BLOG CULTUREL
L'Ombre du Vent de Carlos Ruiz Zafon
Tout d'abord un grand merci à G qui m'a fait découvrir ce livre. Il y a des livres qui vous font rêver, qui se lise à la vitesse de la lumière et qui se passe obligatoirement.
L'Ombre du Vent est un de ces petits bijoux que l'on lit trop rapidement, avidement, une nuit blanche de rêves qui s'offre à vous, une aventure qui se confond avec la réalité, des personnages irréels et de chair et de sang, qui souffre, qui vivent, qui respirent l'air d'un temps qui n'est plus. C'est partir à la recherche d'un monde inconnu, d'un monde où le livre est tout et qu'il ne veut pas que l'on puisse l'oublier.
La vie d'un livre, d'un roman, d'une histoire et la recherche de la vérité qui l'entoure.
Le drame qui est là sous les pages et que vous ne pouvez que suivre pas à pas, fiévreusement. Le choc des mots, de la découverte de ce qui a été caché pendant tant d'années, de cet Amour infini car avant tout, il est questiond'Ammour, celui de Julian et de Pénélope , un Amour pur et éternel qui par delà les années perdure et est plus fort que tout. La quête insensé d'un homme, des amitiés sans prix qui vont au-delà de soi, d'eux-mêmes. Des vies et des destins qui se dessinent dans la jeunesse d'un collège.Barcelone comme vous ne la verrez plus jamais, Barcelone cette ville aux milles légendes et aux fantômes de la nuit qui se réveillent, le diable en personne qui de son regard embrasent le ciel et la terre. Et puis cette histoire dans l'histoire, ce recommencement perpétuel dont l'issue ne peut être celled'antant.
Retrouvez le jeune Daniel au prise avec ce lieu qui est le cimetière oubliés des livres, tout à un commencement et suivez le dans cet étrange labyrinthe qui vous ouvrira les portes jusque làinsondé et infinie de la vie de Julian Carax , écrivain maudit dont les livres disparaissent un à un, brûlés par un personnage de roman qui a pris vie, un homme au regard de braise et de cendres. Retournez dans un passé, dans la recherche du passé de cet homme pour essayer de reconstruire pas à pas cet étrange destin etmélangez-vous avec les libraires, la superbe Clara ou encore Firmin, cet ami inespéré et étonnant. La vie est faite de rencontres et celles de Daniel Sempere sont d'une richesse et d'une force que rien ne pourra faire reculer.
Bon assez parlé à vous de lire maintenant et de découvrir ce monde dans lequel vous allez vous perdre avec un bonheur infini
PS : la traduction est de François Maspero quand même...
Un livre sublime où vous vous perdrez avec délectation...
Lisez quelques unes des premières pages chez Grasset mais faites attention, vous ne pourrez plus alors vous arrêtez...
Malavita encore de Tonino Benacquista
Qui ne connait pas encore Tonino Benacquista ? En tout cas, faites un effort car il a publié quelques livres assez sympa dont Malavita.
Nous voici donc avec le deuxième opus, la suite de Malavita : Malavita encore. Pour ceux qui ne connaisse pas encore, le titre vient du chien de Manzoni, alias Blake, alias.... qui se nomme Malavita. Je vous laisse en trouver la signification.
Alors deux possibilités s'offrent à nous : vous connaissez le premier tome et savez de quoi il retourne et dans ce cas là, vous allez plonger dans ce polar et vous l'aurez terminé avant de vous en rendre compte ou si vous neconnaisez pas le premier tome, alors vous allez commencez par le commencement et apprendre à mieux connaître la famille Blake. Blake s'appelle maintenant Wayne et son nom originel n'est autre que Manzoni, un repenti de la mafia new-yorkaise dont la tête est mise à prix à près de 20 millions de dollars par les familles car il a fait pas mal de grabuge en les dénonçant. Sous la protection duFBI il vit sa vie, distillant au compte goutte ses informations auprès de son protecteur en titre Tom Quintilanni
Il s'avère que la vie de la famille Wayne n'est pas aussi paisible que ça, le père s'est soit disant reconverti en écrivain de thriller à succès sur fond d'histoire personnelle et vécue, de souvenirs mythifiés, la mère vaque à ses occupations mais là elle a décidé de faire connaître au monde entier ses fameuses aubergines à laParmesane , on les goûterai ou on se damnerait pour une portion...Belle leur fille s'amourache d'un petit français qui vit en décalé avec le monde et son fils décide pour commencer de devenir menuisier.
