BLOG CULTUREL
La comédie humaine de Jacques Villeglé au Centre Pompidou
Une très belle exposition qui commence au centre Pompidou, celle des affiches déchirées de Jacques Villeglé.
Retour sur un travail hors normes qui s'inscrit dans un temps qui n'est plus, malheureusement ou différemment peut être comme nous pourrons le voir d'ici peu
C'est avec Raymond Hains (on peut d'ailleurs voir quelques toiles exposées à la Galerie W ) que cela débute vers la fin des années 45 avec des constructions et des inventions étonnantes et puis la décision de prendre des affiches déchirées dans la rue et les exposer, tout simplement.
Le rendu de ces premières affiches est tout à fait sublime je dois dire. Généralement, seul la main du passant a touché, rippé, déchiré l'affiche exposé. Dans celles-ci, ce qu'il y a de plus troublant, c'est le rendu un peu vieillot, avec des couleurs étonnantes. C'est celle des années 50 à 70 que j'ai préféré comme celle en exergue de l'exposition. Sur le site Internet de Jacques Villeglé, on peut lire qu'il se définit "comme un artiste non producteur, un ravisseur d'affiches, un releveur de traces de civilisation, selon l'expression de Walter benjamin. Il s'est mis au service de "Lacéré anonyme", dont il prélève, avec le minimum d'intervention, la production sur les murs de Paris". Sur le site de l'exposition, on peut lire : "Villeglé, tout autant, prône l'effacement de l'artiste au profit de l'expression spontanée de la rue"
L'exposition est découpée en plusieurs salles, les premières sont les plus anciennes, les plus réussies. Puis viennent quelques affiches de grand format telle celle-ci. C'est presque du Dubonnet... Et puis, vient également la salle des couleurs, une affiche, un aplat de couleur uniforme puis un arrachement, et l'oeuvre qui est là. C'est très réussi, j'aime beaucoup cette série là. Et puis c'est amusant de voir ces panneaux avant, quand parfois on voit comment sont changés les affiches, il n'y a plus cette épaisseur, une affiche en chasse un autre ou presque, l'éphémère est au rendez-vous. Car finalement, ce qui donne cette sensation, cette beauté aux affiches de Jacques Villeglé nous ramènent, c'est cet empilement de couches qui tel une toile a été savamment retravaillé, par le temps, la main, la colle, le passant, l'enfant qui s'amuse avec cette notion d'aléatoire qui surgit dont ne sait où pour enfin devenir une création.
Également une salle sur son travail sur les signes, les lettres, l'alphabet politique
Quelques séries plus politiques va t-on dire, sur des campagnes présidentielles, celle de Pompidou, de Giscard puis celle de Mitterrand, on est dans les années 80 mais déjà j'aime moins, les couleurs sont différentes, le rendu moins subtil, c'est dû aux affiches, à l'époque. Et plus ça va moins j'aime le temps qui passe et qui voit des changements dans les obligations ; Villeglé du aller récupérer des affiches en province, en périphérie, c'est la période de la décentralisation...
Également un hommage à Dubuffet et sa hourloupe, je pensai mal lire mais non c'est bien ça dont il s'agit cette affiche si particulière et si reconnaissable...
et puis pour le reste, laissez vous tenter par la découverte, c'est jusqu'en janvier, vous avez quelques jours encore devant vous....
Ensuite, vous pouvez vous rendre également sur Flickr ou un groupe a été constitué avec quelques photographies d'affiches déchirées
Début de parcours au Musée du Quai branly
© musée du quai Branly, photo Nicolas Borel
Incursion de longue date reculée au musée du quai branly, notamment du fait de l'engouement de celui-ci par le public et de mon horreur de faire des queues à n'en plus finir. Or par le plus grand des hasards, il s'avère que cette journée devait être sous de bons hospices et nous voilà entrant dans la structure en spirale pour accéder aux 4 continents (océanie, asie, amérique et afrique).
Nous décidons de nous aventurer en Océanie et si de prime à bords je ne suis pas un fan des arts premiers, il s'avère que l'ambiance générale du musée, des emplacements, l'absence de connaissance du domaine commence à m'intriguer et me voilà plongé dans un autre monde jusqu'alors inconnu?
Étonnant de rentrer dans les us et coutumes de cultures à ce point différente; de s'immiscer dans ce quotidien d'avant et peut être encore pour certains encore quelques restes de coutumes qui perdurent aujourd'hui, allez savoir. En tout cas, un voyage étonnant et plein de découvertes bariolées, le culte des ancêtres, les rites d'initiation qui revêtent une importance capitale dans ce passage à l'âge adulte. Retrouvez des totems, des masques de rites initiatiques, des costumes, des parures, des colliers en dent de chauve souris, des colliers aux dents de singe, des sculpture d'une finesse toute particulière. C'est l'occasion d'en apprendre un peu plus et de revenir ici ensuite sur l'océanie.... allez hop, partez à la découverte de nouveaux mondes.
