24heures chrono, Saison 8 (7/10)

C'est la fin, ou presque, on verra, en tout cas encore une fois on est dans les starting blocks avec cette histoire de complot sur les sol des Etats-Unis à l'heure d'aujourd'hui et de la notion de « secret » en matière de diplomatie suite aux différentes révélations de wikileaks. A ce titre, il est intéressant de lire l'article de Aurélien Colson paru dans le Monde du 13 décembre intitulé : « Fin du secret diplomatique ?»

Un enchaînement assez dingue d'actions et de décisions qui se déroulent sur une seule et même journée, assez éprouvant nerveusement? même si bien sûr au fil des saisons on commence à connaître les ficelles du métier et les personnages et leurs zones d'ombres, de grandeur.

C'est un peu avec 24 heures chrono que l'on est  entré dans le monde des séries nouvelles, un peu différentes de celles qui prévalaient avant elles, sorte de soap sans réelle dimension, et du partage et de l'engouement qui s'est développée autour d'elles? il y en a eu pléthore depuis lors en passant par Dexter, Californication, Mad men,? et j'en passe, toujours un moment bien agréable et intense dont vous ne serez pas déçu?

Dog pound de Kim Chapiron

Plongez dans le milieu carcéral pour mineur aux Etats-Unis. Retrouvez Butch, Angel et Davis dans cette prison pour enfants, ils doivent en sortir changé, avec une autre vision du monde auquel ils appartiennent, penser à leur avenir et ne pas retomber dans cet enfer. Tout un programme qui ne sera évidemment pas la ligne.

On se place plutôt du côté des mineurs, et l'enfer est interne. A la manière de ce qui se déroule dans les prisons pour adultes, c'est bien le règne de la débrouille, de la combine, du plus fort eh oui, de celui qui ne veut pas se faire marcher dessus ou qui a la possibilité de répondre à la violence qui plane. Renforcez cela avec la question de la ségrégation et vous aurez un bel aperçu à moins grande échelle des prisons pour adultes. Un seul constat : il n'est pas possible de ressortir meilleur d'un pareil endroit.

Davis, 16 ans, trafic de stupéfiants.
Angel, 15 ans, vol de voiture avec violence.
Butch, 17 ans, agression sur un officier de probation.

Trois jeunes rentrent dans cette prison, Deux n'en ressortiront pas, un est rentré alors qu'il n'avait pas à y être, les circonstances feront qu'il y restera plus que de nature. Adam Butcher alias Butch est impressionnant.

La prison ne fonctionne pas et toutes les tentatives qui ont vu le jour jusqu'à présent pour renforcer la coercition n'ont rien résolues ; la population carcérale augmente, la violence augmente et il faut trouver une autre alternative à la répression qui ne résoudra rien.  Le dilemme reste entier vis-à-vis d'une population que l'on a pas envie de croiser et pour laquelle la société n'a pas encore trouvé de solution. Ce qui est certain c'est qu'il y a nécessairement une grande part de responsabilité de la société elle-même dans cette déliquescence et que c'est à elle de puiser dans ses fondements pour trouver des solutions alternatives à l'incarcération, recours ultime pour seuls certains individus qui ne sont plus adaptés à vivre dans la cité.

Il est intéressant de lire l'article du journal Le Monde en date du 6 décembre avec le projet D3 :
« Décourager les plus jeunes d'aller en prison. Tel est l'objectif que se sont fixés Omar Dawson et Karim Bellazaar, les producteurs du documentaire D3 : au-delà des barreaux, qu'ils ont réalisé dans le cadre d'une campagne de sensibilisation et de prévention à l'univers carcéral.
Dans ce clip-vidéo, ils reprennent les images de Fleury-Mérogis : les images interdites, un documentaire choc de 52 minutes, diffusé en avril 2009 dans l'émission "Envoyé Spécial", qui avait réuni plus de six millions de téléspectateurs. Les images, filmées clandestinement par cinq détenus parvenus à faire entrer une caméra dans l'enceinte de l'établissement pénitentiaire, donnent à voir le quotidien des prisonniers de la plus grande prison d'Europe ».
 
Pour ceux qui seraient intéressés par l'initiative, rendez-vous sur le site du projet (si pas d'affichage, essayez ici)

Et puis pour en savoir un peu plus sur la prison, regardez un extrait du reportage « Fleury-Merogis : les images interdites », les images parlent d'elles-mêmes, la prison, un lieu de non-droit, no man's land où tout est possible, permis sous le regard ou l'absence de regard de l'administration pénitentiaire qui ma foi semble dépassée.