Une famille somme toute banale avec ses petits problèmes existentiels à résoudre mais c'est sans compter avec la vie intrinsèque des personnes, leur histoire personnelle et une sorte de destinée qui finit par les rattraper par ci par là. Donc, la vie ne va pas être si paisible que ça pour chacun des membres de la famille, attention attention préparez-vous à revoirManzoni en personne il est de retour...
D'un certain côté, on aimerait sûrement tous être un peu des Manzoni...
Bon honnêtement cela se lit assez vite, très agréable deuxième volet qui semble annoncer un troisième d'ailleurs. Par contre comme le disait A. il y a des risques d'essoufflements qui se font sentir, le lecteur commence à anticiper et à comprendre en avance ce qui est en train de se tramer dans la tête des chacun/chacune...
7/10
Un lieu incertain de Fred Vargas
On attend toujours avec impatience le nouveau polar de Fred Vargas et après dans les bois éternels et sous le vent de Neptune, qu'allait-elle pouvoir nous sortir comme histoire...
Eh bien encore un de ces petits polars de derrière les fagots où l'Histoire fraye avec le contemporain, et quel réel... Rien moins que 17 pieds devant le cimetière de Highgate à Londres... On retrouve bien entendu nos petits personnages favoris tels que Danglard, l'encyclopédiste; le pelleteur de nuages qu'est Adamsberg, Retancourt, ... qui vont devoir s'attaquer à des affaires disséminés au quatre coins de l'Europe, de Finlande en passant par le noeud de Londres tout en se perdant dans les brumes noires de la Serbie d'antan histoire de découvrir la véritable histoire du Vampire Peter Plogowitz, exhumé en 1725... puis par l'Allemagne et enfin revenir bon gré mal gré en France, à Garches ... La brigade criminelle est face à de nombreux dilemmes dans cette affaire aux rebondissements multiples et variés qui sapent les fondements même des têtes qui sont au plus haut de l'appareild'Etat sans compter que le rationalisme positiviste est en balance ....
Alors est-ce que la brigade va arriver à trouver ce qui se cache derrière les grilles du Cimetières de Highgate ? Déjà Danglard sait lui enfin en partie au moins...
Sympathique petite lecture sicilienne au creux des vagues et l'esprit dans les brumes d'un lieu incertain, franchement je suis plus que persuadé que vous apprécierez à sa juste mesure ce dernier opus. C'est vrai aussi que ce serait quand même pas mal de retrouver la bande de copain de "Debout les morts", ils étaient excellents...
Allez hop en route sur la voie du polar....
Une petite interview de Fred Vargas sur Rue 89 et sur Libération
Dans le scriptorium de Paul Auster
Voilà un petit roman qui se dévore allègrement, un roman de Paul Auster n'est jamais aussi simple qu'il n'y paraît. Faites vous à cette idée car ici, les rôles changent, s'interpénètrent pour former un roman dans le roman, une histoire de ses romans, personnages à l'appui même si au premier abord j'avais loupé cela
Donc, nous voilà, si l'on peut dire face à Mr Blank : "L'homme qui, ce matin-là, se réveille, désorienté, dans une chambre inconnue est à l'évidence âgé. Il ne sait plus qui il est, il ignore pourquoi et comment il se retrouve assigné à résidence entre les quatre murs de cette pièce, percés d'une unique fenêtre n'ouvrant que sur un nouveau mur et d'une porte qui, pour lui demeurer invisible, doit bel et bien exister puisque des ?visiteurs? vont la franchir? Sur un bureau, sont soigneusement disposés une série de photographies en noir et blanc, deux manuscrits et un stylo. Qui est-il ? Et que lui veulent ses interlocuteurs, dont cette Anna qui lui donne du ?Mr Blank? et lui parle de comprimés, d'un traitement en cours, mais aussi, étrangement, d'amour et de promesses ? Une journée se passe, lors de laquelle les ?visiteurs? qui se présentent reprochent au vieil homme de les avoir jadis envoyés accomplir de mystérieuses et périlleuses missions dont certains sont revenus irrémédiablement détruits. Et cependant qu'entre deux vertiges, corps et mémoire en déroute, Blank interroge des souvenirs qui refusent de se laisser exhumer, qu'il cherche dans le manuscrit l'hypothèse d'une explication, une caméra et un micro enregistrent le moindre geste, les moindres bruits de cette chambre où il subit son ultime et interminable épreuve?"