Nous avons également fait une incursion en Amérique mais là, c'est moins parlant ou plus connus dira t-on. Pour la petite histoire, vous retrouvez le crâne de cristal similaire à celui du dernier Indiana Jones et la controverse qu'il y a autour, également quelques quipou péruvien qui étaient réputés en dire long sur l'histoire des Incas même si d'après Alfred Métraux, ce n'est pas aussi simple... puis vient l'amérique du Nord avec ses indiens et leurs parures et coiffes à plumes, leurs vêtements en peau, leurs bijoux et même un totem... un autre voyage plus proche de nous
En tout cas, un très bel endroit plein de charmes avec ses bambous qui nous entoure, cette végétation luxuriante et belle, un petit coin d'ailleurs dans le coeur de Paris.
37, Quai Branly - 75007 ? Paris
Tel : 01 56 61 70 00
Sophie Calle à la Galerie Emmanuel Perrotin
"Where and when/Où et quand? Berck" 2004/2008
Et voilà que la belle Sophie revient nous faire un petit bonjour avec deux histoires, deux espaces-temps qu'elle a concocté expressément pour nous. Avec "Où et Quand", nous partons dans une sorte de roman photos vers la destination de berck, dans un premier temps. Dans les aventures de Sophie Calle, on est toujours dans des à côtés, des possibles, des probables, des situations qui sortent un tantinet de l'ordre établi; la démarche est là, suivre une voie autre. c'est tout l'art de mettre en scène sa vie qui apparaît et là encore une fois, enfin deux.
On se souvient, il y a bien longtemps maintenant de ses filatures, des séances de sommeil en direct, de ses anniversaires ou encore plus récemment le commentaire tout professionnel d'un email de rupture...
"Le lundi 17 Mai 2004, j'ai quitté Malakoff à 8 heures 55. Je suis arrivée Gare du Nord quelques minutes avant le départ du train en direction de Rang du Fliers.
Je savais seulement que je devais me rendre à Berck et, dès mon arrivée, contacter ma voyante afin qu'elle me donne de nouvelles instructions sur la suite du programme.
J'avais proposé à Maud Kristen de m'indiquer mon futur afin de ne pas l'attendre, aller à sa rencontre, le prendre de vitesse. Où ? Quand ? Quoi ?
Elle avait refusé. Alors j'avais réduit mes ambitions : Où et Quand ?
Elle a accepté de tenter l'expérience, faire un test, avant de s'engager plus sérieusement.
Elle a consulté les cartes : Le premier train, lundi prochain, en destination de Berck.
Je ne sais pas pourquoi on veut vous faire aller là-bas, on va le découvrir. Une fois que vous serez à la gare, vous m'appellerez et nous verrons... Nous verrons... Allez voir. Mon futur m'attend lundi à Berck"
Lire l'interview de Maud Kristen pour en connaître un peu plu sur les dessous...
Et puis, suivant la même méthode, c'est vers Lourdes que le futur de Sophie Calle est orienté, toujours selon les dire de Maud Kristen.... elle trouvera d'autres traces, plus personnelles...
"Where and when? Lourdes/Où et quand? Lourdes" 2008
Voilà, un petit parcours à la Sophie Calle qui vous en apprendra un peu plus sur elle, vous en dire plus serait gâcher votre plaisir messieurs mesdames.... et si vous n'avez malheureusement pas l'occasion de vous y rendre d'ici début octobre, eh bien rendez-vous sur le site de la Galerie Perrotin
76 rue de Turenne & 10 impasse saint-Claude 75003 Paris
Tel : 01 42 16 79 79
Estampes et livres illustrés de Zao Wou-Ki à la BNF
Voilà une très belle exposition à ne pas manquer à la Bibliothèque Nationale de France (BNF), site François Mitterand. Je ne connaissais que de nom avant d'y aller par les hasards des circonstances. Eh bien, le résultat est au-delà de l'imaginable.
Une petite exposition assez complète à ce qu'il me semble (120 tableaux quand même), mini-rétrospective permettant d'avoir une vision d'ensemble de l'oeuvre de Zao Wou-Ki, un peintre contemporain élu à l'académie des beaux arts en 2002 (lien à partir duquel on peut voir quelques tableaux).
