalons.
Je me souviens que c'est en octobre de la même année que j'ai vu Billy pour la dernière fois. L'un de ces jours tristes et brillants qu'on trouve dans les Ozarks en automne. On était partis en voiture à la campagne pour chasser les écureuils avec mon .22 à un coup, et nous marchions dans les bois sans rien voir sur quoi tirer, et Billy était silencieux et morose, et l'on s'est assis sur une bûche, et Billy regardait ses chaussures et finit par me dire qu'il ne pouvait plus me revoir. (Tu remarqueras que je t'ai épargné les feuilles mortes.)
«Mais pourquoi Billy? Pourquoi?»
«Eh bien, si tu ne le sais pas, je ne peux pas te l'expliquer. Retournons à la voiture.»
On est rentrés en voiture dans le silence et quand on est arrivés devant chez lui, il a ouvert la porte et est sorti. Il m'a regardé une seconde comme s'il allait dire quelque chose puis il s'est retourné d'un coup et a pris le chemin en dalle qui mène à sa porte. Je suis resté assis là une minute, je regardais la porte fermée. Je suis rentré chez moi en voiture,
je me sentais tout engourdi. La voiture à l'arrêt dans le garage, je posai ma tête sur le volant, et commençai à sangloter et me frottai la joue contre les rayons en acier. Puis Mère m'appela d'une fenêtre à l'étage qu'est-ce qui n'allait pas et pourquoi je n'entrais pas dans la maison. Alors j'essuyai mes larmes et rentrai et prétendis être malade et je montai me coucher. Mère m'apporta un bol de pain perdu sur un plateau, mais je ne pus rien avaler et pleurai toute la nuit.
Après ça, j'ai téléphoné plusieurs fois à Billy, mais il raccrochait toujours dès qu'il entendait ma voix. Et je lui ai écrit une longue lettre à laquelle il n'a jamais répondu.
Trois mois plus tard quand je lus dans le journal qu'il s'était tué dans un accident de voiture et que Mère me dit : «Oh, c'est le petit Bradshinkel. Vous étiez de si bons amis, n'est-ce pas?»
Je dis : «Oui Mère» et ne ressentis rien du tout.
J'en ai tellement de ces folles niaiseries que je pourrais en remplir des pages et des pages. Un autre numéro : Un homme qui fabrique des souvenirs sur commande. Le genre que tu veux et il te garantit que tu croiras que les choses se sont passées exactement comme ça; (En fait, j'étais moi-même sur le point de gober Billy Bradshinkel.) Un vers du Marchand de sable japonais sert de chanson thème à l'histoire : «Rien qu'un vieux revendeur qui troque vos nouveaux rêves contre ceux d'antan.» Ah que Diable! Refilez ça à Truman Capote.
Un autre souvenir mais véridique. Tous les dimanches au déjeuner, ma grand-mère nous ressortait son défunt frère du tombeau mort il y a 50 ans lorsqu'en tirant sur son fusil de chasse coincé dans une barrière, il s'explosa les poumons.
«Je n'oublierai jamais mon frère, un si gentil garçon. Je déteste voir des garçons avec des fusils.»
Alors tous les dimanches au déjeuner, on avait droit au garçon étendu près de la barrière en bois et au sang sur l'argile rouge et gelée de Géorgie qui coulait dans le chaume hivernal.
Et cette pauvre Mme Collins qui attend que mûrissent ses cataractes pour se faire opérer de l'?il. Oh Seigneur! Les déjeunés dominicaux de Cincinnati!
"

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L'iliade et l'odyssée d'homère



Une relecture qui ne peut pas faire de mal pour ceux qui ne connaîtrait pas encore le bon vieil aède grec qu'est Homère.

Il s'agit pour l'Iliade  de conter la guerre de Troie, la si célèbre guerre qui voit s'affronter pendant plus de 10 ans les plus merveilleux combattants grecs (Achille, Patrocle, Agamemnon, Ménélas, Hélène, Ulysse, Nestor, Ajax, ..) et troyens (Priam, Hector, Pâris, Andromaque); les dieux (Zeus, Poséidon, Héra, Océan, Apollon, Héphaïstos, Athéna, Aphrodite, Thétis, Hermès) arbitrant du haut des cieux ce combat fabuleux. Une véritable tragédie où la mort est là qui rode, le destin de chacun étant écrit de toute éternité, nul ne peut se dérober à sa ligne de vie, l'honneur également a sa place ici où c'est pour la belle Hélène que tout a commencé. 

