BLOG CULTUREL
Nue propriété de Joachim Lafosse
Je ne sais pas si cela est dû au fait que j'ai vécu en Belgique mais j'aime beaucoup les films belges... Le deuxième film de Joachim Lafosse me laisse songeur et je m'interroge sur les raports entre parents et enfants, sur le difficile équilibre qu'il faut trouver entre eux afin que chacun puisse se trouver une place, la sienne, indépendante de celle de l'autre... des autres.
Pascale, alias Isabelle Huppert est une mère comme il y en a tant, fragile et débousollée, elle a vécue un moment avec le père pui s'en est allé et élève depuis quelques années, seule ses deux garçons qui maintenant ont dans les 20 ans, deux jumeaux, deux êtres proches et sensibles...
Elle a des envies, des envies de refaire sa vie, de partir au loin, loin de cet univers de grisaille et de crachin avec jan son voisin flamand et amant car la Belgique si elle est accueillante par beaucoup de côtés peut également être comme le nord d'une tristesse sans communes mesures, c'est le cas dans cette vision campagnarde d'une vie de famille dans une maison en nue-propriété dont la mère à l'usufruit mais qui est aux enfants... difficile rapport de force entre mère et fils, entre adolescence et passage à l'âge adulte...
Une interprétation tout à fait exceptionnelle d'Isabelle Huppert tout en fragilité et en densité face à deux fils aussi différent l'un de l'autre, Thierry alias Jérémie Rénier qui est en opposition constante, en frontal avec sa mère et puis un peu avec tous et qui ne veut pas comprendre, qui souffre et fais souffrir, François (alias Yannick Rénier) qui est plus proche de sa mère sans toutefois être complètement autonome... difficile relation également que celle qui existe entre ces jumeaux qui font encore tout ensemble quand Thierry a une petite amie, autre rite de passage à une autre vie et puis la figure du père, qui vient avec Patrick Descamps que l'on a vu très récemment dans le très beau dernier film de Lucas Belvaux la raison du plus faible
Etonnant mélange et interrogations qui mènent la mère à "essayer de prendre du recul", de se retrouver alors que le drame est là anodin et si vrai dans ces ambiances de brûme caractéristique et cette humidité des lieux, des ambiances, effacement des personnes, des vies dans cette représentation du réel proche de ce qui est la profondeur des campagnes, des déracinements et des vies entrcoupées, un film qui marque durablement, non pas par l'extravagance du sujet et de son traitement mais par cette alchimie si particulière qui se noue entre tous
Il me tarde de pouvoir voir son premier film, "Ça rend heureux" qui a reçu récemment (en janvier 2007) le Grand prix du festival Premiers plans d'Angers
Je crois que je l'aime de Pierre Jolivet
Voilà une petite comédie à la française qui se laisse voir sans trop de souci, rien d'exceptionnel non plus... il ne faut pas exagérer
Vincent Lindon (alias Lucas) est le patron d'une boite d'électronique et est un peu parano, une ancienne histoire d'amour l'a complètement détruit quelques années auparavant mais c'est sans compter devant la rencontre fortuite avec une adepte de la céramique, Elsa (alias Sandrine Bonnaire ) qui est belle, intelligente et célibataire qui plus est...
L'Amour peut frapper à tout instant, surtout quand l'on ne si attends pas. Mais, il reste la conquête de l'autre, là Lucas s'y prend mal, il engage son responsable de la sécurité (François Berléand ) qui même s'il a quelques talents n'est pas un magicien... juste un homme avec ses failles...
Voici voila, à vous de voir pour le reste...
La bande annonce de Je crois que je l'aime
Bug de William Friedkin
A la lecture des inrocks je crois, il s'agissait d'une oeuvre magistrale, à la fin du film je me suis demandé si personne n'avait fumé la moquette avant d'écrire la critique dithyrambique de Bug... n'exagérons rien, ce n'est pas nul mais c'est loin d'être un grand film...
Alors voilà, la scène d'approche, d'entrée dans le film avec un vol et un focus sur le motel désert où vit Agnès présageait quelque chose d'intéressant... la chambre aux couleurs passées, défraîchis, les odeurs sont rpesque palpable, le ventilateur est là qui ronronne, inquiétant, est-ce par là qu'ils vont venir on se le demande, ce téléphone qui sonne dans le vide froid et personne au bout du fil? qui est-ce, Jerry surement, l'ancien mari violent d'Agnés qui veint de sortir de prison et puis arrive pour une soirée Peter, un peu de coke et voilà qu'il commence à s'installer là, le malaise devient plus précis, plus profond lorsqu'il se fait piquer par des insectes invisbles, Agnès a peur de cette solitude dont elle vient à peine de sortir, elle rentre progressivement dans le jeu de cet homme troublé puis sombre avec lui dans ce délire paranoîaque et schizophrène hanté part le souvenir de Lloyd, son fils kidnappé quelques années auparavant.
