BLOG CULTUREL
Sutures de David Small
Une bande dessinée qui ne peut être qu'autobiographique. L'histoire d'un enfant, d'une famille, de lui de son enfance et des rapports plus que difficile avec une mère qui ne l'aime pas, un père toujours absent, qui ne parle pas, un frère avec lequel il n'est pas vraiment en phase, une vie pas évidente.
Des séances de rayons X qui le marqueront à vie, deux opérations successives qui lui enlèveront la parole et presque la vie. Une grand-mère qui n'est pas franchement sympathique, c'est le moins que l'on puisse dire, la découverte d'un psychiatre qui lui sera d'un grand secours, le dessin comme seule arme et laquelle, il nous raconte sa vie celle vécue, ressentit.
Les traits sont fins, les émotions transparaissent à travers les cases, le noir et blanc est là qui renforce cet aspect, l'absence de bulles est parlante,
Une vie comme il en existe tant, sûrement, un exutoire te une libération permettront à certains de s'y reconnaître et d'eux aussi s'affranchir de ces barrières mentales qu'on a pu leur imposer, même insidieusement, c'est le pire d'ailleurs
Émancipation et reconquête du soi peut être sont la clé des songes et surtout de la vie, enfin lorsque cela est encore possible.
Une histoire assez dure mais qui vaut la peine d'être lue
Sur du9.org, la critique n'est pas ambigüe mais a des airs de désabusement : "Pour qui s'intéresse à la bande dessinée depuis longtemps, Sutures sera un livre de plus. Honnête, plaisant à lire, mais peut-être aussi plus intéressant dans le fait qu'il sort en 2009 alors que l'auteur est de la même génération que Crumb par exemple, que son style évoque Eisner dans certaines gestuelles, etc.
Sutures est un livre intéressant répétons-le, il aura du succès c'est certain, le même que Blankets en son temps par exemple, et ce sera tant mieux pour l'auteur. Mais on peut aussi lui trouver des allures de story board qui fait se demander si le fait qu'il soit une bande dessinée ait une réelle importance. Un livre indéniablement sincère, mais qui n'est pas le jalon d'« une nouvelle ère pour le roman graphique », plutôt une suite logique de son évolution récente. L'importance de Sutures tiendra plus certainement à son succès public, voire son éventuelle adaptation cinématographique".
Ils ont certainement raison, cela va s'en dire mais il reste indéniable qu'il n'y a finalement pas tant de bandes dessinées de la trempe de Blankets and co, donc une très "belle" découverte
A vous de voir maintenant...
Droit du sol de Charles Masson [8/10]
Une bande dessinée riche en expériences, celle de la vie qui passe à Mayotte, une île de la République qui est en soi un microcosme impressionnant.
D'un autre côté il y a les habitants de l'île, souvent pauvres et pour ce qui est des filles, une des seules portes de sortie est de se trouver un blanc et qu'il lui fasse des cadeaux, on est à la frange de la prostitution pour ne pas dire plus, une sorte de colonialisme par l'argent au final.
On navigue ainsi dans cette petite île avec tous ses problèmes dont celui de l'accès aux médicaments, à l'hôpital, ? l'évolution avec l'arrivée de la « sécu » mais les laissez pour compte qui en résultent, c'est certain, ce n'est pas une question facile mais peut être faudrait-il essayer d'autres méthodes moins policières.
Et puis quand au droit du sol, c'est vrai que l'on se dirige de plus en plus vers un droit du sang,
Bon en tout cas, une bande dessinée assez intéressante que je vous invite vivement à lire et à diffuser autour de vous
Le fils de l'ogre de Grégory Mardon [7/10]
Une bande dessinée découverte via NO color, encore une fois, c'est une petite mine de découverte que je ne peux que vous conseiller de suivre.
Le noir et blanc est là encore au rendez-vous mais à travers celui-ci, c'est une palette de couleurs qui vous est offerte une palette de gris, de noir et de blanc avec une histoire d'un autre temps.
Cela pourrait presque être un conte mais quand même il en manque quelques ingrédients, c'est un peu une histoire gothique un peu macabre, triste mais si belle.
L'histoire d'un enfant qui ne connaît pas son père mais qui, on le sens a des tendances à vouloir tuer, à guerroyer et qui va précipiter la déchéance de sa famille sans bien même le faire exprès.