Ulysse est le grand gagnant de cette guerre impitoyable mais il ne pourra revenir vers son port d'attache, vers l'île d'ithaque où l'attendent Pénélope, sa femme, la reine et télémaque son fils que très longtemps après cette guerre impitoyable. C'est là que débute un autre épisode tout aussi fantastique, celui de l'odyssée, cette d'Ulysse et de ses compagnons où du moins ce qu'il en restera après ce périple où les dieux ont exilé aux confins du monde le héros. 

C'est entre le chant IX et le chant XII q'Ulysse conte aux hommes ses mésaventures qui le mène d'abord vers les Cicones et de leur fuite vers les lotophages où la nourriture offerte plongeait chacun dans l'oubli et l'absence de volonté de repartir. Vient ensuite le célèbre épisode de l'Ile des cyclope où Ulysse réussit à se jouer de Polyphème et à sa sauver in extremis avant d'être manger par cleui-ci mais déclenche alors en disant son nom la colère de Poséidon. Ils abordent alors l'île d'Eole et la fuite vers l'île de Circé la magicienne et seul la rencontre d'Hermès permet à Ulysse de faire plier la déesse et de retransformer ses compagnons devenus porcs par les enchantements de la belle... Il partent alors à la rencontre aux enfers de Tirésias le devin pour enfin connaître l'heure du retour vers leur patrie tant aimée... il échappe aux sirènes et aux gouffres de Charybde et Scylla avant d'attérir sur l'île de Calypso où il demeure prisonnier aux côtés de la déesse. Seule l'intercession d'Athéna auprès de Zeus permettra enfin au héros de revenir vers sa cité et l'aide de Minerve lui sera acquise...

Un superbe poème à lire et relire pour se plonger avec délice dans la Grèce et je vous conseille même si cela est un peu pointu la lecture du petit bouquin de Jean-pierre Vernant intitulé "L'Individu, la mort, l'amour : Soi-même et l'autre en Grèce ancienne"  qui comme son titre l'indique parle de la place de l'individu dans la Grèce, cette notion qui ne recouvre pas du tout le même sens que nous lui donnons aujourd'hui...

Jean-Pierre Vernant d'indiquer lors d'une interview sur France Culture  : "au fond, l'individu, c'est le problème qui est central, qui est par derrière et qui fait l'objet d'une dernière étude qui est, franchement alors, consacrée à ce problème et qui essaye de situer dans l'histoire de la Grèce classique et en la prolongeant, le problème de l'individu. Pourquoi, autour de cette question, la mort et l'amour, vont-elles intervenir ? Le point central, c'est qu'il y a un paradoxe dans le monde grec. Il y a un paradoxe parce que c'est une société où l'individu apparaît, et apparaît assez vite, à la fois dans les formes politiques, dans le droit, dans le fait qu'il y a une vie privé, et que nous nous sentons, sur ce plan, en résonance avec eux. Mais, en même temps, c'est une culture tout à fait différente de la nôtre. C'est-à-dire, qu'il n'y a aucun sens du péché, il n'y a pas, non plus, le sentiment, de ce qu'on appelle, d'un moi intérieur, d'un sujet intime, d'un secret de la conscience de soi. Et, par conséquent, ce qui est fondamental, pour définir l'individu, c'est certainement son corps. Il n'y a pas d'individu sans un corps, sans un visage qui dit ce qu'il est, c'est son nom, ce sont ses différents statuts sociaux qui sont fondamentaux. Quand un héro se présente dans l'Iliade, il dit non seulement son nom mais il dit toute sa généalogie, donc on est tous là, et on est, d'une certaine façon, tous les statuts sociaux dans lesquels on est engagé. Mais comme c'est une culture qu'on a appelée culture de la honte et de l'honneur, c'est-à-dire où l'on est ce que l'autre voit de soi-même, pense de soi-même, où ce qui compte c'est de ne pas perdre la face, où l'on existe dans la mesure où autrui vous reconnaît et vous met à une certaine place et où, par conséquent, l'élément fondamental n'est pas d'accomplir son devoir, la notion de devoir n'est pas une notion qui est importante, mais d'acquérir du renom et de la gloire. On est donc, toujours, soit l'écho que vous renvoi la société de vous-même, soit ce que vous lisez de vous-même dans le regard de l'autre"

Et puis, pour continuer avec Jean-Pierre Vernant, le site de France Culture  qui diffuse des émissions en hommage à ce grand homme
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Les éditions TriArtis à l'honneur avec les scènes intempestives

Avant de commencer à parler des éditions TRIARTIS, il faut d'abord et avant tout vous parler d'un petit village bien connu des passionnés de correspondance mais aussi de quelques autres pour ses soirées nocturnes. Il s'agit de Grignan, petit village de la Drôme qui abrite en ce lieu, entre autres le château de la Marquise de Sévignée, si célèbre par ses lettres évidemment...

