BLOG CULTUREL
La vie d’adèle d’Abdel Kechiche : film versus bande dessinée
Il y a peu de temps, je suis tombé sur la vie d’adèle en Bande dessinée qui est d’une grande beauté. J’ai vu il y a peu la vie d’adèle d’Abdel Kechiche avec notamment Léa Seydooux & Adèle Exarchopoulos. Honnêtement j’ai été assez déçu de cette vision par rapport à l’histoire telle que décrite dans la bande dessinée.L’histoire contée, que cela soit en regard de la bande dessinée ou pas d’ailleurs en est par trop caricatural, forçant notamment les traits sur l’aspect social de cette relation entre 2 femmes, 2 milieux, 2 univers. D’un côté l’artiste, la culture, la bourgeoisie, l’émancipation ; de l’autre une jeune fille issue d’un milieu modeste ou la valeur du travail prédomine, un tantinet homophobe, sans profondeur ni âme, le plat principal se réduisant à de délicieuses spaghetti bolognaise devant la télévision.Certes, une histoire d’amour entre deux femmes, une découverte de l’un et de l’autre ; de ses désirs et de la vie mais cela manque un peu de profondeur et d’ouverture. L’histoire des deux femmes est bien plus forte dans la bande dessinée, s’ouvrant déjà sur un drame, une histoire plus vraie moins perdue dans les plans fixe sur Adèle ; peut-être aurait-il dû la faire se perdre dans la mer, la plénitude retrouvée mais à la fois ce n’est pas le caractère profond d’adèle que de se perdre.Deux personnes à l’opposé finalement qui s’éloigne de par leur quotidien, leur incompréhension, leurs envies, leur milieux.Au final, il ne reste au final que peu de chose commune avec l’histoire originale, peut être les quelques morceaux de lycées et une mèche bleue.Et si je n’avais pas lu la bande dessinée, eh bien je pense que je dirai quelque chose de similaire, c’est trop criant de voir cette fille perdue.
Ometepe par Javier De Isusi
Ometepe, c'est l'histoire d'une île lacustre située sur le lac Cocibold au Nicaragua. Une île aux deux volcans ou plutôt comme le veut la légende l'île aux deux seins car avant tout Ometepe, ce sont des histoires de légendesOn retrouve un jeune gringo en ballade sur l'île pour en découvrir les arcanes ou plutôt les méandres et se perdre dans ses eaux troubles au contact de visions, on lui recommencera d'ailleurs bien « tu ne prendras rien, de ce qui t’est offert à Charco Verde », cette histoire de fille au sein plat qui ne correspond pas au canon de l'île et de ses habitants, à son passé légendaire, on retrouvera cette fille et son fantôme qui lui dessine sur le bas ventre, l'histoire de cet homme aux pouvoirs de chaman...Autant d'histoire pour plonger dans la vie de cette île, l'insularité et les particularismes, on connaît bien ça. De la couleur, de la lumière et de la perdition, on aime cela, se perdre pour mieux se retrouver dans cet univers de voyage, de mythes et légendes
Come prima d'Alfred
Une bande dessinée primée à Angoulême par le fauve du meilleur album, ce n'est pas rien.Alors de quoi parle donc cet album aux lignes douces, colorées et ondulantes? Eh bien d'une histoire de famille, une histoire d'immigrés dans les années 60. Plus exactement, la vie de deux frères, l'un s'étant exilé, l'autre venant le chercher, le ramener, un évènement tragique étant survenu.Une fiat 500 pour faire le voyage de retour, des galères, des fous rires, des histoires du passé qui resurgisse et la vie de ses deux frères qui s'égrène sur le trajet. Leurs doutes, les choix d'une vie, les amours aussi. Autant de sujet fort qui nous permette de rentrer dans l'intimité de leur vie et de toucher du doigt ce qui importe, ce qui compte et finalement ne compte pas ou plus.Un contexte et un passé lié à une époque dans lequel s'inscrive ce parcours et ces choixDes frères qui se retrouvent même si l'écart entre eux semble gigantesque, il se réduira d'autant au fil des kilomètres avalés.En tout cas, je vous conseille vivement, vous serez agréablement surpris.
