BLOG CULTUREL
Portraits de mes amis de Philippe Caubet et Jean-Jacques Sempé
Eh bien une fois n'est pas coutume mais franchement je n'ai pas compris l'intérêt de ce bouquin, j'avais bien apprécié et j'apprécie encore énormément les dessins de Sempé, ils sont toujours aussi fins et plein de cette poésie qui nous permet de nous évader avec lui; Dans paris est un de ce sgrands moments... Par contre le texte de Philippe Caubet dans Portraits de mes amis est des plus obscur. En fait je ne vois pas l'interêt, l'auteur pourra peut être donner quelques explications...
En tout cas, je ne vous le recommande franchement pas.... à éviter éviter et éviter tout simplement....
Le voyageur à l'échelle de Jean-Loup Trassard
C'est plusieurs sens que prend ce livre au titre a priori sans ambages mais au final est-ce qu'il est question de passage dans un autre monde fait de miniatures et en décors, d'une certaine manière de mettre en perspective, un nouveau monde trouvé par un explorateur des lettres ou encore je ne sais quoi... en tout cas, l'univers dépeint parJean-Loup Trassard mérite que l'on s'y arrête quelques instants tant il est d'une finesse et d'une poésie toute particulière. De plus, je me suis retrouvé projeté dans un autre univers, celui de ce très cherJorge Luis Borges qui nous raconterait par delà la tombe l'histoire d'Hippolyte Deume , dont au final je n'arrive pas à savoir s'il est de fictions ou au réel. Étrange sentiment que de se laisser guider nonchalamment à travers ces pages à la recherche de la demeure ou gît notre homme, tout en apprenant au détours des pages, des bancs un peu de sa vie qui a été; on s'attache à lui et on aimerait presque à le rencontre mais c'est trop tard, il n'est plus...
"Poussant la grille rouillée, plus par étonnement cette fois qu’avec une idée de recherche, nous sommes entrés dans cet enclos oublié, aux tombes anciennes, modestes, malmenées par le temps. Croix penchées, entourages déchaussés, couronnes de perles qui s’égrènent, quelques tombes ornées d’un maigre genévrier certes toujours vert mais n’appréciant guère la terre acide de la région, l’une d’elles même surmontée par deux cyprès peu élevés. Ceux-là s’étant rejoints servaient de support à un rosier de petites roses pâles très odorantes qui s’accrochait partout et signait le charme ancien du lieu. Il restait des places libres !
Enfin, à parcourir l’herbe tout de même entretenue où les tombes se trouvaient plus ou moins rangées, encore une tombe que veillent des buis, une stèle sans croix, plutôt un grand morceau d’ardoise épais, conservé brut et portant… ah ! portant l’inscription : “ Ici reposeHippolyte Deume ” et sur une troisième ligne “ Il aimait tant la vie ”. Nous devons le dire parce que cette réaction corporelle fut surprenante : nous avons eu envie de nous agenouiller, tant respect pour le personnage que remerciement aux forces inconnues qui dans la plus parfaite discrétion faisaient un tel cadeau à notre fidélité. Non seulement nous avions trouvé la tombe d’Hippolyte Deume, mais qui serait allé l’enterrer là, encore que la distance à sa maison n’excédât guère cinq kilomètres, s’il n’avait choisi lui-même ce lieu champêtre où terminer sa part d’éternité, et sans ombre d’un doute la stèle ? Là se dévoilait, sous forme de terre, de pierre, et de buis aussi, l’une de ses pensées, sinon des plus étonnantes du moins parmi les plus graves".
Et puis ces petites phrases juxtaposé aux côtés d'une photo de ce cher Hippolyte Deume, monde parmi les mondes vous disais-je mais oui effectivement, on est à la limite de la réalité; écoutez ce passage et laissez vous tenter par cette aventure poétique ....
