Version de l'automne 2007 avec Purpose 6, le webmag photographique
Alors tout d'abord pour ceux qui ne connaissent pas, je vous conseille vivement, lorsque vous aurez lu le volume 6 de faire un saut en arrière et de lire les volumes 5, 4, 3, 2, 1 de cewebmag photographique. Pour ceux aussi qui trouve cela bien, voire très bien vous pouvez faire un don et les partenariats sont également recherchés par PaulDemare.
Bon pour ce qui est de ce numéro, il est question de mémoire. Vaste sujet que celui-ci abordé sous différents angles et notamment "sur le fait que la mémoire opère un travail, longtemps après la production des images et leur diffusion. Loin d'être figée, elle participe aux mouvements de l'histoire, personnelle ou collective, que nous portons comme un emblème et un fardeau, et qui est la part fondamentale de notre identité". D'ailleurs à ce propos, je vous conseille la lecture de l'espace du scribe de David Brunel (format PDF).
Avec La pelle dell'anima (la peau de l'âme) de Fulvio Rosso, on s'aventure sur un autre terrain de la mémoire qui pourrait rappeler de mauvais souvenirs, il n'en est rien, c'est la découverte de vêtements de paysans du début du siècle enfouis, des vêtements, ce sont presque des êtres à part entière, ces photographies sont un peu le reflet de ces vies passées, de leurs conditions et la détérioration des étoffes est partie intégrante de cet état, le regard du photographe invite à la recherche, à l'observation, il est parfois un archéologue contemporain qui arrête le temps laissant à d'autres le soin d'effectuer le travail de mémoire qui peut être associé.
En exergue, cette citation d'Yves Klein : "L'homme ne parviendra à prendre possession de l'espace qu'à travers les forces terrifiantes, quoi qu'empreintes de paix, de la sensibilité. Il ne pourra vraiment conquérir l'espace ? ce qui est certainement son plus cher désir qu'après avoir réalisé l'imprégnation de l'espace par sa propre sensibilité. La sensibilité de l'homme est toute puissante sur la réalité immatérielle. Sa sensibilité peut même lire dans la mémoire de la nature, qu'il s'agisse du passé, du présent ou du futur ! C'est là notre véritable capacité d'actionextra-dimensionnelle ! "
Des photographies des oeuvres, de lui, de Paris immuable derrière le sacré coeur avec quelques écrits; j'aime bien la série Saut dans le vide. Leporto-folio ayant été réalisé en relation avec les Archives Yves Klein.
Avec J'avais huit ans de Françoise Huguier, c'est un retour douloureux au Cambodge qui s'effectue, 50 ans après l'avoir quitté: "C'est en apnée, en décembre 2003, que je suis partie à la rencontre de l'enfant, qui autrefois, avait goûté l'insouciance de la vie au coeur des plantations; j'ai retrouvé cette fillette de huit ans que j'étais autrefois prisonnière duViêt-minh et des Issarak ". C'est également pour elle un moyen de revenir vers sa mère, de communiquer avec elle sur cet espace-temps dans lequel elles ont évolué ensemble, longtemps déjà. Chronique d'un passé douloureux retrouvé, retour en 1951, date de sa libération, les lieux n'ont pas changé, seule la végétation est là pour les recouvrir, pour reprendre ses droits
Photo : DR
Identification d'une guerre de Marc Garanger est un approfondissement d'une exposition que j'avais vu il y a quelques temps dans la galerie Chambres avec Vues sur la prise de photographies, de portraits pour l'armée, en 1960, de femmes algériennes. Les portraits sont parlant d'eux-mêmes, vifs, étonnant, puissants, reflet d'un monde qui se met littéralement à nu par obligation, un monde caché qui se révèle alors par obligation. De plus, on peut retrouver ce qui n'était pas le cas dans l'exposition quelques portraits masculins tout aussi intéressant. Retour sur un passé que la mémoire française a encore du mal à accepter.
Bon vous l'aurez compris, c'est une belle aventure que de feuilleter en ligne le numéro 6 de Purpose alors allez-y, c'est enrichissant