BLOG CULTUREL
Otto et Flix de Tomi Ungerer et l'île aux pirates de Joann Sfar
Voilà voilà que Mister O. a récupéré quelques petites pépites de Tomi Ungerer ces denriers jours. En effet, cela m'a permis de lire et relire ces trop belles histoires d'enfance qui marquent toute une vie pour certaine. C'est évidemment le cas avec Otto, un petit livre de rien du tout en en fin de compte, un grand, un très grand livre sur la seconde guerre mondiale, à travers l'autobiographie d'un ours c'est tout l'histoire qui estrevisitée de manière époustouflante par Tomi Ungerer . Amitié entre un enfant allemand et un enfant juif, l'étoile jaune, la marque de l'horreur puis le départ par les trains vers l'horreur, le don de son ours, la solitude et l'amitié par delà le temps, le départ du père pour la guerre, la perte de l'ours et sa rencontre avec un homme de couleur, son sauvetage et sa vie avec une petite ville et son rejet, et puis enfin les retrouvailles... Un chef d'oeuvre dont vous sortez ému tout simplement, c'est un très grand livre pour enfants accessible à plusieurs niveaux bien entendu...
Avec Flix c'est la différence qui est à l'honneur, la vie d'un couple de chat qui ont un chien, le rejet des autres par ce que l'on ne ressemble pas aux autres puis son acceptation par les chiens et le sauvetage d'un chat, le retournement de situation et le retour en grâce de ceux qui le rejetait auparavant, sa carrière de sauveur, son amour pour la brebis et l'accouchement d'un chat, la vie est belle etheureusement que le monde est plein de ses différences qui en font sa diversité, sa pluralité, c'est notre chance à tous en tout cas... c'est tout un art de raconter à un enfant de 4 ans la différence, avecTomi Ungerer, cela devient simple et si profond
Enfin, vous connaissez sans doutes Joann Sfar, le grand , le multiple qui est l'auteur entre autres de le chat du rabbin, petit Vampire,... eh bien figurez-vous qu'il a également dessiné avec Arnaud Alméras l'île aux pirates qui en ravira plus d'un surtout après avoir vu ou revu les goonies... de beaux dessins, un style, une patte, une histoire de vrai pirates avec Sam la Pieuvre, le Marquis d'Almeida et Quentin le mousse et la rose des vents...
Voilà quelques belles pistes de lectures pour les petits et moins petits d'ailleurs
On ne manquera pas de lire également de Tomi Ungerer, décidément, je suis un grand fan... Le géant de Zéralda, Allumette et la grosse bête de Monsieur Racine, c'est impossible d'être déçu avec lui qu'on se le dise...
La reine des pommes de Chester Himes
Le premier roman de Chester Himes, un roman noir qui a reçu en 1957 le Grand Prix de littérature policière. Eh bien franchement assez décevant de mon point de vue...
Jackson, un employé des pompes funèbres, naïf de nature et plus encore s'il en est se fait rouler dans la farine avec une combine de démultiplication de billets... il perd son petit magot et commence alors la spirale infernale pour lui dans laquelle il arrive vaille que vaille à louvoyer on ne sait pas trop comment, il appelle son demi-frère Goldy à la rescousse, un être étrange se faisant passer pour la bonne soeur Gabriel et faisant signer des promesses de dons... Etant un indic, il va mettre Fossoyeur Jones et Ed Cercueil Johnson sur l'affaire et voilà que tout se complique et empire pour Jackson mais également et surtout pour Goldy qui doit faire face à la bande de potes d'Imabelle, la finacée de Jackson qui n'ait pas une si blanche canette...
Ce n'est pas que c'est difficile à suivre mais je me suis quand même pas mal ennuyé à la lecture, j'avais du mal à aller de l'avant, un peu poussif toute cette histoire même si cela permet de se faire une idée d'Harlem il y a quelques dizaines d'années d'ici... D'autres on semble t-il bien rigolé, peut être l'aspect complètement loufoque mais franchement il n'y a pas de quoi casser des barreux de chaises...
Peut être que le film qui en a été tiré par Bill Duke avec Forest Whitaker est-il plus sympathique ? ou la Bande dessinée adpatée par Georges Wolinski ?
Les netocrates ou les nouveaux maîtres du monde ?
Bon voilà, c'est la lecture du n°42 (Février 2008) de Chronic'art qui est à la source de cette découverte qui date de quelques années déjà mais le bouquin d'Alexander Bard et Jan Soderqvist vient de faire l'objet d'une publication (traduction) en France après 8 ans d'existence, il est paru chez Léo Scheer.