Cela devient gore lorsqu'il essaye de trouver les sacs d'oeufs cachés en lui...
Bon je vous déconseille fortement, c'est franchement pas vraiment très bon à part cette façon de se laisser happer par la paranoïa...
La môme d'Olvier Dahan
Avec la môme d'Olivier Dahan, embarquez dans un voyage dans le vieux Paris d'alors peuplé des petites gens de tous les jours et de l'ambiance de Belleville d'alors, suivez la môme des bas quartiers et des débuts lugubres, son père Poilu à la guerre puis acrobate du Dimanche, sa mère artiste en partance, sa grand-mère tenancière d'un bordel, sa presque cécité, sa titine rousse et puis sa vie de délabrement avancé faites de brics et de brocs, de la chance d'une découverte au coin d'une rue, d'une reconnaissance de cabaret au départ et de fils en aiguilles de rencontres la route vers une consécration méritée mais difficile.
Les hasards de la vie, des moments et des chansons amenés par les uns, soldat partant à la guerre, paroliers à un moment où l'espoir n'est plus et puis moment d'émoition intense avec cet hommage de Marlène Dietrich à New York, deux grandes se retrouvent, quelques allusions à Cocteau, Montand, Aznavour... compagnon d'un autre temps
Une chose est certaine, l'interprétation d'Edith Piaf par Marion Cotillard est tout à fait exceptionnelle et éblouissante que cela soit dans le jeu, des les expressions, dans les craquements d'os, c'est un grand moment et une actrice qui vient à la vie. Elle est au coeur du film et elle tient ce film d'une main de maîtrie absolu, tout le reste en devient périphérique et sans vraiment de goût. On sent la douleur et la joie, la vie de belleville qui passe, les sentiments qu'elle partage avec Marcel Serdan et lorsqu'Edith apprend à vivre ces chansons c'est bien Marion cotillard qui a appris à ne plus faire qu'un avec Edith Piaf, une interprétation remarquable qu'on se le dise...
Pour le reste, je dois dire que je n'ai pas franchement été conquis par le scénario alambiqué et les allers-retours ne donnent pas grand chose, je ne suis pas totalement rentré dans le film de ce point de vue....
Voilà voilà alors faites vous une idée et retrouvez les plus belles chansons d'Edith Piaf chanté et vécue avec comme apothéose son retour à l'Olympia avec cette sublime chanson qu'est "Non, je ne regrette rien" de 1960 dont les paroles sont de Michel Vaucaire et la musique de Charles Dumont que vous pouvez écouter sur Radio Blog Club
Molière de Laurent Tirard
C'est à reculons que j'y allais au départ malgré les bonnes critiques d'amis proches, il s'avère que le moment a été bien plus qu'agréable. Emmené par Monsieur Jourdain (alias Fabrice Luchini), une étonnante Elmire, Madamde de Jourdain en la personne de Laura Morante et un Jean-baptiste Pocquelin caché pour un moment sous les traits de Monsieur Tartuffe en Romain Duris, Célimène n'étant autre que Ludivine Sagnier et son petit air coquin à souhait; la cerise sur le gateau étant Edouar Baer en Dorante plus vrai que nature...
La vie de Molière en province et ses mésaventures serait à la base de ses pièces ultérieures sous l'influence des conseils de sa très chère Elmire qu'il accompagnera dans ses voyages au long cours. Une belle comédie retraçant un peu de cette vie de Molière avant son départ sur les routes et son retour à la cour avec ces morceaux choisis de vie.
L'interprétation des 4 grandes figures a tout pour plaire, le rire et la comédie sont là dans des situations qui quotidiennement ne nous ferait pas forcément sourire, c'est le propre du comique de situation ou de genre, je ne sais en tout cas, le moment est là, au rendz-vous et l'on ne s'ennuie pas en leur compagnie, c'est le moins que l'on puisse dire surtout que notre passage par cette chère école républicaine nous permet de saisir au vol quelques allusions, quelques répliques, lues, entendues, peut être même jouées dans un temps d'avant, celui de cette jeunesse verte qui était la notre ...qui perdure encore aujourd'hui.... il y a peu je voyais grâce notamment à A. mon premier Corneille, l'envie de revoir quelques Molières n'est pas loin... En ce moment d'ailleurs l'Avare se joue avec un paraît-il Michel Bouquet tout à fait splendide...