Face à cette aventure littéraire, on peut un peu voir en Mr Blank Paul Auster lui-même en prise directe avec les différents personnages de son oeuvre passé, future peut être, allez savoir, ce serait un petit clin d'oeil... Aussi, face à cet étrange roman, on peut se sentir complètement désorienté et sans repères un peu comme l'écrivain devant la page blanche, devant l'acte à venir et les chemins que prend sa plume pour se diriger, se mouvoir dans ce magma en fusion qui est en gestation.
Aussi, un roman dans le roman, une histoire, l'Histoire de Mr Blank qui, quoi qu'il fasse est à la merci de son maître virtuel, le fantastique n'est pas loin le réalisme poétique sud américain donc en filigrane, Borges est pour un temps revenu vers nous et s'est réincarné. Explorons donc la lisière des mondes qui se construisent et qui se finissent, les doutes nous assaillent et l'on pourrait se perdre si l'on n'y prend garde. Un grand roman qui revient sur Paul Auster lui-même. C'est vrai que j'ai toujours été un peu fan de son univers
Un extrait sur le site d'Actes Sud avec la Bibliographie de Paul Auster dont je dois bien avoir lu ou vu quasiment la plupart de ses livres romans ou essai d'ailleurs... Un univers à découvrir assurément, mais si vous ne connaissez pas, il vaut mieux que vous commenciez par Moon Palace, Mr Vertigo puis la trilogie New-Yorkaise par exemple...
Un roman à lire et à relire en tout cas, un écrivain à découvrir évidemment...
Les pirates du capitalisme de Solveig Godeluck et philippe Escande
Les pirates du capitalisme ou Comment les fonds d'investissement bousculent les marchés.
La lecture de ce livre de Solveig Godeluck et philippe Escande est très intéressante à plusieurs égards. Elle dresse un panorama assez complet et très accessible de ce sont les fonds, qui sont ils, d'oùviennent-ils, qui est derrière ces géants qui font trembler la planète.
Tout d'abord, lorsque l'on parle des fonds, il est intéressant de noter d'ambler la multitude de formes qu'ils peuvent prendre. Les plus connus sont sûrement les fonds de pension qui reçoivent les économies des salariés et qui font généralement des placements plutôt prudents quoiqu'il faut qu'il puisse avoir sur le long terme de sacré rendement lorsque l'âge de la retraite arrivera et qu'ils devront débourser plus qu'ils n'ont actuellement en fond propres... Viennent ensuite les hedges funds (fond de couverture) plutôt fonds spéculatifs qui sont plus dans une logique d'achat et de revente sur le marché avec plus-value rapide. Il y a également les fonds d'investissement qui sont dans une logique d'achat complet de société par différentes techniques et notamment le Leverage Buy-Out (LBO). Enfin, il y a également, et c'est peut être moins abordé dans ce livre, les fonds souverains qui sont les fonds initiés par les États pour "écouler" le trop plein d'exportations.
Retour sur les raisons de la crise des sub-primes dont nous subissons encore les conséquences, importance des fonds souverains dans le sauvetage de la finance mondiale, crise de confiance, renforcement de la transparence et des mécanismes de régulation, des erreurs de gestion mais globalement il semblerait que dans ce cadre, les fonds ne soient pas vraiment en cause et que même, ils aient en quelque sorte joué un rôle stabilisateur.
Il est vrai que la diversification croissante de participations des différents fonds et les mécanismes mis en place par les Banques tendent à diluer de manière importante les risques en les faisant peser non pas sur un ou quelques acteurs mais sur une multitudes d'entre eux. En effet, les outils financiers mis en place et utilisés permettent mais c'est évidemment à double tranchant de répartir et inclure une partie du risque à un niveau transversal qui en cas de crise permet que tout ne s'effondre pas.
La lente montée des fonds en France s'est faite en plusieurs étapes et la perception a été dure à faire avaler, on se rappelle tous de l'imbroglio lié àGemplus et au fond TPG, ensuite c'est le duo Kohlberg; Kravis & Roberts (KKR) et Wendel alias Ernest-Antoine Seillière et l'entreprise Legrand et bien d'autres entre temps ce qui permet progressivement de faire entrer dans la culture française cette approche. Il reste quelquessoubresauts comme cela a été dernièrement le cas avec Athos lors de l'assemblée générale qui s'est tenu le 23 mai et qui a du être ajournée et qui finalement s'est soldée par un accord avec "les fonds Centaurus et Pardus qui ont mis officiellement fin à leurs hostilités en annonçant un accord sur la composition du conseil de surveillance et une revue de la stratégie du groupe".