Il s'agit tout simplement d'appréhender l'Après Capitalisme ce qui n'est finalement pas si évident... La couverture peut prêter à sourire mais la théorie semble être bien enracinée enfin du moins de ce que l'on peut en lire. Alors de quois'agit-il exactement ?
Eh bien pour faire simple, enfin essayer, il s'agit de s'interroger sur les changements profonds induits par un "société ultra-technologisée", un passage vers ce qu'ils appellent "l'informationalisme". Ici, il n'est évidemment plus question de "fracture numérique les relations et redistribue les cartes. Entre " qui 'a plus de sens, il s'agit de voir en Internet (aujourd'hui) un "meta-médium interactif" qui redessineNetocrates "qui ont les moyens de produire leurs propres identités alors que les consomtariens eux, n'ont d'autres choix que de faire leur marché parmi les identités produites à leur attention". C'est l'information et l'attention qui sont au coeur de cette nouvelle ère.
En fait, d'après Peggy Sastre, "le pouvoir se déplace des smoyens de productions (...) vers la capacité de tri, de production et de manipulation de l'information". On est dans un changement sociétal majeur qui est le fait "d'un écosystème fait d'interactivité, de réseaux, une société de l'information où le one-to-one puis le many_to_many supplantent le one-to-many". Nous somme sà l'éère de l'informationaisme, cette époque qui se caractérise par la capacité de tout un chacun de créer de la valeur et de la diffuser sous l'identité qu'il choisit, un changement mondial finalement assez radical... Al'Etat-nation, succède le réseau et sa capacité de régulation intrinsèque, cet pseudo-élite dont il est question peu choquer et on pourra y préférer les avant-gardistes ou u autre terme. L'intérêt étant que cette capacité à créer de la valeur et à la promouvoir s'entretient et se cultive et l'oubli est également là qui plane. Alors il faut passer outre ces systèmes de classes et de rapport social ou de force, lenetocrate comme il l'indique est indifférent, c'est peut être triste à dire mais voilà, c'est une réalité qu'il faut entre-apercevoir aujourd'hui : " ils ne prennent fait et cause de rien, ne défendent personne, ne revendiquent aucune visée idéologique et ne sont les portes-paroles d'aucun intérêt". A cet égard, la montée en puissance des médias non traditionnels de type Rue 89 ou encore Mediapart pourraient à l'avenir et déjà aujourd'hui devenir une source d 'information plus importante que les médias classiques, l'interactivité, la captation du public étant un des moteurs intrinsèque de cette nouvelle manière de penser.
dans cette perspective, pour eux la démocratie devient un idéal à atteindre mais presque synonyme d'illusion... donc de fait la société devient plus ou moins égalitaire avec pour force de régulation les individus eux mêmes et peut être le voile de raison si cher à ce cher Rawls et à la théorie de la caverne : "Cette théorie est celle de la position originelle et du voile d'ignorance. L'équité des conditions de la délibération se communique aux principes qui en sont issus. C'est la justice comme équité, source du principe de différence, selon lequel l'Etat le plus juste est celui qui rend maximale la position du plus défavorisé (...)" dont vous pouvez avoir un plus large aperçu sur le site de Jean-Pierre Cometti.
Bon, beaucoup de questions et d'interrogations en tout cas et de lectures complémentaires sur cette société en devenir, déjà là; cela fait déjà 8 ans que le livre est paru alors en attendant de savoir si "le dividu sera le nouveau sujet de la société plurarchique, post-démocratique : un lieu où chacun décide pour chacun, où personne ne peut décider pour quelqu'un d'autre, où aucune majorité supérieure ne peut décider pour des minorités remisées au second plan" un seul échappatoire, lire le bouquin plus avant.... et se poser d'autres questions...
Alors pour ceux qui veulent en savoir davantage avant de lire le livre, rendez-vous sur le blog des éditions Léo Scheer par exemple pour une lecture/interview de Tristan Nitot. Leafar avait déjà eu vent de Netocratie en juin 2007, il indiquait déjà "Le netocrate est celui qui a la capacité, les moyens et les possibilités de produire sa propre identité alors que le consumtarien n'a d'autres cghoix que faire son marché, passivement parmi les identités qui ont été produites pour lui. la société informationaliste est en outre attentionalistes puisqu'elle met l'identité et l'attention au centre plutôt que d'être obsédée, comme le capitaliste, par l'argent ou les moyens de production". On comprend que cela ait un très certain intérêt surtout avec U.[Lik] que vous devez évidemment déjà certainement connaître...
Bon en tout cas avis aux amateurs, c'est clair que le livre est déjà commandé pour moi...
