La position du tireur couche de Tardi d'après J.P. Manchette

Toujours un grand moment que de retrouver une bande dessinée de Tardi. Il sait trouver l'ambiance, les mots, la mise en page et les personnages qui vous font vivre une histoire, un moment. Dans le cas présent, une adaptation du si célèbre roman noir publié en 1982 par J.P. Manchette que j'avais lu il y a de cela quelques années bien sonnées.

Un polar tiré d'une histoire banale, classique, presque désuète, un tueur à gages un peu naïf qui pense pouvoir se retirer comme ça, une gonzesse un peu étrange, une sorte d'amour adolescent, des contrats et la position couchée du tireur, le tout en noir et blanc entre Paris et la campagne, des apparts et des planques, des faussaires et des gueules des années 80.

L'histoire traduit bien l'ambiance générale dans cette belle bande dessinée qui remet à la page ce classique du polar français.

C'est aussi l'occasion de se replonger dans quelques titres de J.P. Manchette comme griffu (également mis en BD par tardi), le petit bleu de la côte ouest (également mis en BD par tardi) mais aussi O dingos o chateaux, morgue pleine,...

Les gouttes de dieu volume 15 et 16

Juste pour vous garder informé que la saga continue et si je vous en avais déjà parlé précédemment  jusqu'au numéro 12 ou 14...

Sachez que l'on en est maintenant au numéro 15 et 16, derniers opus d'une série qui permet à la fois de se réjouir et de découvrir et apprendre de manière détournée quelques millésimes fameux et d'essayer ensuite de goûter quelques vins sympas comme un petit Meursault de derrière les fagots ou un Bouchard père et fils ce qui ne gâche rien?

Au contraire, cela permet, je l'espère, d'affiner progressivement les goûts et d'éduquer un tant soit peu le palais de manière à apprécier les saveurs souvent encore inconnues de nouveaux vins?

N'hésitez pas, vous verrez, c'est bien agréable même si le budget peut en prendre un coup, à utiliser modérément

La chenille de Suehiro Maruo et Edogawa Ranpo (8/10)

Littérature non conseillée aux enfants, la chenille est à la fois un très beau manga "eroguro" mais également une histoire triste, un manga érotique. En effet, certaines scènes ne sont pas des plus sobres d'autant plus que le Lieutenant Sunaga a été réduit de par la guerre à la plus simple réflexion qui soit, l'homme tronc, sourd et muet de surcroît ce qui n'arrange rien, un morceau de chair qui survie et qui reste entièrement dépendant de sa femme Tokiko qui à la fois le « déteste », il est répugnant, défiguré par les combats et réduit à la plus simple expression. Mais de l'autre elle l'utiliser, en tant qu'objet, objet sexuel lui permettant de combler ses pulsions.

Par moment, ces sont des animaux que l'on retrouve l'un sur l'autre se chevauchant dans des élans gore te glauques évidemment. Il n'en demeure que le graphisme et les dessins du maître en la matière restent, ils marquent et  certaines planches peuvent faire penser à de la peinture symboliste. D'autres planches sont des plongées par étape, du lointain au détail ou inversement,

Observez bien les détails de cette histoire, de ces planches, la nouvelle dont le manga est l'adaptation date quand même de 1929? on n'imagine facilement que la nouvelle ait été censurée à l'époque...

Un bel objet à manipuler avec soin

La Chenille de Suehiro MARUO et Edogawa RANPO
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Un chassseur déprime par Moebius

Vous qui êtes parti dans les limbes, qui vous êtes perdus, retrouvez-vous et accomplissez-vous avec le garage hermétique et ses portes dérobés, ses rêves emboîtés en découvrant le Major Grubert aux prises avec un ennemi intérieur qui veut le détruire tout simplement.

A cette fin, ce sont les talents de la survireuse Van Peebles qui sera requise et qui sous ses airs nonchalants est aux ordres ; elle va essayer d'enfermer le Major dans un de ses rêves emboîtés dont on ne peut revenir. Le destin du Major est-il alors scellé pour l'éternité ? Allez savoir surtout lorsqu'une entité surgit et lui offre une porte de sortie, un corps d'éveil à utiliser au moment opportun? Tout un programme qui ne suffira pas à tout résoudre.

Retrouvez donc le major qui veut se débarrasser de la magie Tar-Hai et qui s'enchevêtrent dans plusieurs plans de conscience interne tout en devant faire face aux lapins géant et au crâne de cristal?

Tout un programme dont on ne saurait que suivre les aventures?. Univers tout à fait décalé, entre plaine vierge et désertique, l'ouest américain intersidéral, le noir et blanc qui renforce cette aridité et la mystique des totems, une superbe réalisation à découvrir, (re)lire?

L'arpenteur de Moebius (8/10)

Comme vous le savez sans doute, a commencé depuis le 12 octobre, l'exposition Moebius Trans ? Forme à la fondation Cartier pour l'art contemporain, sorte de consécration pour l'artiste qui par ailleurs continue de nous ravir de par ses dessins, histoires et évasion.

Avec l'Arpenteur c'est le retour, plutôt la réédition d'un album qui date de 1975, initialement publié dans Métal Hurlant (visitez aussi le site des bd oubliées) que je n'avais pas lu et auquel on a redonné un coup de jeune. L'histoire et les couleurs sont magiques comme souvent chez Moebius alias Gir alias Giraud

L'histoire est assez simple, l'arpenteur est en charge de vérifier que tout se déroule bien dans cette région reculée ce qui n'est pas le cas avec la mise à prix des têtes de Werg. Dans l'espace intersidéral, un cargo de la confédération Dessmess transportant Dame Charmaine et son fils se voit attaqués par les Werg qui n'ont d'autre buts que de rallier Tassilli leur planète d'origine, vont-ils réussir, emmener par leur célèbre pirate Werg Kimrog barbax. Saut dans l'espace, oiseau mi-mécanique mi organique, prince et princesse, invasion, attaque, tout un programme dans lequel Arzak alias l'arpenteur alias le guerrier solitaire va avoir un rôle déterminant quand Ark, le dernier des sorciers werg observe tout de sa retraite

Une belle embardée avec Moebius l'explorateur des mondes pour commencer ou approfondir, je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir les superbes dessins du grand maître et j'attaque le chasseur déprime en attendant la suite....