Lilian de David Williams

David Williams, un cinéaste indépendant qui a tourné 2 longs métrages et pas mal de courts présente aujourd'hui chez Ed distribution un coffret de ses ?uvres majeures.

Lilian date de 1993 est remarquable tant dans sa construction cinématographique que sa réalisation sur un sujet qui est de plus en plus dans l'air du temps. Lilian, une dame quinquagénaire ou quelque chose dans le genre qui loue une maison à Franck où elle accueille des personnes âgés dont la famille ne veut plus et des enfants placées là car ils sont dans le besoin.

L'un est atteint d'Alzheimer, l'autre va bientôt mourir tandis que le dernier vivote. Au-dessous, ce sont les enfants qui sont là, ricky un petit bébé placé ainsi que nicky et nina et bientôt un nouvel arrivant. Chaque étage est dédié à une tranche de vie et Liliann navigue entre ses rivages. Elle se  dévoue corps et âme à ses pensionnaires, pour son prochain. Les esprits vogue dans la maison pour Lilian qui s'attache à toutes ces vies qu'elle a suivi, un objet ou quelque chose leur appartenant orne son étagère principale. Les relations avec sa fille et de celle-ci avec sa propre fille ne sont pas excellente, on sent les tensions. Les journées de Lilian sont remplies et l'on suit cet vie de dévouement avec quelques commentaires off qui nous permette de mieux appréhender le personnage attachant qu'elle est devenue.

Un documentaire-fiction dans lequel les acteurs sont presque irréels tellement les situations semblent juste, réalistes à  quelques exceptions près. Recréer l'ambiance et la vie d'une personne tout en la mimant. Une grande force émane de ce film où la manière de filmer, l'aspect photographique aussi et le noir qui entoure les scènes prend toute son importance

Une documentaire fiction comme les appelle David Williams lui-même que je vous conseille de voir, il date de 1993 maintenant mais semble encore bien actuel.

Il me reste à voir quelques uns de ces courts métrages et Thirteen où nina et l'adolescence en fugue?.

L'engrenage de Fatih Akin 6,5/10

Dernier opus de ce coffret magique de ce réalisateur turco-allemand avec lequel on se sent bien, ce n'est pas forcément  extraordinaire mais il y a dans chaque film un réalisme qui fait peur.

L'engrenage, c'est l'histoire d'une amitié, celle de Costa un grec, de Gabriel turc et qui vient de sortir de prison et de Bobby, un serbe. Le multiculturalisme par excellence, une union des différences. Des amis de la rue, du coin qui se retrouvent avec la sortie de prison de Gabriel ; le courant s'électrifie avec la meilleure amie de la s?ur de Gabriel mais qui est la petite amie de Bobby. Pour Costa, le temps n'a rien changé, il est toujours dans les larcins et Ceyda commence a en avoir assez? Quand a Bobby, il essaye de fricoter avec la mafia albanaise ce qui n'est pas du goût de tous...

Le drame est là, latent, on attend seulement qu'il arrive...

Solino de Fatih Akin (9/10)

Avec ce film en date des années 2002, Fatih Akin nous plonge dans la vie d'une famille italienne, des migrants comme on les appelle, Romano le père décide de partir trouver du travail en Allemagne, c'est l'après guerre, il faut tout recommencer et si le travail de la mine n'est pas pour lui, c'est sa femme, Rosa, la vraie cheville ouvrière et le c?ur de la famille qui va trouver l'idée qu'il fallait : monter un restaurant italien pour tous ceux qui sont partis de chez eux, pour tous les autres également.

Elle se met au fourneau et le succès est garanti. Mais c'est surtout la vie de leur deux jeunes fils que l'on va suivre de leur enfance, dans leur village de Solino où déjà se dessine le tempérament des deux frères, une rivalité qui ne s'avouent pas mais qui perdurera tout au long des années.

En quelque sorte un gentil en la personne de Gigi et Giancarlo un peu moins gentil et sur lequel on ne peut finalement pas réellement compter. Gigi veut devenir réalisateur de films de puis l'enfance, il est curieux, intelligent, intuitif, trop bon et dévoué à sa famille, à sa mère. Une histoire de vie que l'on découvre avec le plus grand des plaisirs, tout est finement ciselé, analysé, décortiqué et Fatih Akin a le temps de disséquer dans cette chronique de vie à la fois le couple et les parents, l'Italie et ses réminiscences, l'amour fraternel et maternel, les valeurs de l'amitié et la traîtrise également, l'art de filmer et de faire des films un peu aussi et surtout de Vivre ce qui reste le plus important, c'est de VIVRE avec PASSION, on ne vit qu'une fois et il serait dommage de rater ce passage qui peut être si savoureux et suave