La nuit tous les loups sont gris de Gunnar Staalesen
On suit les pérégrinations de Varg Veum, un privé solitaire qui s'est lié d'amitié avec un ancien flic qui lui raconte l'affaire sur laquelle il enquête. Il s'agit d'une vielle histoire d'incendie de l'usine de peinture dePafgul qui remonte à 1953 et qui a coûté la vie à 15 personnes. Une affaire qui n'a jamais été vraiment classée mais fautes de preuves rien ne change. Sauf qu'après avoir conté son récit, l'ami deVeum se fait renverser accidentellement par une voiture qui prend la fuite...
Contusionné de toutes parts il arrive à l'hôpital et lorsque Veum passe le voir, il lui glisse : découvre ce qui s'est passé avec Johan le docker en 1971.
Mais à y regarder de plus près cela remonte aussi plus loin, à de vieilles amitiés et de vieux ennemis durant la guerre. Avec d'un côté les résistants et à l'heure tête Konrad Fanebust, de l'autre un traître à la patrie, surnommé Mort aux rats qui serait peut être Harald Ullven mais qui aurait disparu du paysage depuis quelques années. Quelques vieux clochards entre dans la danse, une assoiffée de Bingo qui aurait "héritée" d'une maison en 1955 et puis l'armateurHagbart Helle qui est devenu multimillionnaire suite à la prime qu'il a touché pour l'usine de peinture incendiée... Un boiteux qui apparaît à chaque meurtre,... Cela fait quand même beaucoup de circonstances inexpliquées qui ne peuvent pas être entièrement du domaine du hasard...
Bon je dois dire que cela patine quand même pas mal, beaucoup de descriptions périphériques et autres petits détails qui ne sont pas forcément utiles, il faut quand même attendre le début des 40/50 dernières pages pour voir se profiler un peu de suspens et de vie.
Donc pas forcément très convaincant de mon point de vue...
Un grand vivant (Paul Cézanne) de Charles Juliet
Voilà un livre que je vous conseille plus que vivement. Non pas qu'il soit très complet, qu'il soit très fourni non plus mais parce qu'il est simple, d'une très belle écriture ce qui est déjà un grand bonheur. Par hasard dans la bibliothèque, il s'était caché pendant quelques années et voilà qu'il ressurgit du fond des âges en forme de lettre ouverte d'un vivant à un grand homme, enl'occurrence Paul Cézanne, dont l'oeuvre par dela les années restent plus que contemporaine, ancrée dans le monde de la peinture et de la création.
Pour les connaisseurs, cela pourra leur apporter un certain regard, le regard d'une homme sur un homme, un hommage au travail qu'il a effectué et qui perdure encore de nos jours. Cela permet également d'appréhender l'oeuvre deCézanne , différemment, dans le sens où l'on comprend à sa lecture, du moins pour moi que je ne l'ai pas encore regardé avec ce regard introspectif, il donne quelques clés qu'il vous reste à creuser, à découvrir. Apprendre à lire une oeuvre de peinture, essayé de décrypter le sens caché et la manière dont les choses, les gens sont représentés, apprendre à voir en quelque sorte.
Cela vous invite à essayer d'entre apercevoir ces aspects, à suivre les chemins qu'il a pris
Revenir sur les portraits, la route du Tholonet sujet repris à plusieurs reprises, conversation de deux hommes comme s'ils se rencontraient au détour d'une rue, d'un sentier plutôt. Retour également sur la mort de sa mère et l'impact que cela aura sur lui, de ses relations avecZola et de cette mauvaise représentation qu'il en avait de lui lorsque il est le peintre qui se pend dans l'Oeuvre, l'importance de la relation avec " l'humble et colossal Pissarro" (...) "Quand j'ai bien compris Pissarro, l'amour acharné du travail m'a pris".
Et puis également ce qui est frappant c'est cette capacité à rendre vivante les choses, les portraits : "Il est des peintres qui ont un immense talent, mais leur oeuvre est de second ordre. il leur a manqué d'avoir une forte personnalité. tel n'était pas votre cas. Ce qui fait le grand peintre, c'est le caractère qu'il donne à tout ce qu'il touche, la saillie, le mouvement, la passion..." [...] "Pénétrer ce qu'on a devant soi, disiez-vous. Il vous fallait traverser les apparences, vous immiscer dans les choses, vous fondre en elles, vous identifier à elles". Et puis cette capacité à réfléchir à voir au-delà et à réfléchir : "Il faut réfléchir, l'oeil ne suffit pas. Et encore : l'oeil et le cerveau, tous deux doivent s'entraider" [...] "Je veux savoir. Savoir pour mieux sentir, sentir, pour mieux savoir"
Une petite Vidéo INA de Charles Juliet sur Cézanne, une site sur Cézanne, un diaporame musical (assez kitsch, coupez le son...)