"Pourquoi les hautes dimensions attirent-elles, ne sommes nous pas à la mesure de notre planète, pas habitués sur elle ? Du plus loin, nous tentions d'évaluer la distance, le temps pour gravir. Il semblait improbable que nos courtes enjambées pussent conduire au but. A travers la chaleur où l'espace ondulait j'essayais toujours de nous imaginer là où nous n'étions pas encore"
Un univers à découvrir
Van Gogh le suicidé de la société d'Antonin Artaud
Il est de ces auteurs qui artistes eux-mêmes vont au delà des apparences et au delà de la critique elle même, qui écrivent des moments d'Arts tout simplement; c'est un de ces moments unique que nous livre ici Antonin Artaud avec tout la simplicité de sa langue qui se délie et nous emmènes dans les contrées sauvages et réelles de l'artiste à la découverte d'un de ses semblables. Nul doute que la préfaced'Evelyne Grossman soit intéressante mais ce sont les propos d'Antonin Artaud qui sont là et qui vous porte vers l'univers de Van Gogh. Des descriptions et des moments où tout vascille et où le génie apparaît, hommage à un peintre de l'absolu par un autre homme venu d'un autre monde, de l'ailleurs tout à la fois poétique et en finesse, il y a des livres qui ne peuvent que vous marquer et auquel vous reviendrez pour des brins de phrases.
C'est plus qu'une Invitation à la lecture de ce bel essai....
"Je ne décrirai donc pas un tableau de Van Gogh, mais je dirai que Van Gogh est peintre parce qu'il a recollecté la nature, qu'il l'a comme retranspirée et fait comme suer, qu'il a fait gicler en faisceaux sur ses toiles, en gerbes comme monumentales de couleurs de couleurs, le séculaireconcassement d'éléments, l'épouvantable pression élémentaire d'apostrophes, de stries, de virgules, de barres dont on ne peut plus croire après que les aspects naturels ne soient faits (...) Il n'y a pas defantômes dans les tableaux de van Gogh , pas de visions, pas d'hallucinations. C'est de la vérité torride d'un soleil de deux heures de l'après-midi. Un lent cauchemargénésique petit à petit élucidé. sans cauchemar et sans effet. mais la souffrance du pré-natal y est. "
Plus loin, on lira également ce passage magnifique et si réel
"Ces corbeaux peints deux jours avant sa mort ne lui ont, pas plus que ses autres toiles, ouvert la porte d’une certaine gloire posthume, mais ils ouvrent à la peinture peinte, ou plutôt à la nature non peinte, la porte occulte d’un au-delà possible, d’une réalité permanente possible, à travers la porte par VanGogh ouverte d’un énigmatique et sinistre au-delà. Il n’est pas ordinaire de voir un homme, avec, dans le ventre, le coup de fusil qui le tua, fourrer sur une toile des corbeaux noirs avec au-dessous une espèce de plaine livide peut-être, vide en tout cas, où la couleur lie-de-vin de la terre s’affronte éperdument avec le jaune sale des blés. Mais nul autre peintre que VanGogh n’aura su comme lui trouver, pour peindre ses corbeaux, ce noir de truffes, ce noir "de gueuleton riche" et en même temps comme excrémentiel des ailes des corbeaux surpris par la lueur descendante du soir."
En ce moment, il a l'exposition Antonin Artaud à la BNF; elle est somptueuse tout simplement
Le serrurier volant de Benacquista et Tardi
Allaince de deux grands maîtres l'un du polar noir et l'autre de la bande dessinée que l'on connaît ici ou là pour tous ses livres et ses adaptations de romans avec la remise dans les bacs d'une très belle édition de Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline, lu il y a longtemps et qui mériterait que je revienne sur ce roman initiatique.
Alors cette alliance, eh bien, en fait elle est due un peu au hasard et aux concours de circonstances. En effet, lorsque l'éditeur Didier Platteau rencontre Benacquista en 2004, celui-ci ne dis pas non de prime à bord mais lance un nom en disant "J'ai une idée, mais c'est impossible, impensable", il voulait Tardi. De son côté, interrogé Tardi réfléchit et dis "Ah, il y en a un... Ça pourrait être bien... il faudrait que ce soit glauque.... Benacquista" voilà qui était donc bouclé, en quelques heures les deux écrivains/artistes s'étaient choisis mutuellement.
Le 16ème carnets littéraire était né; c'est la maison d'édition belge estuaire qui est coeur du projet et quelques uns des autres projets déjà accessible ont l'air pas mal non plus, à découvrir rapidement, cela se dévore comme un petit déjeuner...