Trois périodes se détachent : celle de l'arrivée sur Paris et sa période figurative, dans les années 1948 à 54 avec des influences dePicasso par exemple mais on retrouve aussi des traits de Chagall , des tableaux tout en douceur, en finesse, des personnages, des animaux, des maisons, des situations, c'est ce qui le fera connaîtred'Henri Michaux qui illustrera quelques unes de ses lithographies par ses poèmes. Une période figurative très riche de mon point de vue et lorsque vous voyez l'oeuvre d'ensemble, c'est tout à fait étonnant que cette première période qui n'a strictement plus rien à voir avec ses dernières pièces. Il y a comme dirait F. deux peintres en un...
Également quelques tableaux presque naïf ou à la manière d'ombres chinoises avec également; la couleur est déjà bien présente avec cette palette très vaste et variée où uniforme comme on peut le voir sur les baigneuses par exemple.
J'aime vraiment beaucoup certaines des pièces de cette époque mais malheureusement que cela soit dans le catalogue où dans d'autres livres je n'ai pas pu retrouvé d'exemples significatifs, peut être aurez-vous plus de chance...
Ensuite une période de recherche, allant vers l'abstraction on est entre 1954 et 1962. Cette période ne me plaît gère, trop abstraite à monoût , peut être également trop violente. On est dans un condensé de toiles, de couleurs une sorte de force interne qui demande à s'exprimer mais qui n'y arrive pas encore, les couleurs sont là mais pas encore relâchées... ne s'exprimant pas encore totalement.
Et puis vient la période d'abstraction lyrique dès 1962 suivi du travail à l'encre de chine à partir du début des années 70 et là on entre dans un autre monde, dans différents mondes qui selon vos envies, votre regard vous porteront au loin. Les couleurs des lithographies éclatent de toutes parts se répandant sur les toiles de manière fluides, évidentes. Il y atoujours ce noeud gordien si l'on peut dire mais il se dénoue doucement, laissant place à la montagne, aux transformations humaines, aux villes de demains, à l'élévation; à un lion ou un vieillard attendent nonchalamment d'un côté alors qu'une scène montre un explosion ou encore une nuée d'étoiles dans le firmament si ce n'est pas l'hydre à sept têtes qui se cachent dans la grotte.
Dans ses tableaux, on se perd littéralement et on se retrouve doucement, pour chaque fois replonger dans d'autres mondes. C'est cette capacité à nous faireentr'apercevoir ces mondes qui est étonnante et si belle.
Une petite vidéo intéressante sur la notion de peintre et d'oeuvre, sur l'absence de compromis ou encore sur le regard qu'il a sur ses toiles, cette distance et ce recul nécessaire, cetteautocritique sur son art.
En tout cas, un joli parcours qui vous permettra en plus de lire quelques poèmes que cela soit d'Henri Michaux (1950, 1981 et 1995), de René Char (1957 et 1974), d'André Malraux (1962), d'Arthur Rimbaud (1966 et 1967), de Philippe Jaccottet (1981), d'Yves Bonnefoy (1993, 1994 et 1996), de François Cheng (1994) ou encore de bien d'autres pour lesquels il a illustré leurs livres de ses lithographies.
Voilà, quelques mots pour vous dire qu'il faut aller voir cette belle exposition tout simplement
Présentation de l'exposition en mode vidéo sur le site de la BNF et explications de textes et en écoute sur le site de RFI
analyse d'un tableau du début...
Arts urbains à l'honneur à la Galerie Anne Vignial
Retrouvez cet petite galerie plus que très sympathique avec aux commandes Anne Vignial qui expose en ces murs un collectif d'artistes urbains de renoms à savoir Artiste-Ouvrier, Dewad & Gumo, Epsylon Point, Franck Duval (FKDL), Jef Aérosol, Mr Lolo, Ludwig, Mosko & Associés, Nice-Art.
C'est également l'occasion d'acheter pourquoi pas le premier livre de FKDL, "Figures" pour une modique somme, en plus il s'agit d'une série limitée alors on se dépêche...
Vous allez rapidement reconnaître les artistes et leurs oeuvres urbaines, celle de FKDL sont celles que je préfère pour le moment, ces collages sublimes qui s'effeuillent dans la ville avec des formes bien connues maintenant, pas loin de là, un de ces collages géant commence à s'effriter c'est la vie, c'est vrai qu'il était en place depuis novembre dernier.
Sinon, il y a bien entendu les animaux parfois sauvage de Mosko & Associés et puis j'aime tout particulièrement les pochoirs de Nice-Art, non pas uniquement parce que je suis de Nice également mais une certaine poésie qui me plaît s'en dégage naturellement
Et puis et puis, allez-y, je vous laisse découvrir la collection c'est toujours agréable de voir matérialisé ses crétions urbaines.
Pour une vision plus complète retrouver le set de l'exposition sur le Flickr de la galerie Anne Vignial
Galerie Anne Vignial
53 rue Charlot - Paris 75003
Tel : 01 48 87 01 00
info@annevignial.com