Retour sur l'histoire de quelques uns des grands fonds notamment KKR ou Blackstone par exemple, retour également sur les dérives avec par exemple RJR Nabisco mais également LTCM où tout wallstreet a du payer pour qu'il n'y ait pas un effondrement en cascade mais également sur les déboires du fonds Amaranth Advisors en 2006 et de son traders qui a perdu plus de 6 milliards de dollars qui a été absorbé par le système financier mis en place dans lequel au final les paris des spéculateurs s'annulent entre eux...enfin jusqu'en février 2008... et la crise des prêteurs qui ont accordé des crédits immobiliers bien trop risqués... Retour également sur le fonctionnement des fonds et leurs différentes méthodes de participation, d'intégration de la société, de prise en charge du management et des rémunérations très élevés qu'ils touchent et qui font couler tant d'encre. En effet, on notera qu'un rapport intitulé "Private Equity et capitalisme français" du Conseil d'Analyse Economique présenté au Premier Ministre le 15 mai dernier "résume ainsi une partie de ses travaux : investir en capital-investissement dans les fonds à effet de levier ( buy-out) ou dans le capital-risque conduit à une perte moyenne de l'ordre de 25 % des sommes engagées, comparativement à un investissement dans des sociétés cotées. Ces 25 % de perte correspondent presque exactement à la valeur actualisée des rémunérations capturées par le gérant pour le prix de son effort" (Agefi). Il faudra approfondir celui-ci dès sa parution qui ne saurait tarder... analyse qui ne plaît évidemment pas aux fonds qui contestent cette approche
Bon je crois que je vais m'arrêter là pour aujourd'hui, le mieux étant que vous vous procuriez ce bouquin qui est plus qu'intéressant et très didactique
Pour information, un article d'Ibrahim Warde paru dans le Monde diplomatique de Mai 2008 (n°650) intitulés "Prédateurs, sauveurs ou dupes" revient plus précisément sur le rôle des fonds souverains de manière plus qu'intéressantes et je vous conseille vivement sa lecture en complément du bouquin qui finalement n'aborde pas tellement cet aspects qui va intrinsèquement se développer dans un futur proche et qu'il faudra regarder de manière très critique vu les enjeux qui se cachent derrière lesÉtats qui en sont les acteurs principaux... En effet, un article de Nicolas Baverez dans le journal Le monde en date du 21 mai dernier indiquait " irruption des États sur les marchés dans un rôle d'investisseur à long terme à travers les fonds de pension publics et les fonds souverains qui disposent d'une force de frappe évaluée à 3 500 milliards de dollars et pourraient en gérer 12 500 à l'horizon de 2015. Les fonds souverains sont nés dans les années 1960 et 1970 dans les pétromonarchies afin de recycler les recettes du pétrole (création de Kuwait Investment Authority en 1960, suivi par Abu Dhabi, Oman et Brunei), puis se sont développés en Asie pour investir les excédents de Singapour (fondation de Temasek en 1974 et Singapore Investment Corporation en 1981), imité par la Corée en 2006, la Chine en 2007 (China Investment Corporation dotée de 250 milliards de dollars), puis le Brésil en 2008. A travers eux, les Etats deviennent des opérateurs des marchés financiers, dont ils utilisent les technologies et l'ingénierie. Pour autant, l'adossement à un État leur confère une nature singulière. Ils répondent à des logiques différentes : placement à long terme et préparation de l'après-pétrole pour les monarchies du Golfe ou la Norvège ; reclassement des excédents commerciaux pour les pays émergents d'Asie ; bras armé de l'Etat-FSB en Russie. De même, les stratégies d'investissement sont très variables, allant de la maximisation du rendement financier à la recherche de positions de contrôle dans des secteurs-clés tels les matières premières ou l'énergie".
Voilà, sinon également deux articles plus spécialisés : le monde des hedges funds : préjugé et réalité par Michel Prada, présent de l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) ainsi que Montée en puissance des fonds d'investissement étrangers et impact sur la gestion des entreprises industrielles