C'est amusant ce traitement de la couleur décidé par Tardi, le sépia qui rend plus mélancolique et accrocheur cette histoire difficile de Marc, convoyeur qui a subi des séquelles dont il est difficile de se remettre et qui par hasard va s'en sortir en devenant son propre maître, s'enfermant dans son nouveau job de serrurier volant... cela lui permet de voir et de découvrir en décalé un autre monde de gens de toutes conditions avec leurs soucis, leurs détresse dont celle de Cécile... Puis vient la rencontre qui va rebouleverser sa vie, un client qui lui fais une demande plus que particulière...
L'âme du polar dans le Paris d'hier et d'aujourdhui est là qui nous berce dans els rues que nous empruntons tous les jours, dans les situations les plus diverses qui peuvent nous rappeler certaines des nôtres, ayant oublié mes clés avant de partir en Inde, ma soeur, la pauvre est resté enfermé pendant un jour avant de trouver une solution de rechange inédite, heureusement qu'elle a de la ressource... c'était une première...
Enfin, un petit polar à lire sans modération cela nous renvoie en enfance par rapport au format qui est bien agréable à feuilleter et puis c'est aussi de voir le dialogue qui s'instaure entre deux auteurs de renoms, contemporains et dont le ton sonne juste...
Voici une page d'extrait du Serrurier Volant et une autre si vous voulez connaître un peu plus Tardi et Benacquista
Les champs magnétiques d'André Breton et Philippe Soupault
C'est l'histoire d'une rencontre surréaliste avec un bouquin qui est au coeur, qui est au centre de ce qu'a été le début du surréalisme, c'est marrant et c'est bien, c'est de la poésie en barre et une manière de voire les choses, de les sentir et les ressentir qu'il faut approcher, on aime, on aime pas, on comprend on comprends pas, on ressent avant tout, une sensation, un besoin d'aller plus loin, de lire sans comprendre sans que le fil se déroule et de revenir, d'y revenir au grès des instants et des moments et surtout pour ma part du moins la première partie c'est à dire, "La Glace sans tain, Saisons, Eclipses, En 80 jours, Barrières, Ne bougeons plus, Gants blancs" après c'est pour d'autres en tout cas moi je reviendrai comme je reviendrai à cette lettre à Maguelonne...
Alors cette histoire est la suivante, allant faire un tour au Musée d'Art Moderne, je tombe sur des cadavres exquis dans la salle André Breton puis ayant un trou, je vais sur Wikipedia qui me sauve la mémoire : « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune d'elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. L'exemple devenu classique, qui a donné son nom au jeu, tient dans la première phrase obtenue de cette manière : “Le cadavre - exquis - boira - le vin - nouveau” ». Du coup je tombe sur la biographie d'André Breton et sur Philippe Soupault que je ne connaissais pas, évidemment... et en faisant une recherche sur lui, je tombe sur cet article intéressant du Magazine Littéraire dans lequel il est question d'une réédition des Champs magnétiques, après lecture de l'article, je me dis que cela vaudrait bien la peine de jeter un oeil là-dessus et voilà qu'Amazon me comble de ces bienfaits, alors voilà à découvrir en tout cas, il s'agit des racines du surréalisme, on peut lire dans la très belle préface réalisée par Philippe Audouin : "Les champs magnétiques sont précisément ce "livre futur" annoncé, au seuil de sa mort , par le jeune Ducasse". Aragon dira : "Les Champs magnétiques étaient la première application d'une idée de Breton : introduire la vitesse dans l'écriture, pour supprimer la censure. Initialement, le surréalisme, pour nous, c'était cela, et nous l'appelions l'écriture automatique" et de continuer "Les Champs magnétiques sont devenus l'œuvre d'un unique auteur à deux têtes et le regard double a seul permis à Philippe Soupault et à André Breton d'avancer sur la voie où nul ne les avait précédés, dans ces ténèbres où ils parlaient à voix haute. Ainsi surgit ce texte incomparable - qu'il us faut bien tenir aujourd'hui, comme j'en eus alors le pressentiment avant même qu'il eut été achevé - pour le moment à l'aube de ce siècle où tourne toute l'histoire de l'écriture, non point le livre par quoi voulait Stéphane Mallarmé que finît le monde, mais celui par quoi tout commence" (Aragon, L'homme coupé en deux. In : Les lettres françaises n°1233 du 9 au 15 mai 1968).