Partant et laissant derrière lui ceux qu'ils aiment pour l'aventure, sa seule porte de sortie. Sa rencontre avec des mercenaires, attention on est en plein moyen âge? lui permettra de connaître un destin exceptionnel
Mais malgré tout, il reste aigris et ne peut se résoudre à avoir la vie de patachon qu'est devenue la sienne, une partie de chasse l'emmènera vers son destin
Fabrica de Nicolas Presl
Découvert il y a peu gràce à une critique sur le très bon No color, me voilà embarqué dans l'univers de Nicolas Presl et de Fabrica.
Il n'y a pas de doute, on est en présence d'une grande oeuvre, dénonciation par le dessin et sans le son d'un univers totalitaire qui règne, on comprend vite que l'on est revenu a peu de chose près à ce qui s'est passé avant la seconde guerre mondiale et la traque des musiciens à 6 doigts, symbole de la différence, de l'autre rappelle bien évidemment l'étoile jaune.
Il n'y a pas de bulles dans cette bande dessinée mais un peu comme dans "La où vos nos pères", le dessin se suffit à lui-même rendant par ses traits, ses expressions un fil conducteur qui nous fait rencontrer cet homme solitaire, garant de la machine 171, une hommeseuil au milieu d'autres, une usine d'où sort la mort même, un père et son fils traqué, un homme qui meurt, un enfant qui est sauvé inextremis mais pour combien de temps, la dénonciation fait rage, l'époque n'est pas gaie, malgré tout l'homme de la 171 va braver les interdits, quelques livres sauvés des flammes :Ovide et ses métamorphoses, l'anatomie du corps humain et le Don Quichotte de Cervantes, rares moments de bonheur et de rêverie pour cet enfant dont l'avenir semble se rétrécir chaque jour un peu plus...
Des personnages aux allures étranges et déformés mais qui s'attache qui vous donne envie de vous plonger dans leur univers, un graphisme tout à la fois simple et complexe.
La chape totalitaire se fait plus pressante et malgré les efforts de l'Homme du 171 et le retour de la musique, elle adoucit les moeurs dit-on... l'enfant se détache et déjà ne fait plus partie de ce monde, il rêve d'ailleurs et d'autres choses, de vie, d'air et de liberté.
Une lecture qui vous laisse pantois, le récit est d'une beauté d'une tristesse sans nom, l'expression qu'arrive à faire passer à travers ses dessins Nicolas Presl révèle un grand auteur dont il me faudra connaître les autres oeuvres rapidement
Que l'on ne s'y trompe pas, DU9.org l'avait bien évidemment remarqué : "Nicolas Presl porte son subtil langage non verbal sur celui de la société, celle totalitaire et machinique tout aussi aliénante et mortelle, portant ses conflits à l'échelle planétaire. Les forteresses volantes volent comme les spores venimeux annonçant un printemps d'acier, signent le ciel de leurs fuselagescruciformes , affichent le symbole d'un autre dogmatisme piétinant une fois de plus (refoulé) ce qui est le terreau de toute humanité. Une nature bombardée, concassée qui contient pourtant celle humaine et qui comme ultime image clos peut-être une trilogie, fonctionnant aussi comme une histoire de l'occident." et vous pouvez également lire l'interview de l'auteur
Blast, Grasse carcasse par Manu Larcenet 9/10
Bon, vous connaissez évidemment Manu Larcenet pour les 4 tomes du combat ordinaire et pour les retours à la terre et peut être pour quelques autres titres.
En tout cas, laissez vous tenter par cet album étrange, dissonant par rapport aux autres et à la fois assez proche.
Bon, je vous préviens, la gaieté n'est pas au rendez-vous et c'est le noir et blanc ainsi que les dégradés de gris qui remplaceront les couleurs habituelles du bonhomme mais il n'y a pas à dire, cet homme, cepolza Mancini que vous retrouvez dans un commissariat est touchant, il est intriguant. Du jour au lendemain, il quitte tout pour devenir libre pour vivre et n'avoir plus honte de ce qu'il est de ce qu'il a été, il devient unhomme-nature.
Il y a fort à parier que l'on relira Rousseau mais aussi Platon et la caverne ou encore camus et d'autres, cela inspire en tout cas...
Il va vous raconter son histoire, le pourquoi il a atterri ici, enfin cela prend un peu de temps mais petit à petit on rentre dans le personnage, ce personnage qui au premier abords est gros, gras, distendue, repoussant, vomissant... il devient au fil des pages plus humain, plus réel... lui qui a subi le Blast.... cette onde de choc qui vous transforme un homme, moment de pure extase qui telle une drogue devient une quête d'absolu...
Un album étonnant que je vous invite sans détour à découvrir très rapidement
Un récit dense, sombre au graphisme époustouflant
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