La protectrice et Plein les yeux par Keko
Keko, un auteur de bande dessinée, un auteur de romans graphiques que je ne connaissais pas jusqu'à récemment avec deux albums tout à fait sublime et très différents l'un de l'autre.Le premier, Plein les yeux date maintenant un peu, il a été publié en 2006 et le second La protectrice est sorti il n'y pas si longtemps du moins en France. Deux albums sublimes que je vous conseille vivement de lirePlein les yeux vous en mettra carrément plein la vue, ça c'est certain. L'histoire est assez simple, c'est celle d'un polar, une enquête policière sur un homme, présumé coupable qui raconte sa journée, récit à travers lequel on apprendra petit à petit ce qui est en jeu, le crime qui a été commis, les circonstances, les acteurs principaux mais très vite on comprend que ce qui est en jeu, c'est au-delà de l'histoire, c'est l'homme, celui qui se tient devant cet inspecteur et qui voit le monde différemment, en rouge pour ainsi dire et qui a une vision si elle n'est pas altérée de la réalité semble quand même assez étrange, bizarre.Le jeu de couleur qui est mis en place à trace les sauts de couleurs et le noir et blanc nous permet de nous repérer dans cette histoire rocambolesque que nous conte cet l'homme sans finalement savoir quelle est la part de réalité, on aimerait pencher vers celle de l'homme mais il semble trop éloigné de la réalité pour que sa version soit vrai.Quoi qu'il en soit le traitement visuel et graphique est au rendez-vous et vous laissera pantois....
La protectrice, quand à lui est d'un tout autre style, repéré sur les Inrocks, je me suis mis en quête de ce roman graphique publié chez Actes Sud, gage certain de qualité. Le récit ici est très différent, le noir et blanc est là qui subjugue et envahit l'espace pour nous donner à écouter, suivre la suite, potentielle d'un roman fantastique d'Henry James intitulé Le Tour d'écrou. L'histoire de Flora, jeune orpheline n'habite plus dans la propriété familiale depuis la mort tragique de ses parents, elle réside chez son oncle. Néanmoins, les fantômes veillent, surtout celui de Flora mais également ceux de Miss Jessel et de son amant le valet Peter Quint.Dans la nuit sombre, les révélations sont là qui planent, tel des spectres, happant tout sur leur passage et faisant remonter à la surface tout ce qui est sous-jacent, caché, une lecture intéressante des dessous du Tour d'écrou qui donne à réfléchir, à penser en essayant de démêler cet écheveau complexeDeux lectures intéressantes comme vous pouvez le voir qui vous feront certainement plaisir...
L'astragale par Terkel Risbjerg
Une bande dessinée inspirée de l'astragale d'albertine Sarrazin. Je n'ai pas lu le livre mais la bande dessinée donne envie de s'y plonger, un livre fleuve vêtu de noir et blanc, de beaux visages et de poésie qui s'inscrit dans son temps. On le sent l'époque du récit n'est plus, un air surannée s'en dégage et donne des envies de se replonger dans l'époque, ses films.Emprisonnée, Anne qui n'a que 19 ans s'enfuit de la prison école de Doullens, elle se brise quelque chose à la cheville, rampe dans la nuit dans les ronces, tombe sur une route perdue où elle sera recueillie par Julien. Le jeune homme lui demande d'attendre dans un premier temps puis l'emmène chez sa mère pour qu'elle puisse se reposer, la cavale commence pour Anne et l'amour pour Julien aussi malgré des absences répétées et incessantes. De place en place, ils finiront pas rejoindre Paris, Anne toujours à attendre son bien aimé, éprise de liberté mais toujours dépendantes de cette maudite jambe passé de lieux en lieux, s'émancipe, vie sa vie tout en sachant que Julien risque de ne pas revenirOn s'attache à ce peut bout de bonne femme au charme fou, ces deux yeux noirs dans la nuit, dans le jour, cette coupe un peu à la garçonne, ces lèvres, son histoire et son état d'esprit dans un roman graphique qui prend son temps pour que l'on se laisse attendrir, plonger et se laisser prendre par les sentiments. Un récit ou l'écrit extrait en partie du roman originel donne comme je le disait envie de se lancer dans le bouquin, une autre époque, un autre tempsAllez-y vous serez agréablement surpris