Aussi, il apparaît normal qu'il accueille en ces murs le festival de la correspondance et ses fêtes nocturnes  dont j'ai pu aller voir quelques soirées...

Mais alors, on me parle de Grignan, de la marquise de sévignée et pourquoi est-il question des éditions Triartis ? Eh bien rien de plus simple, la maison Triartis édite des livres à partir des scènes intempestives de Grignan. Aussi, si vous n'avez pas l'occasion d'aller écouter les échanges qui peuvent avoir lieu lors du festival, vous pouvez au moins lire les écrits. 


Je vous conseille donc de commencer par "Qu'est-il arrivé à bette davis et Joan Crawford ?" de jean Marboeuf qui a d'ailleurs déjà été joué au Théâtre des Bouffes du Nord, cela devrait bientôt reprendre d'ailleurs... Et que se cache t-il derrière ce titre énigmatique, qui est-ce déjà Bette Davis ? une danseuse ? Non non, Bette Davis  est une actrice, une très belle actrice qui a eu son heure de gloire, il n'y a pas si longtemps que cela d'ailleurs et qui a joué avec quelques réalisateurs fameux dont Robert Aldrich, le réalisateur de Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? en 1962. Or, tout se passe juste en amont et pendant ce fameux film qui a été apporté par joan Crawford à Bette Davis et c'est le dialogue qui se noue entre les deux actrices, entre deux tempérament que tout oppose. Dans cette correspondance qui aurait pu exister, c'est une histoire de vie qui se joue, une histoire d'Hollywood à échelle réduite qui intrif=gue, les mesquineries ressortent, la peur de l'autre, le rejet, la haine, les choix de Bette davis et de son personnage controversé, un véritable condensé de bonheur dans un peu plus de 50 pages. ON est triste que cela arrive à terme, c'est trop rapide, c'est trop tout en subtilité et en finesse pour que cela s'arrête abruptement et on a envie de s'enfoncer plus avant dans ces vies inconnues, mais non, c'est trop tard, seul le souvenir peut nous guider... en tout cas je vous conseille vivement, c'est un réel plaisir que ce dialogue entre deux monstres d'Hollywood...



Vient ensuite "Delacroix / Sand - L'Amitié en clair-obscur". Nul n'est parfait et c'est avec plaisir que j'apprends la rencontre inopiné de Delacroix  avec George Sand, alors qu'elle est en proie à une violente rupture avec son amant d'alors : Alfred de Musset. Etonanante rencontre qui d'ailleurs n'a pas lieu la première fois et qui va aboutir à une amitié amoureuse entre ces deux êtres pendant près de 30 ans, une belle amitié dans laquelle on plonge littérallement, découvrant delacroix au prise avec ses toiles, sa vie, sa fatigue et de l'autre une George Sand travaillant la nuit pour Le Monde, produisant ses pièces de théâtre et se mariant avec Chopin et habitant à Nohant ou Delacroix aime à leur rendre visite loin du tumulte parisien.


Une correspondance qui se suit du 16 novembre 1834 au 13 août 1863. On entrevoit dans cette correspondance choisit la tendresse et le franc parler qui unit ces deux êtres. Delacroix aurait sûrement pu/voulu être plus allez savoir, c'est difficile de savoir mais voilà tout est là. Après la rupture avec Chopin, Delacorix ne retournera plus là-bas, évoquant sans cesse son travail... Et puis c'est l'occasion de connaître la genèse des 2 tableaux de George Sand par Delacroix et par... mais il semble qu'il est dorénavant disparu... En tout cas, c'est une belle lecture de lettres qui vous attend tout en vous imiscant dans cette vie d'alors. Une très belle réussite qui permet alors peut être de se replonger dans d'autres lectures de Sand ou quelques tableaux de Delacroix. Je ne savais pas qu'il avait oeuvré à saint Sulpice, une prochaine visite me permettra d'y voir plus clair et de même au Louvre...

Avis aux amateurs de correspondance et plus généralement aux amateurs de littérature....

48, rue du Fer à Moulin - 75005 Paris
Tel: 09 51 74 96 29

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